Changer le nom ne change pas la nature. Prouvant (encore) que la CAQ est surtout un gouvernement de « com », la ministre Guilbault a annoncé le nouveau « lien interrives », en lieu et place du troisième lien. Hourra!
Un chronique de David Lemelin
C’est que ce dernier est désormais synonyme d’échec, de délais, de flou, de n’importe quoi.
Mais, ne vous excitez pas trop! Car, on ne connait pas plus le site, les coûts ou l’échéancier du « lien interrives ». Ça pourrait être un pont, un tunnel, une catapulte, à l’est, à l’ouest, au centre-ville, rien n’est exclu.
On a donc bel et bien affaire au troisième lien, épisode 114.
Pour que ça ait l’air nouveau, le gouvernement sondera le marché mondial pour y trouver des intéressés. Et pour ce projet, les délais sont plus généreux (vous allez comprendre) : on saura de quoi il pourrait s’agir à l’été 2025 et on parle d’une signature de contrat en 2027.
Ce projet sera fait en mode « collaboratif », ce qui est plus mieux, assure-t-on…
C’est effectivement un terme de gestion à la mode, cool, qui donne l’impression que l’écoute et la discussion seront au rendez-vous.
Oui, je sais. Faut faire acte de foi, ici.
Pendant ce temps, le gouvernement a, un peu plus tôt, dévoilé la lettre d’entente entre celui-ci et la CDPQ Infra. Et cette fois, l’échéancier est moins généreux. On parle des « plus brefs délais », soit le 15 décembre. Prochain, oui. Celui de 2024.
Ah, oui, comme dans : on a hâte de démarrer le chantier?
Non, en fait. C’est comme dans : on met des conditions impossibles pour faire mourir le projet.
On peut penser que ça témoigne de la volonté du gouvernement d’avancer (enfin) dans ce dossier, mais je n’ai pas cette naïveté. « M’a le croire quand m’a le woir », pour reprendre Yvon Deschamps.
Car, le 15 décembre comme date limite parait irréaliste quand on sait tout ce qu’il y a à faire d’ici là. Et le passé nous enseigne que pour ce projet, la rapidité n’a jamais été au menu. Or, on ne sait pas qui fera quoi ni les échéanciers, les budgets ou les étapes. Rien.
Quand on sait, en plus, que l’élection fédérale pourrait changer la donne complètement, le 15 décembre ressemble davantage à une mort annoncée.
Le maire Marchand se réjouit de l’entente. Les oppositions sont dans le doute, surtout qu’on a l’impression que la Ville sera écartée d’à peu près tout.
Mais, j’attire votre attention sur le message très clair de la CAQ : pour annoncer le xième troisième lien, c’était fait en grand, en conférence de presse, sourire aux lèvres. Pour l’annonce de la lettre-mandat pour le tramway, on s’est contenté d’une mêlée de presse et d’un document PDF envoyé par courriel.
C’est capoté. Ça ne peut être plus clair que ça.
Moi, je pense que les caisses de Champagne sont prêtes pour le 16 décembre, quand on aura annoncé la mort du tramway.
Santé!
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