À l’occasion de leur soirée de financement Cabaret poétique, rencontre avec Margo Ganassa, directrice générale et co-directrice artistique de Tête de l’Art. Une OBNL dédiée aux arts vivants.
Par Juliet Nicolas
Fondée en 2018 par trois femmes de la relève artistique à Montréal, Tête de l’Art est une compagnie innovante et inclusive véhiculant des valeurs fortes de féminisme et de diversité artistique. Depuis son déménagement à Québec, la compagnie ne cesse d’être active, apportant un vent de fraîcheur dans le paysage artistique de la ville.
Tête de l’Art, compagnie inclusive et engagée
Tête de l’Art encourage la pluridisciplinarité des artistes. « On encourage les artistes à utiliser des médiums différents dans leur processus de création », explique Margo. Cette approche vise à élargir les horizons artistiques et à stimuler la créativité. La compagnie sensibilise également à des enjeux sociétaux importants comme le féminisme, la crise environnementale, la santé mentale et l’identité de genre, tout en faisant la promotion de la culture québécoise.
Soutenue par une équipe passionnée et diversifiée, le conseil d’administration compte cinq membres actifs, tandis que neuf autres membres contributifs et de nombreux sympathisants, surnommés les « petits lardons », enrichissent la compagnie. La famille Tête de l’Art est d’ailleurs en perpétuelle expansion et ouverte aux candidatures pour rejoindre l’aventure artistique.
Des projets innovants et variés
La compagnie va au-delà de la simple promotion de l’inclusivité en l’incarnant véritablement dans toutes ses créations. Certains de leurs projets actuels et à venir suivent la trame de « raconter du trash avec du doux », infusant chaque thème abordé d’une sensibilité artistique unique.
Leurs soirées poésie explorent des sujets variés tels que la crise environnementale ou les horreurs du quotidien, tout en restant imprégnées de bienveillance. En mars 2025, le projet Doul(x)leur sera présenté à la Charpente des Fauves dans le cadre de la programmation de la façade de la Charpente des Fauves. Ce projet s’inscrit parfaitement dans cette approche avec la diffusion de trois vidéos. Chacune d’elles explore les facettes délicates de la santé mentale, traduisant les nuances et défis inhérents à ces sujets complexes.
Tête de l’Art ne cesse d’innover avec des projets uniques et inclusifs. Parmi eux, Un Cabaret Légumes se distingue particulièrement. Ce spectacle aborde les problématiques des relations queer à travers des histoires d’amour entre légumes. En utilisant des marionnettes, la compagnie traite des sujets complexes avec légèreté et accessibilité. En effet, elle explore l’identité de genre de manière créative. en créant une ambiance sensuelle et cabaret. Ce spectacle, normalise ainsi des discussions souvent taboues avec humour et douceur.
Des collaborations artistique riches
En outre, Tête de l’Art collabore avec de nombreux artistes et collectifs, ce qui enrichit constamment leur palette artistique. Leur soirée de financement en est un parfait exemple. En effet, leur soirée Cabaret poétique a vu 17 artistes se succéder sur scène. Ce concept dynamique qui alterne performances et lectures, mélange habilement les arts et rend la poésie plus vivante et engageante.
De plus, leur projet Clin d’œil propose des mini-projets vidéo poétiques de 30 secondes, permettant de rapprocher des artistes de différentes villes et de créer des œuvres inclusives et diversifiées. Tête de l’Art publie également un zine poétique et un recueil de poésie, contribuant ainsi à la diversité des supports artistiques.
Les défis du milieu artistique
Comme beaucoup d’OBNL, Tête de l’Art fait face à de nombreux défis, notamment le financement. Les subventions sont rares et souvent insuffisantes, ce qui complique la réalisation des projets et la rémunération des artistes. La pandémie a également eu un impact majeur, vidant les salles et réduisant considérablement les revenus. De plus, le théâtre notamment, souffre d’une réputation d’art élitiste . Pourtant, bon nombre de représentations et d’événements sont abordables.
Margo exprime cette réalité avec sincérité : « Les théâtres n’ont pas reçu tous leurs sous. Si les théâtres ont de la misère à payer leurs artistes, c’est pas étonnant que nous, petite compagnie émergente, on ait de la difficulté ! C’est sûr que bien souvent, on a l’impression que le théâtre, c’est cher, alors oui, ça peut l’être mais pas tous les théâtres. Je pense entre autres à 1er Acte et au CADQ. »
Une campagne de financement cruciale
Pour pallier le manque de subventions, le mois d’octobre a été rythmé par une série d’événements de financement. Parmi ceux-ci, on peut citer une friperie, une soirée bingo et un cabaret poétique. La mobilisation de 17 artistes, se produisant bénévolement lors de la soirée, témoigne de la force et de la solidarité présentes au sein du réseau artistique. Ces événements visent à récolter des fonds pour financer leurs projets annuels et illustrent la capacité des membres de Tête de l’Art à unir leurs forces et à trouver des solutions créatives pour surmonter les défis financiers. Cependant, malgré leurs efforts et une mobilisation solide, ils n’ont atteint que la moitié de leur objectif à ce jour. Margo souligne : « Si nous n’arrivons pas en un mois à faire 3 000 $, imaginez tous les autres défis que nous rencontrons. »
Toutefois, la campagne de financement de Tête de l’Art n’est pas encore terminée et vous pouvez encore y participer. En effet, le 30 octobre, une levée de fonds aura lieu au Fou bar, où une partie des recettes des consommations sera reversée à la compagnie. En plus de trinquer joyeusement, vous pouvez également les soutenir en achetant leur recueil de poésie ou en devenant un « petit l’art-don » avec une contribution annuelle de 10$. Cela vous donne droit à des invitations aux événements et à la participation à leur assemblée générale annuelle.
Tête de l’Art démontre que l’art est à la portée de tous et nécessite notre soutien. Leur passion, engagement et créativité sont véritablement contagieux. En soutenant cette compagnie, vous enrichissez un milieu artistique diversifié et inclusif. L’art vivant est un trésor précieux, et il est de notre devoir de l’encourager et de le préserver.
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