Malgré la fierté qui habite avec légitimité le cœur de celui ou celle qui roule par-delà le trafic urbain pour se déplacer, j’observe que le statut de cycliste déplait de plus en plus dans nos sociétés occidentales. Une écœurantite tangible qui ne se mesure pas qu’en klaxons.
Une chronique de François Gariépy
Vous croyez que j’exagère? Même le super méchant de la série Hotwheels Let’s Race disponible sur Netflix, un certain Professor Rearview pour les non-connaisseurs, s’affiche avec un casque de vélo rose et un rétroviseur jouxté à celui-ci pour mieux annihiler, rien de moins direz-vous, le parc automobile de Hotwheels City et toutes les courses de voitures du monde libre. C’est à ce vilain moderne que je pensais, quand le Maire Bruno Marchand a pris la parole le deuxième mardi d’octobre au Colloque de Vélo Québec présenté au Centre des Congrès de Québec. Accueilli comme une véritable rockstar sous un tonnerre d’applaudissements, le Maire Bruno Marchand lui-même embarrassé par autant d’amour a débuté son discours en relativisant son statut d’élu-athlète relevé par le présentateur ultra-crinqué de la conférence portant sur la mutation cycliste à Québec.
Trop humble pour s’approprier à lui seul tout le mérite du développement des dernières années, le Maire Marchand a tout de même réitéré sa détermination de développer le réseau des pistes cyclables partout dans la ville. Les arguments qui le poussent tel un chouette vent de dos sont nombreux. Sécurité des usagers sur deux roues, diminution du trafic et de la vitesse, changements climatiques et santé pour tous les québécois trop sédentaires sont des arguments qui articule sa pensée, sa vision de Québec. À l’inverse, les sondages ne donnent pas cher de sa réélection. Pour certains électeurs, le maire exagère avec ses pistes cyclables partout en ville et se livre à une guerre non-ouverte à l’automobile, alors qu’il jure livrer une guerre à la congestion, une nuance que peu d’automobilistes saisissent véritablement.
Ce que je veux illustrer en fait, c’est que le maire Bruno Marchand polarise comme aucun autre politicien dans sa communauté concernant sa transformation de Québec en ville cyclable. Sa détermination plait évidemment aux trop peu nombreux cyclistes hivernaux à Québec, mais il incarne dorénavant le redouté lobby cycliste et ses nombreuses contradictions. Comme l’urgence les lendemains de tempêtes du déneigement des pistes cyclables au détriment du déneigement des trottoirs utilisé par les ainés et personnes à mobilité réduite, de même que l’aménagement des pistes cyclables aux prix de précieuses cases de stationnement pouvant faire la différence pour un commerce avec pignon sur rue achalandée.
En changeant le nom des corridors Vélo cité pour Vivacité, qu’est-ce que le Maire Marchand souhaite véritablement? Pour moi, c’est clair, il veut inverser la démonisation de la bicyclette devenu symbole pour certains citoyens d’une désinvolture déconnectée des réalités citoyennes et fiscales de la majorité.
La fin de Louis Garneau
Mon tout premier cuissard à vie avait les lettres L et G en surbrillance près du genou droit. C’était l’été 1987 et l’acier noble que l’on nomme chromoly était au centre de mes préoccupations d’ado routards avec pas de casque qui raffolait de traverser le Pont de Québec à la moindre occasion. Tous mes amis cyclistes québécois ont une histoire en lien avec un produit Garneau ou même avec Louis. Perso, je crois que Garneau était à son zénith un peu après 2015, une époque ponctuée de son premier vélo électriques avec moteur Shimano et de la série Gennix en route, surtout le vif et confortable R1 avec son homologation UCI qui faisait le bonheur dans le peloton avec l’équipe Garneau-Québecor, notamment Michael Woods le gagnant de la 9ieme étape du Tour de France 2023. Dans les derniers jours, on a compris que la marque Louis Garneau Sports s’éteindra de sa belle mort. Le rachat par la montréalaise Lolë n’aura pas suffi. Plusieurs questions subsistent pour un ancien détaillant de la marque Garneau comme moi. Est-ce que Sugio et Sombrio survivront? Verra t’on le nom Garneau être racheté comme Schwinn, Barracuda et d’autres pour anoblir les étalages des magasins à grandes surfaces? Et surtout, comment Louis Garneau l’homme rebondira dans la vie, lui qui avait comme slogan d’Innover ou mourir?
Coupe du monde de vélo de montagne au MSA
Je vous le raconte parce que c’était trop chouette comme moment. Comme à chaque année, j’ai fait le tour des puits à la Coupe du Monde de vélo de montagne début octobre au Mont-Sainte-Anne. Par chance, je croise le français Loris Vergier, l’un de mes préférés depuis longtemps, qui porte depuis quelques courses le maillot arc-en-ciel de celui qui descend le plus vite au monde une montagne sur un vélo. Au moment de lui serrer la main pour le féliciter de son championnat mérité, j’ai baragouiné que je commente parfois sur son Instragram, surtout les lendemains de résultats décevants. Au fils de la discussion, Loris se souvient alors de mes encouragements d’après-courses, juste avant de me tendre gentiment un jersey à son nom avec les fameuses couleurs en présence d’enfants éberlués. Je suis ému, accolades et l’impression de faire une différence dans la vie d’un champion. La leçon à retenir, c’est toujours une bonne idée d’écrire quelques gentillesses à un athlète qu’on admire.
Abonnez-vous à notre infolettre mensuelle!
Commentez sur "Vivacité plutôt que Vélo Cité: le mot vélo est-il devenu toxique?"