Le ralentissement de la croissance conjugué à l’augmentation des dépenses militaires et la possibilité d’une deuxième présidence de Donald Trump risquent de créer des surprises dans l’énoncé économique fédéral de l’automne 2024 (ÉÉA 2024).
Par Alexandre Morin
Selon un rapport de Randall Bartlett, directeur principal, Économie canadienne chez Desjardins Études économiques, des déficits budgétaires plus élevés que ceux prévus dans le budget 2024 devraient apparaître dans l’ÉÉA 2024.
Cette révision s’explique par un début d’exercice plus faible qu’anticipé au printemps et par un déficit primaire projeté plus important, neutralisant ainsi les effets de perspectives économiques améliorées et de taux d’intérêt en baisse.
Le budget 2024 du gouvernement fédéral prévoyait un déficit de 40 milliards de dollars pour l’exercice 2023-2024, tandis que Desjardins anticipe plutôt un déficit de 44 milliards de dollars.
La Défense pourrait nous coûter cher
Le rapport lance un premier signal d’alerte en pointant la proposition du gouvernement fédéral d’augmenter les dépenses militaires pour atteindre l’objectif de 2 % du PIB nominal fixé par l’OTAN.
Selon M. Bartlett, même dans les scénarios les plus optimistes, cette augmentation pourrait alourdir les déficits fédéraux de 10 milliards de dollars d’ici l’exercice 2028-2029.
Cette situation, à elle seule, pourrait compromettre l’objectif budgétaire du gouvernement fédéral visant à maintenir les déficits sous la barre de 1 % du PIB à partir de l’exercice 2026-2027 et pour les années suivantes.
Immigration
Le deuxième point soulevé par l’étude de Desjardins Études économiques met en lumière le risque pour les finances publiques lié au plan du gouvernement du Canada visant à réduire le nombre d’immigrants admis au pays.
Si l’objectif visé par le gouvernement est pleinement atteint, la croissance démographique pourrait tomber sous son rythme le plus faible enregistré pendant la pandémie. Cette situation nuirait particulièrement aux revenus de l’État.
Donald Trump
Malgré les considérations évoquées par M. Bartlett, la principale incertitude pesant sur l’économie canadienne reste, selon lui, la possibilité d’un second mandat de Donald Trump à la présidence des États-Unis.
Si Trump revient à la Maison-Blanche et met en place des droits de douane de 10 % à 20 % sur toutes les importations américaines, et jusqu’à 60 % sur celles provenant de la Chine (comme il le propose actuellement), l’économie canadienne pourrait en subir de lourdes conséquences puisqu’environ les trois quarts des ses exportations vont aux États‑Unis. Une victoire démocrate pourrait aussi représenter un risque pour l’économie du pays puisque le parti a aussi un penchant pour le protectionnisme.
De plus, la hausse du taux d’inclusion des gains en capital pourrait entraîner 2 milliards de dollars de revenus en moins que prévu sur cinq ans. L’élargissement de l’assurance médicaments et l’augmentation des prestations aux aînés posent également des risques pour la détérioration du déficit fédéral.
À noter que le gouvernement du Canada pourrait encore augmenter les impôts pour contrebalancer une partie de ces pressions sur le déficit, mais il reste peu de marge de manœuvre sur ce front.
Source : Desjardins Études économiques
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