Le Réseau de transport de la Capitale (RTC) fait face à des défis financiers importants, comme le démontre un récent audit commandé par le ministère des Transports du Québec.
Le RTC se retrouve en queue de peloton dans le classement de performance des dix plus grandes sociétés de transport en commun du Québec, occupant la médiocre 9e position sur 10.
Par Alexandre Morin
Selon le rapport de la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) le coût par kilomètre parcouru est passé de 6,14 $ à 7,80 $ entre 2019 et 2023, tandis que le coût horaire a augmenté de 122 $ à 155 $.
Population desservie par le RTC en 2023: 576 279 personnes
Sources: RTC, analyse RCGT
Ces hausses sont en partie attribuées à l’inflation et aux défis liés à la chaîne d’approvisionnement. Malgré des subventions régulières et des aides d’urgence, le RTC peine à retrouver un équilibre financier, rendant le retour à la rentabilité d’ici 2029 incertain.
Concernant le transport adapté, en plus de l’effet de la hausse des tarifs, l’augmentation des coûts résulte également d’un nombre restreint de soumissionnaires, ce qui contribue à une hausse des taux.
Des coûts administratifs en forte hausse
L’audit soulève également des questions sur la structure interne du RTC. Contrairement à d’autres sociétés de transport qui cherchent à optimiser leur organisation, le RTC a enregistré une augmentation marquée du nombre de postes administratifs.
Cette croissance, en grande partie due aux besoins en gestion de la transition vers l’électrification des transports, alourdit la masse salariale. Par ailleurs, la proportion de véhicules immobilisés pour entretien est passée de 19,6 % à 27,7 %.
Achalandage
L’achalandage du Réseau de transport de la Capitale (RTC) a été particulièrement affecté par la pandémie de COVID-19, avec une chute drastique en 2020, alors que les mesures de confinement et l’essor du télétravail réduisaient le besoin de déplacements quotidiens.
Cette diminution d’achalandage a perduré jusqu’en 2021, laissant une empreinte durable sur les revenus de vente de titres de transport.
Avec un classement de 9e sur 10 en matière de performance financière parmi les sociétés de transport du Québec, le RTC doit faire face à des défis importants pour améliorer son modèle opérationnel et assurer sa pérennité.
Les propositions
Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) propose plusieurs mesures pour optimiser la gestion des sociétés de transport collectif au Québec.
Parmi les recommandations principales figurent la mutualisation des achats de carburant et des services de formation, de cybersécurité, et de communications pour réduire les coûts. RCGT suggère également de moderniser les processus de maintenance et d’optimiser les tracés et horaires de transport en se basant sur des analyses de données.
La firme recommande aussi une révision de la structure de gouvernance, avec un recours accru aux membres indépendants dans les conseils d’administration, et des efforts pour standardiser les contrats de service afin de simplifier leur gestion et améliorer la rentabilité.
Potentiel réduction des coût des dépenses des sociétés de transport au Québec: 346 M$ (annuel et récurrent)
Source: RCGT
En outre, RCGT propose d’impartir certaines portions du service de transport à la demande (TAD) à des fournisseurs privés pour réduire les coûts, et de déléguer certaines activités connexes à des partenaires externes, permettant ainsi aux sociétés de se concentrer sur leurs activités principales.
Le rapport souligne également l’importance de réduire le taux de réserve élevé des véhicules à environ 20 % sur deux à quatre ans pour limiter les coûts liés aux flottes excédentaires.
Réaction du RTC
Le Réseau de transport de la Capitale (RTC) accueille le rapport d’audit avec ouverture et se dit prêt à collaborer avec le ministère des Transports (MTMD) pour améliorer sa performance financière.
Selon Maude Mercier Larouche, présidente du RTC, les choix de desservir l’ensemble du territoire, y compris les zones périphériques, répondent à un objectif de service inclusif et de réduction de la congestion, bien que cela puisse affecter la performance financière.
« Le RTC accueille le rapport avec ouverture et collaboration. Celui-ci constitue un point de départ pour des échanges constructifs entre le MTMD et les sociétés de transport, et nous examinerons avec soin les recommandations ».
Maude Mercier Larouche, présidente du RTC.
Nicolas Girard, directeur général, ajoute que des efforts d’optimisation sont déjà en cours, avec 11 M$ d’économies réalisées en 2023-2024, mais souligne que le financement reste un défi majeur.
Jackie Smith
Jackie Smith, cheffe de Transition Québec, critique l’audit de performance des sociétés de transport, qu’elle perçoit comme une approche « comptable et antisyndicale » ignorante de la qualité du service.
Elle met en garde contre la sous-traitance, qu’elle juge coûteuse et inefficace : « À toujours vouloir couper sur le dos des employés et à aller aux plus bas soumissionnaires, à long terme, on finit par payer davantage pour une qualité moindre. » Pour Mme. Smith, le vrai problème reste le sous-financement du transport collectif.
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