Je me suis demandé si la façon des gens de commenter et suivre les élections américaines s’apparentait aux téléspectateurs qui suivent chaque jour l’épisode de leur télé-réalité. Il y avait une telle partisanerie dans les propos, une telle certitude, que je me suis demandé si, avec le temps, on n’a pas commencé à quitter la zone de la réflexion posée et sensée pour laisser libre cours à ses émotions. C’est plus amusant, certes, mais ça ne permet pas des analyses plus pertinentes.
Une chronique de David Lemelin
Pour l’essentiel, la vaste majorité de ceux qui naviguent dans mes algorithmes de Facebook ont perdu leur pari. Il y avait un clair et net appui à la candidate démocrate et un généreux déferlement de haine et de violence envers Trump. Il l’a bien cherché, je vous l’accorde.
Mais, puisque je commente ici surtout les affaires municipales, je me suis intéressé aussi aux prises de position des politiciens locaux. C’était prudent. En gros, tout le monde, ou presque, sans le dire, a espéré la victoire démocrate, mais disait vouloir respecter le vote des Américains.
C’est sage. En effet, car, en réalité, il est plutôt difficile de prédire ce que seront nos relations avec eux, désormais. Je me méfie de ceux qui annoncent en hurlant que la Terre va fendre en deux. Elle n’a pas été fendue en deux, lors de la première présidence de Trump, alors pourquoi cette fois-ci? Certes, son mandat a été très houleux, mais ça n’a pas été assez bordélique pour enlever le goût aux Américains de remettre ça.
Alors, est-ce que Québec sera désavantagée? Trump a déjà annoncé que le protectionnisme qu’il privilégie sera renforcé. Donc, oui, ça va nous toucher. Mais, jusqu’à quel point? Impossible de le dire maintenant. Est-ce qu’il y aura des masses de réfugiés? C’est tôt également. Comment prévoir les réactions humaines à ce stade-ci?
Bref, au lieu d’annoncer avec assurance des scénarios catastrophiques et hypothétiques (ce qui n’empêche pas de penser et de prévoir, même le pire, je vous l’accorde aussi), je pense qu’on doit plutôt respirer par le nez et accepter le résultat. La démocratie a parlé, clairement, fortement. Qu’on aime le résultat ou pas n’est pas le sujet. La démocratie, c’est précieux. Des millions d’Américains se sont prononcés et leur volonté est limpide. On ne peut certainement pas qualifier ce résultat de flou et ambigu. Il n’y a aucun doute qui persiste, aujourd’hui, sur ce que souhaitent nos voisins du sud.
Personnellement, je peux être déçu, en colère… mais, en réalité, je ne suis pas vraiment du genre à bougonner contre un résultat électoral lorsqu’il est le résultat d’une démarche démocratique. Je ne suis pas du genre à dire que les Américains sont tous fous parce que ceci ou cela. Ils ont voté, ils ont parlé. Ça ne nous regarde pas. Il faut respecter le vote populaire.
Je serais d’ailleurs indisposé si des peuples d’ailleurs voulaient commenter et s’interposer dans nos élections québécoises ou municipales. Ça ne les regarde pas. Ils peuvent espérer tel ou tel résultat, mais la décision appartient au peuple.
Et ça, voyez-vous, ça me réjouit.
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