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 Les trottoirs orphelins

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

J’ai souvent élaboré sur mes difficultés à me déplacer, à pied, les lendemains des chutes de neige, mais je dois l’admettre, en général, le déneigement finit toujours par se faire aux endroits où je marche. Parfois, j’attends quelques heures, parfois, quelques jours et parfois, j’attends à la fin de la saison, mais ça finit toujours par se faire.  

Une chronique de Martin Claveau

  Les administrations municipales ont beau s’embouffeter, une après l’autre, comme des planches de bois flottant, Il y a un problème qui demeure perpétuel  dans le déneigement des trottoirs en ville. C’est celui des trottoirs orphelins.

 Bon, c’est quoi encore un trottoir orphelin?

  Non, ce n’est pas un trottoir dont la bétonnière d’origine est débitée en morceaux dans une cour à scrap de Pintendre. Il s’agit plutôt de ces bords de rues enjolivés de poteaux qui gênent la circulation des piétons. Vous savez, le genre d’endroits où votre parapluie ne passe jamais quand il est ouvert. On trouve plusieurs de ces trottoirs orphelins dans mon ghetto de Limoilou-sud, mais aussi dans Saint-Roch, Saint-Sauveur et même Saint-Jean-Baptiste. Je les désigne comme orphelins car on dirait que personne ne s’en préoccupe.  Parfois longues, parfois pas, ces portions de trottoirs échappent aux chenillettes de déneigement, car les opérateurs les évitent car ils manquent tout bonnement de place pour «cheniller». Alors ces derniers multiplient les détours pour contourner les poteaux et abandonnent la plupart du temps, à elles-mêmes, ces véritables zones grises du déneigement.

 Depuis des années que je vis dans un coin qui en est parsemé, je constate que le problème est loin de se résorber et s’amplifie.  L’ennui, c’est que les gens qui marchent, comme moi, ne peuvent pas faire semblant que ces trottoirs orphelins ne sont pas là.  Alors on se résout, soit à taper, nous même, notre chemin sur ceux-ci ou bien on décide de marcher dans la rue.  Ces satanés bouts de trottoir n’apparaissent nulle part sur le tableau de bord des problèmes de la mobilité urbaine. Pourtant. Ils sont bien là et font chier plein de monde. Au lieu de gérer ce problème qui est tellement criant qu’il se tait, On pratique l’aveuglement volontaire en rajoutant des àvélos, des corridors Vivacité et d’autres machins du genre.

En fait, il n’y a pas 56 solutions pour dégager les trottoirs orphelins. Soit on paie quelqu’un pour les pelleter à la main, soit on les laisse aller comme on le fait présentement. On pourrait aussi lancer une vaste campagne pour les débarrasser des poteaux, mais je n’y crois pas tellement, dans des secteurs dont on semble se foutre comme l’an quarante.

Dans une ville qui se dit intelligente et qui prêche partout qu’elle favorise la mobilité active, il me semble que les trottoirs orphelins apparaissent comme autant de verrues qu’on devrait s’employer à chasser au même rythme qu’on accumule les nouvelles pistes cyclables.

Je ne sais pas comment ça coûterait de bien déneiger nos trottoirs orphelins. Mon avis est que si on mettait sérieusement quelqu’un là-dessus, dans mon coin, ça représenterait possiblement moins d’argent que ça a couté pour installer les 18 nouvelles saillies de trottoirs que j’ai compté près de chez moi…

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