Le conseiller municipal et actuel bras droit du maire Marchand à l’Hôtel de Ville de Québec, Pierre-Luc Lachance, a récemment annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat lors des prochaines élections municipales.
Dans une entrevue accordée au Carrefour, le vétéran de la politique municipale à Québec, acteur clé des administrations Labeaume et Marchand, revient sur son parcours, sur ce qu’il faut pour se lancer en politique municipale, et sur le livre qu’il publiera cet automne.
Par Alexandre Morin
Pierre-Luc Lachance a toujours su qu’il voulait s’impliquer activement dans la société civile de Québec.
« Tsé, à 15 ans, quand tu créais ton adresse Hotmail et que tu devais inscrire ce que tu voulais faire dans la vie, j’avais écrit « Je veux dynamiser Québec » », raconte-t-il, soulignant ainsi le désir qu’il a eu dès l’adolescence de contribuer à la vitalité et à la croissance de la ville.
Sa carrière avant la politique, chez Québec numérique et au FEQ, l’a également amené à prendre part à l’effervescence de la vieille capitale, notamment au niveau culturel et événementiel.
Conseiller municipal : les hauts et les bas
Ce qui manquera à M. Lachance dans son rôle de conseiller municipal et de vice-président du comité exécutif, c’est la possibilité d’améliorer les choses à Québec.
« Je travaille avec ma gang le matin pour dire comment on peut améliorer les choses, puis ça me fascine grandement ».
Pierre-Luc Lachance
« C’est ce qui m’a amené à faire de la politique, je voulais donner un level de plus à mon engagement à dynamiser Québec », explique-t-il. « C’est ce qui continue à me motiver : développer des projets, permettre aux organismes de réaliser des choses, apporter des améliorations dans la ville. Les dossiers que j’ai ont beaucoup d’impact sur les citoyens », ajoute-t-il.
Quant à l’aspect plus négatif du métier de conseiller municipal, Pierre-Luc Lachance ne regrettera pas le flot constant de critiques qui ne s’estompent jamais, et qui affectent particulièrement l’entourage des politiciens.
« Une chose qui est difficile en politique, c’est le 7 jours sur 7, ça veut dire qu’il n’y a pas une journée pour laquelle tu n’auras pas nécessairement un commentaire négatif ou une critique », exprime-t-il.
« Depuis 7 ans, même à Noël, il y a des gens qui m’écrivent sur Facebook pour critiquer un aspect X, Y, Z », ajoute-t-il.
Pour lui, ainsi que pour sa famille et ses amis, la fin des commentaires agressifs et haineux marquera une charge de moins sur les épaules, avec la fin de son mandat de conseiller municipal.
« Je pense que j’ai réussi à me développer une carapace à travers tout ça […], mais ce n’est pas le cas de tous tes proches. T’as ta blonde, tes amis qui te demandent : « Hé Pierre-Luc, ça va-tu? » […] T’as-tu lu le commentaire de ça? C’est vraiment agressif. Là, tu te rends compte qu’eux aussi sont affectés », illustre-t-il.
Ce que ça prend
Au cours des huit dernières années, M. Lachance a exercé son rôle en s’appuyant sur un concept qu’il a découvert grâce à Sophie Brochu lors de sa maîtrise : identifier ses valeurs polaires et en faire le fondement de son approche.
C’est, selon lui, ce qu’il faut pour être un bon conseiller municipal, lui qui a imposé l’authenticité, l’excellence et la justice comme gouvernail à son action politique.
« L’excellence, ça peut être la livraison des services de la Ville. La justice, c’est s’assurer que les choses sont respectueuses pour tous et chacun. L’authenticité, c’est ma façon d’être dans tout ça. Il faut que tu trouves ces trois valeurs polaires-là, puis tes actions, nécessairement, vont être alignées avec ça », résume-t-il.
L’engagement
Malgré ses nombreuses fonctions au comité exécutif, Pierre-Luc Lachance a trouvé le temps d’écrire un livre, qu’il publiera le 22 octobre prochain, quelques semaines après son mariage, lui qui a demandé la main de sa compagne Noël dernier.
Son ouvrage explorera l’engagement sous toutes ses formes : dans la société, en entreprise, en milieu universitaire, et bien au-delà. L’une des prémisses principales du livre repose sur l’idée que l’engagement constitue la meilleure façon de contrer l’individualisme qui caractérise la société d’aujourd’hui.
« Quand on s’engage ensemble, on développe un projet, on se crée des liens, ces liens-là nous permettent de croiser des vues, tu peux avoir une opinion sur quelque chose puis là on échange puis on finit par comprendre », illustre-t-il pour démontrer ce qu’est l’engagement. Ainsi, il souligne que cet échange nourrit une dynamique collective, favorisant non seulement la compréhension mutuelle, mais aussi l’émergence de solutions communes face aux défis d’aujourd’hui.
« Dans le passé, il y avait la bonne discussion sur le perron de l’église, comme on l’appelle, qui existe moins aujourd’hui parce qu’on a moins de façons de se rassembler, parce que le télétravail nous isole aussi », ajoute-t-il, soulignant selon lui tout le volet de l’isolement lié à la montée du télétravail dans les organisations.
« Je suis pas contre le télétravail, mais si c’est du télétravail mur à mur, nécessairement, ça amplifie le phénomène d’isolement, ça nuit à l’engagement dans la société ».
Pierre-Luc Lachance
« Quand tu te déplaces à ton milieu de travail, tu t’engages avec les autres, tu vas peut-être dire : « Heille, on va aller dîner ensemble » ou « Ah, on va organiser une activité » », illustre-t-il pour montrer comment des idées peuvent émerger. Selon lui, le travail en présentiel favorise ces échanges spontanés qui nourrissent la créativité et la collaboration.
Dans son livre, il élabore la théorie du « triforce de l’engagement », une référence à Zelda que ce geek assumé revendique, selon laquelle l’engagement repose sur trois volets : l’éthique, qui implique de s’engager de manière intègre envers soi, les autres et la société ; la motivation intrinsèque, soit ce qui te pousse de l’intérieur ; et les éléments externes, comme des raisons concrètes de s’impliquer.
L’administration Marchand vs Labeaume
Ayant exercé ses fonctions au sein des administrations Labeaume et Marchand, M. Lachance est catégorique : « C’est deux leaderships complètement différents ».
« M. Labeaume avait un leadership de type, comme on dit, quelqu’un qui prend en charge, tac, c’est de même, tac, pis il avance, pose pas de questions et ça roule. Puis ça a permis de grandes choses à Québec, je le reconnais.
Aujourd’hui, avec Bruno, c’est pas du tout ça qui est en place, on discute en équipe, on échange, même entre conseillers. La dynamique de communication, équipe Labeaume vs équipe Québec forte et fière, on est deux philosophies différentes », explique-t-il.
Pour Pierre-Luc Lachance, il ne fait aucun doute que la gouvernance sous Bruno Marchand est beaucoup plus décentralisée que sous Régis Labeaume.
Ce qui le rend fier de son parcours et incarne la philosophie politique de Québec forte et fière, c’est l’implantation de petites initiatives, comme les premiers miniparcs de Saint-Sauveur, qu’il cite en exemple, améliorant le quotidien des gens.
« À QFF [notre objectif], c’était de faire des gestes partout sur le territoire, puis on l’a dit, là on n’inaugurera pas de centre Vidéotron […] notre but, c’est d’avoir des belles installations partout sur le territoire ».
Pierre-Luc Lachance
« C’est les choses qu’on s’est probablement le moins vanté dans les médias, mais pour moi c’est ça qui a fait la différence », affirme-t-il. Selon lui, ces initiatives ont permis d’améliorer la vie dans les quartiers de la ville, renforçant ainsi le quotidien des citoyens.
Pas de pression de réélection, cela donne-t-il plus de liberté dans la prise de décision des politiciens ? « Je ne sais pas si ça en donne à certains, moi, ça ne m’en donnera pas. J’ai mes trois valeurs polaires ! », rappelle-t-il.
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