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Grève générale des cols bleus : impacts et enjeux des négociations

Trottoir encombréPhoto : Marie-Claude Boileau

Depuis le jeudi 20 février 2025 à 16 h, la Ville de Québec est secouée par une grève générale illimitée de ses employés manuels, communément appelés cols bleus. Ce mouvement perturbe considérablement les services municipaux, affectant principalement les résidents des quartiers périphériques.

Par Juliet Nicolas

Les enjeux de cette grève dépassent le simple arrêt de travail. En effet, ils reflètent des divergences profondes entre les attentes salariales des employés municipaux et les propositions de la municipalité. Les cols bleus réclament une reconnaissance à la hauteur de leur contribution, tandis que la Ville invoque des contraintes budgétaires pour justifier sa position. 

Des services essentiels perturbés : les résidents pénalisés

Dans les arrondissements de Beauport (sauf le secteur Montmorency) et de La Haute-Saint-Charles, la grève des cols bleus a un impact majeur sur la collecte des ordures et du recyclage. À compter du 24 février, la collecte des ordures ménagères n’aura lieu qu’une fois par mois. La collecte de porte en porte sera quant à elle annulée à partir d’aujourd’hui 21 février.

Pour atténuer l’accumulation de déchets, la Ville met en place plusieurs mesures. À partir du 1er mars, les écocentres de Beauport, Jean-Talon et Val-Bélair seront ouverts aux citoyens souhaitant déposer leurs surplus d’ordures. Un service de nettoyage autour des conteneurs est également disponible pour éviter les débordements. De plus, la Ville offrira un service de nettoyage autour des conteneurs des clients touchés pour éviter les débordements. Ceux qui souhaitent avoir recours à ce service sont invités à remplir le formulaire..

En ce qui concerne les quartiers centraux de la ville, la situation est moins problématique. En effet, des entreprises privées assurent majoritairement la collecte des déchets. Cependant, bien que ces sociétés gèrent principalement la situation, certains services sont également affectés.

Dans les établissements de santé et les bâtiments avec chutes à ordures, les équipes maintiennent la collecte des ordures selon l’horaire habituel. Cependant, elles annulent celle des matières recyclables. Pour les commerces, institutions et industries utilisant des conteneurs à chargement avant, elles continuent la collecte des ordures en suspendant celle des matières recyclables. De plus, elles réduisent la fréquence de collecte des conteneurs à une fois par semaine. Annulant également la collecte du recyclage.

Déneigement réduit au minimum

La grève impacte fortement le déneigement dans les quartiers périphériques, où les employés municipaux couvrent 55 % du territoire. Ainsi, les opérations sont réduites au strict minimum. Les équipes dégagent les chaussées pour maintenir une largeur minimale de 6,5 mètres. Cependant, elles ne déneigent les trottoirs non prioritaires que lorsque l’accumulation de neige dépasse 9 cm. De plus, l’entretien des pistes cyclables est entièrement suspendu.

En revanche, les résidents des quartiers centraux, comme le centre-ville, le Vieux-Québec et Montcalm, ne devraient pas constater de différence notable. Dans ces secteurs, le déneigement étant majoritairement assuré par des entreprises privées.

Les activités sportives et de loisirs suspendues.

La grève entraîne également la suspension de nombreuses activités sportives et de loisirs, affectant particulièrement les jeunes et les familles. Les arénas municipaux, l’Arpidrome de Charlesbourg et le Centre sportif Marc-Simoneau sont désormais fermés. Ce qui entraîne inévitablement l’annulation des cours de hockey, des ligues sportives et des activités privées.

Les centres de plein air et certaines piscines, gérés par les cols bleus, deviennent également inaccessibles, limitant ainsi les options de loisirs en cette saison hivernale. Cependant, les cadres municipaux maintiennent certaines activités. Ils préservent des événements majeurs comme le Tournoi international de hockey Pee-Wee, les compétitions de patinage de vitesse et les tournois de ringuette. De plus, ils maintiennent la patinoire de la place D’Youville et la patinoire BLEU BLANC BOUGE du parc Victoria ouvertes avec des horaires adaptés.

Négociations bloquées : salaires au cœur du conflit

Le Syndicat des employés manuels de la Ville de Québec (SCFP 1638) réclame un rattrapage salarial pour aligner les salaires de ses membres sur ceux des municipalités avoisinantes, notamment Lévis. Selon Luc Boissonneault, président du syndicat, « Ce qu’on demande depuis le début, c’est un réel rattrapage salarial pour que les travailleurs et les travailleuses cols bleus de la Ville de Québec soient rémunérés de façon comparable à ce qui se fait aux alentours. C’est une question de respect et de dignité. »

Le syndicat met également en avant un problème majeur de rétention du personnel. Environ 40 % des cols bleus ayant entre 0 et 5 ans d’ancienneté quittent la Ville de Québec pour le secteur privé ou d’autres municipalités. Entraînant de fait une perte d’expertise et d’efficacité qui affecte directement les services offerts aux citoyens.

La Ville de Québec a proposé une augmentation salariale de 21,5 % sur six ans, permettant aux employés au sommet de l’échelle d’atteindre un salaire annuel de 93 500 $ en 2029. Toutefois, les membres du syndicat ont refusé cette offre à 90 %. Le syndicat précise que seuls 15 % des 1 400 cols bleus, les plus spécialisés, auraient pu atteindre ce salaire maximal, laissant donc la majorité des employés avec des augmentations jugées insuffisantes.

De son côté, le maire Bruno Marchand défend la proposition de la Ville. Affirmant que c’est le maximum possible sans compromettre la santé financière de la municipalité. Il déclare : « Nous avons offert à nos cols bleus 21,5 % d’augmentation salariale sur les six prochaines années. C’est le maximum qu’on peut faire sans endetter la ville à long terme. Ils méritent des conditions de travail conséquentes, mais nous devons aussi respecter la capacité de payer des contribuables de Québec. »

Une issue incertaine

Le conflit entre le syndicat des cols bleus et la Ville de Québec demeure donc sans résolution à ce jour. Le volet salarial restant le principal point de blocage. 

Il est essentiel que les deux parties trouvent un terrain d’entente pour mettre fin à cette grève qui impacte l’ensemble de la communauté. Les résidents de Québec espèrent une résolution rapide du conflit afin de retrouver la qualité des services municipaux qui contribue à leur qualité de vie. En attendant, la Ville invite les résidents à utiliser les services alternatifs mis en place et à se tenir informés des développements.

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