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Enjeux de la Basse-Ville : Duclos sous le feu des critiques

Ce mercredi soir, un débat électoral réunissait les candidats de la circonscription de Québec-Centre. Le député libéral sortant, Jean-Yves Duclos, s’est retrouvé sous les tirs croisés de ses adversaires.

Par Alexandre Morin

C’est à la Maison de la coopération et de l’économie solidaire de Québec qu’a eu lieu, ce mercredi soir, un débat électoral organisé par CKIA, L’Engrenage Saint-Roch, Action-Chômage de Québec, la Concertation Saint-Sauveur et le Comité de citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur.

Même si le député libéral sortant Jean-Yves Duclos a ramené, à peine quinze minutes après le début du débat, le modus operandi de son parti consistant à placer Donald Trump au centre de l’élection — « Dans l’environnement turbulent qu’on va vivre dans les quatre prochaines années, avec les menaces d’annexion économique de M. Trump, qui fait de cette élection l’élection la plus importante en une génération » —, le contexte d’un débat axé sur les enjeux sociaux de la Basse-Ville l’a forcé à répondre aux attaques de ses adversaires sur son bilan local.

Lors de l’élection fédérale de 2021 dans la circonscription de Québec–Centre (anciennement Québec), le député libéral sortant Jean-Yves Duclos a été réélu avec 35,42 % des voix, devançant Louis Sansfaçon du Bloc québécois, qui a obtenu 28,96 %. La majorité a été de 3 308 voix. Le taux de participation s’est élevé à 67,55 %.

En effet, Simon Bérubé, candidat du Bloc québécois, et Tommy Bureau, candidat du NPD, ont vu leurs critiques converger sur le bilan libéral dans la région de Québec.

« On est tous et toutes préoccupés par la situation mondiale, si on veut. Néanmoins, […] les crises provoquées par dix années de gouvernance libérale refont surface », a d’emblée lancé le candidat bloquiste pour planter le décor, soulignant notamment la crise du logement.

De son côté, Daniel Brisson, candidat du Parti populaire du Canada, a ajouté son grain de sel à la discussion avec un discours politique très différent de celui des autres, suscitant parfois des réactions dans une salle où plus d’une soixantaine de personnes étaient réunies.

Simon Bérubé est le candidat bloquiste dans la circonscription fédérale de Québec-Centre. Il tentera de déloger le député sortant Jean-Yves Duclos, en poste depuis 2015.

Environnement

Sur le dossier de l’environnement, M. Bérubé accuse Jean-Yves Duclos d’avoir tourné le dos à la cause avec l’arrivée de Mark Carney à la tête du Parti libéral, l’abandon de la taxe carbone qui s’en est suivi et le revirement de position sur la construction de pipelines.

« Tous les experts disent que la tarification carbone est la façon de lutter contre les gaz à effet de serre […] Votre chef vient d’éliminer la taxe carbone ailleurs au Canada », a exprimé le candidat bloquiste. « Votre chef veut nous imposer un pipeline à travers 800 cours d’eau, dont la prise d’eau de Québec », a-t-il ajouté.

« Le départ de M. Guilbeault [ex-ministre de l’Environnement] parle pour beaucoup […] On est en train de considérer de faire passer des pipelines au Québec. Là-dessus, je loge à la même adresse que M. Bérubé : on n’a pas l’acceptabilité sociale », a fait valoir M. Bureau, candidat du NPD dans la circonscription concernant le récent appui des libéraux à la construction d’un corridor énergétique au Canada.

Le NPD et le Bloc se sont ainsi rejoints pour s’opposer au pipeline que les libéraux fédéraux envisagent de faire passer sur le territoire québécois.

Jean-Yves Duclos
Jean-Yves Duclos est député libéral de Québec-Centre depuis 2015. Économiste de formation, il a occupé plusieurs postes ministériels, notamment à la Santé et à la Famille. En mars 2025, il a été écarté du conseil des ministres lors du remaniement mené par Mark Carney. (Crédit photo : compte X Jean-Yves Duclos)

QSL

Sur le potentiel projet de construction d’un terminal de conteneurs dans le Port de Québec par l’entreprise QSL, les différents partis ont adopté une position plutôt nuancée en raison du manque d’information actuellement disponible.

M. Duclos a ainsi refusé de se prononcer, affirmant : « Nous n’avons pas de projet […] Pour être à la hauteur de l’intelligence des citoyens et d’éviter le cynisme, il faut parler des projets lorsqu’on les connaît. »

« Ceci étant dit, comme en 2015 [projet Laurentia], on est très clair : en 2025, nous sommes dans un monde où l’économie, l’environnement et la société, ça va ensemble », a-t-il ajouté, en précisant que le contexte de menace d’annexion économique des États-Unis devait être pris en compte dans cette décision.

« Concernant QSL, vous devriez parler à M. Lightbound, parce qu’hier il s’est prononcé en faveur », lui a répondu le bloquiste. « Dès l’annonce de ce projet, Yves-François Blanchet était ici, en ville, pour afficher son fort scepticisme ».

Le représentant du NPD s’est montré plus pessimiste, soulignant que les impacts de pollution d’un éventuel terminal de conteneurs seraient ressentis dans une zone déjà saturée par des enjeux de qualité de l’air. « Certainement pas favorable de notre côté pour ce projet », a-t-il indiqué.

Logement

Concernant la crise du logement qui sévit actuellement dans la ville de Québec, l’ex-ministre fédéral Jean-Yves Duclos blâme l’inaction des précédents gouvernements fédéraux en matière de logement.

« La crise que nous vivons maintenant, c’est l’accumulation du déficit de construction de logements locatifs abordables depuis 30 ans », a-t-il exprimé, ajoutant que son gouvernement, depuis 2015, avait repris le relais concernant les projets de logements abordables, citant à Québec les projets notamment du Bifröst, la Maison Marie Frédéric, les Jardins d’Alchémilles, les projets de résidences étudiantes aux alentours de l’Université Laval, le Zénith et plus encore.

« On entend beaucoup M. Duclos parler de ce qui s’est passé, on l’entend très peu sur ce qu’il a à proposer, par contre ».

Simon Bérubé, candidat du Bloc québécois dans Québec-Centre

« On a un gouvernement libéral et un député sortant qui joue au pyromane-pompier en matière de logement, c’est-à-dire qu’ils ont causé cette crise du logement-là en désinvestissant pendant des décennies, et ils se présentent maintenant en sauveurs », a dénoncé Simon Bérubé du Bloc québécois. Le parti souverainiste propose que 20 % des logements locatifs soient hors marché et demande au fédéral de transférer 3,4 G$ par année pour le logement au provincial, et ce, sans conditions.

Pour M. Bureau, candidat du NPD, le constat est clair en matière de logement : « Le marché privé a échoué. » Son parti propose donc de construire davantage de logements sociaux, notamment sur les terres fédérales.

Le taux d’inoccupation en Basse-Ville de Québec est actuellement de 0,2 %. Pour avoir un marché équilibré, le taux d’inoccupation devrait se situer autour de 3%. Le loyer moyen à Québec de l’ensemble des logements locatifs, toutes grandeurs confondues, est passé de 1000 $ en 2023 à 1 121 $ 2024, une hausse de 5,2 %.

Source: Ville de Québec

Cavalier seul, M. Brisson, représentant du parti de Maxime Bernier, a pour sa part accusé ce qu’il décrit comme étant de l’immigration massive au Canada comme principal responsable de la crise du logement.
« L’offre et la demande ont été truquées depuis les dernières années à cause de l’immigration massive, c’est un fait », a-t-il exprimé.

« Il faut arrêter de casser du sucre sur le dos des immigrants. Les immigrants ne sont pas la cause. Quand les blancs qui sont nés au Québec manquent de logements, on ne dit pas qu’il y a trop de blancs nés au Québec », a rétorqué M. Bureau du NPD.

Pauvreté

Sur le dossier de la pauvreté, M. Duclos a mis de l’avant son bilan en évoquant l’Allocation canadienne pour enfants, les services de garde subventionnés, le Régime canadien de soins dentaires et le programme d’alimentation scolaire.

« La pire menace que nous avons maintenant par rapport à l’équilibre budgétaire […] c’est la menace du président Trump ».

Jean-Yves Duclos, député sortant de Québec-Centre

Il est également revenu sur la question des tarifs douaniers. « Il y a 10 000 travailleurs dans la région de Québec qui sont menacés directement par ces menaces [tarifaires] du président Trump », a-t-il affirmé, exprimant son inquiétude pour la vitalité économique de la région et accusant le Bloc québécois de sous-estimer ces risques.

Quant à lui, le candidat bloquiste a rappelé les propositions de son parti, soit de doubler le crédit de TPS si l’inflation dépasse les cibles de la Banque du Canada, de réformer l’assurance-emploi, et de ramener le projet de loi du parti sur la hausse de la pension de sécurité de la vieillesse pour les aînés de 65 à 74 ans, bloqué par les libéraux.

« On ne sous-estime pas la menace [Trump]. C’est une situation sérieuse. Effectivement, les gens peuvent être inquiets, puis on les comprend. Sauf que ce que l’on dénonce, par contre, c’est l’instrumentalisation de cette peur-là à des fins électoralistes, ce que M. Duclos et son chef font depuis le début de la campagne », a répliqué M. Bérubé.

Le NPD propose pour sa part de s’attaquer aux profits des chaînes d’alimentation en plafonnant le prix de certains aliments de base à l’épicerie, tout en soutenant les agriculteurs.

Une proposition à laquelle le candidat du Parti populaire a réagi : « Ça a été essayé dans le temps, ça s’appelait l’ex-URSS, on a vu ce que ça a donné. »

« Si Trump peut se permettre d’attaquer le Canada, c’est parce qu’on est en position de faiblesse, qu’on s’est mise nous-mêmes. »

Daniel Brisson, candidat pour le Parti populaire du Canada dans Québec-Centre

Le débat électoral dans Québec-Centre aura finalement offert aux citoyens l’occasion d’entendre les candidats sur les enjeux locaux qui les concernent directement.

Au-delà de la crise tarifaire que le Parti libéral du Canada tente notamment d’imposer comme principal enjeu de la campagne, les échanges ont permis de ramener au premier plan des questions comme le logement, l’environnement et la pauvreté, au cœur des préoccupations de la Basse-Ville.

Si le débat a permis à M. Duclos de mettre en avant son bilan, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, il a également donné à ses adversaires l’occasion de rappeler que plusieurs des problèmes vécus dans les quartiers centraux de Québec trouvent leur origine dans la dernière décennie libérale.

Pour plus de détails ou pour récouter le débat, rendez-vous sur le site de CKIA.

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Pour plus de détails ou pour réécouter le débat, rendez-vous sur le site de CKIA.

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