Bien que le Bloc québécois ait réussi à résister partiellement à la vague libérale qui a déferlé sur le Québec lundi soir, il a perdu ses deux circonscriptions dans la région de Québec au profit des libéraux et des conservateurs.
Par Alexandre Morin
Les Canadiens ont fait mentir les sondages en n’accordant qu’un gouvernement minoritaire aux libéraux de Mark Carney lors du scrutin de lundi.
C’est toutefois au Québec que la poussée libérale s’est fait le plus sentir, avec 42,4 % des voix, contre 27,8 % pour le Bloc québécois et 23,4 % pour les conservateurs.
En termes de sièges, c’est le Bloc qui a encaissé les plus grandes pertes dans la province.
Québec
À Québec, la députée bloquiste sortante de Beauport–Limoilou, Julie Vignola, a été battue par le libéral Steeve Lavoie. L’ex-dirigeant de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec a obtenu 35,6 % des suffrages, suivi par le conservateur Hugo Langlois avec 30,1 %. Pour sa part, Mme Vignola a terminé troisième avec 28,6 %.
« Je remercie énormément les électeurs de Beauport–Limoilou de m’avoir donné le privilège de me donner leur confiance », a exprimé la bloquiste, qui représentait la circonscription depuis 2019 à Ottawa.
« Ça a été un honneur de les représenter et de porter leur voix, on se dit à la prochaine fois ! », s’est-elle exprimée.
Qu’est-ce qui explique cette montée libérale au Québec, selon la bloquiste ? « La peur », répond-elle sans hésitation en référence aux tensions commerciales que le Canada connaît avec les États-Unis depuis l’élection de Donald Trump en novembre dernier.
Mme Vignola se dit convaincue que le Québec connaîtra très bientôt un référendum sur la souveraineté du Québec. Y jouera-t-elle un rôle quelconque à Québec ? Un retour en politique ?
« Qui sait, on verra », répond-elle.

Sa collègue de la région et députée sortante de Montmorency–Charlevoix, Caroline Desbiens, a quant à elle été battue au terme d’une course extrêmement serrée par le candidat conservateur, dans un résultat de 34,7 % contre 33,4 % [Défaite pas encore officiellement confirmée].
Le Bloc se voit ainsi rayé de la carte dans la région de la Capitale-Nationale.
Dans Québec-Centre, les espoirs du parti souverainiste de battre le libéral Jean-Yves Duclos grâce à un ralliement des électeurs conservateurs – qui n’avaient pas de candidat – se sont vite estompés avec une victoire décisive du député sortant.
« Un grand merci aux électeurs qui m’ont accordé leur confiance », s’est exprimé le candidat bloquiste défait Simon Bérubé de Québec-Centre. « Je leur dis de garder espoir parce que viendra le temps où notre mobilisation et notre mouvement, cette victoire-là pour laquelle on travaille autant, va arriver », a-t-il ajouté, montrant, comme Mme Vignola, son enthousiasme quant à la tenue prochaine d’un référendum au Québec.
Au moment d’écrire cet article, à l’échelle nationale, le PLC récoltait 43,53 % des voix, le PCC 41,39 %, le BQ 6,38 % et le NPD 6,28 %.
Les réactions
Malgré la déception des militants bloquistes réunis au Salon d’Edgar pour la soirée électorale, à la suite de la défaite de leurs candidats dans la région, plusieurs affichaient tout de même un certain optimisme, notamment devant les 23 sièges remportés par le Bloc, en contraste avec les prédictions d’effondrement annoncées par les sondages.
« Je trouve ça incroyable comment les maisons de sondage se sont trompées dans cette élection-là […] en fait, ils annonçaient quasiment qu’on allait être rayé de la carte », se consolait Marc Dean, militant bloquiste, satisfait dans le contexte.
Concernant la défaite de Mme Vignola, il a ajouté : « Je trouve ça bien triste parce que c’est une bonne personne et elle a fait un très bon travail ».
« Les maisons de sondage annonçaient une défaite pour le Bloc, on s’entend, ça se maintient quand même à 23 élus », a renchéri un autre bloquiste présent à la soirée électorale.
Des jeunes indépendantistes affichaient aussi un certain optimisme.
« Quand même assez content que ce soit un gouvernement minoritaire. Le Bloc québécois va pouvoir être là pour watcher les libéraux parce qu’on sait qu’avec les champs de compétences du Québec, avec le respect du Québec en tant que tel, ça a été difficile dans les dernières années sous Justin Trudeau », a exprimé l’un d’eux.
Ils ont maintenant l’œil tourné vers le provincial, où ils comptent militer pour le Parti québécois.
« On espère que ça soit notre dernière élection fédérale », a conclu Mathieu Vézina.
La fameuse vague libérale annoncée par plusieurs commentateurs politiques – et amplifiée par la peur de Donald Trump – a déferlé sur une partie du Québec. Elle a toutefois été ralentie dans le 450, où plusieurs bastions bloquistes ont tenu bon, et s’est butée à un mur en Ontario, où les conservateurs ont mieux performé que prévu.
Mme Vignola et Mme Desbiens n’ont pas tenu le coup et ont donc perdu leur siège. Le Bloc disparaît ainsi de la région de Québec pour la prochaine législature. Celle-ci sera désormais représentée par quatre députés conservateurs et trois députés libéraux.
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