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Conseil de Quartier

Projet Îlot Dorchester : des citoyens réclament un référendum

(Photo: Groupe Trudel)

Malgré le refus catégorique de la Ville, certains citoyens et groupes militants réclament la tenue d’un référendum concernant la modification du Plan particulier d’urbanisme (PPU), nécessaire à la réalisation du projet immobilier du groupe Trudel sur l’îlot Dorchester.

Par Alexandre Morin

En février dernier, le maire de Québec a donné son feu vert à la nouvelle mouture de ce vaste projet, qui transformera l’actuel stationnement à ciel ouvert au cœur du quartier Saint-Roch. 

L’actuel PPU, adopté en 2017, limite la hauteur des bâtiments à 10 étages, alors que le projet du groupe Trudel prévoit un immeuble de 17 étages.

Le promoteur prévoit notamment une tour de 17 étages, environ 400 logements, 2 465 m² de verdissement, une épicerie, 400 places de stationnement et 20 logements sociaux (PSL), en réponse aux demandes exprimées lors des consultations publiques.

Or, le projet ne fait toujours pas l’unanimité. 

La décision de l’administration Marchand d’aller de l’avant avec une dérogation au PPU suscite des inquiétudes chez certains citoyens, qui craignent les répercussions à long terme de ce développement sur le quartier.

Le taux d’inoccupation en Basse-Ville de Québec est actuellement de 0,2%  

Source: Ville de Québec

Rappelons que l’argument avancé par la Ville de Québec pour justifier cette décision est d’accélérer la mise en œuvre de sa vision en matière d’habitation, afin de répondre à la crise du logement en construisant 80 000 nouveaux logements d’ici 2040.

Le Groupe Trudel a ajusté son projet en réponse aux inquiétudes citoyennes, réduisant la hauteur maximale de 20 à 17 étages et en tentant de préserver la percée visuelle de la rue des Voltigeurs (Photo: Groupe Trudel).

Un plan particulier d’urbanisme (PPU) est un outil réglementaire de planification prévu par la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme. Il permet à une municipalité de préciser sa vision pour un secteur stratégique, d’en encadrer le développement et d’en harmoniser l’aménagement selon des objectifs spécifiques.

Enjeux démocratiques

Plusieurs citoyens présents à la consultation publique de jeudi ont exprimé leur inquiétude face au fait qu’un promoteur immobilier puisse faire fléchir la Ville sur son propre cadre réglementaire en matière d’urbanisme.

Plusieurs citoyens ont pris part à la consultation publique sur la nouvelle mouture du projet de l’îlot Dorchester et les modifications au PPU, tenue à l’auditorium de l’ENAP.

« J’ai consacré quand même deux ans à cette démarche-là, puis de voir le maire dire “je donne le go” […] c’est assez insultant pour les citoyens qui se sont impliqués là-dedans », s’est indigné l’ancien vice-président du conseil de quartier Saint-Roch, qui a participé à l’élaboration du PPU de 2017, un processus qui avait nécessité plusieurs années de consultation.

 « Un PPU, c’est pas une paire de bobettes, ça ne se change pas à toutes les trois semaines ».

Michel Beaulieu, résidant des quartiers centraux

« Ça rassure les citoyens d’avoir un cadre réglementaire », a pour sa part indiqué Mme Plourde. « Puis penser que, comme ça, à huis clos, des élus peuvent négocier avec le promoteur en nous retirant le droit au référendum, ça donne l’impression d’une perte démocratique », a ajouté cette citoyenne de Saint-Roch.

Maquette illustrant le projet

« Lors de l’achat du terrain, le Groupe Trudel connaissait déjà les conditions. Mais comme on dit, “un gars s’essaye”, » a souligné Mme Matte, militante de la coalition Dorchester. « On ne veut pas de changement au PPU ! »

« La démocratie n’est pas bafouée ».

Pierre-Luc Lachance, conseiller municipal du district Saint-Roch–Saint-Sauveur

L’enjeu démocratique est revenu à plusieurs reprises au cours de la consultation, plusieurs citoyens exprimant le sentiment que le cadre réglementaire qui encadre l’urbanisme dans leur quartier ne tient plus qu’à un fil.

« Si le projet est si bon et appuyé, il passera le test d’un référendum » .

Maxime, résidant du quartier Saint-Jean-Baptiste

Selon certains, la Ville use de tactiques administratives pour contourner le processus référendaire.

Concernant les demandes de référendum sur la modification du cadre réglementaire pour l’îlot Dorchester, Pierre-Luc Lachance a été sans équivoque : « Non. »

Son refus, exprimé devant la foule réunie à l’auditorium de l’ENAP, lui a d’ailleurs valu de se faire crier « osti de fuck*r » par un individu visiblement en colère qui a ensuite quitté les lieux.

Conformément à la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (RLRQ, c. A-19.1), la Ville de Québec n’est pas obligée de tenir un référendum pour chaque modification à un Programme particulier d’urbanisme (PPU).

Logement 

Dans un plaidoyer pour lutter contre la crise du logement à Québec, Marie-Pierre Boucher, responsable du logement au comité exécutif, a défendu le projet, affirmant qu’il s’inscrit dans la volonté de l’administration Marchand de répondre aux besoins pressants, notamment ceux des jeunes générations durement touchées par la pénurie.

 « Il faut qu’on regarde un peu plus loin, sur la vie de nos enfants, sur la vie de ceux qui vont être après nous », a-t-elle exprimé.

Même son de cloche du côté de Luc Valiquette, anciennement impliqué dans la lutte à la pauvreté à la Fondation Saint-Roch et aujourd’hui à la Coopérative de solidarité dont il est le président fondateur.

« Ça répond à un besoin, pis un gros besoin », a-t-il indiqué au sujet du projet de l’îlot Dorchester, qu’il considère comme un moteur de dynamisation. « On a besoin d’amener du monde dans le quartier, on a un besoin d’investissement. »

Le projet comprendra un hôtel de 150 chambres, une épicerie ainsi que 16 500 pi² destinés à d’autres commerces. Il prévoit également une place publique, du verdissement et un espace artistique (Photo: Groupe Trudel)

Toujours sur l’enjeu du logement, plusieurs citoyens ont soulevé des questions sur ce que la Ville entend réellement par « logement social », certains exprimant leur scepticisme face aux logements dits abordables promis par le groupe Trudel.

La distinction repose sur le fait que le promoteur prévoit des logements subventionnés via le programme de supplément au loyer, tandis que la Ville de Québec considère comme logement social les projets détenus par des OBNL ou des coopératives, donc hors marché.

Selon cette définition, le projet Trudel n’en comprendrait pas.

Les 40 logements dits abordables promis par le Groupe Trudel devraient se louer autour de 1 027 $ par mois.

Source: Groupe Trudel

David Chabot, représentant du Groupe Trudel, a défendu le promoteur face aux accusations d’exagérer son impact social. « On fait beaucoup d’un point de vue philanthropique, ce n’est pas du washing. Ça fait une dizaine d’années qu’on est impliqués, puis c’est parce qu’on y croit », a-t-il affirmé.

Il a donné en exemple l’accueil de La Bouchée généreuse à Place Fleur de Lys, affirmant que le groupe avait contribué à préserver ses activités. « On est avec Québec Ville en rose depuis sept ans pour le cancer du sein », a-t-il ajouté, précisant que le Groupe Trudel participe également à plusieurs autres initiatives.

Malgré les préoccupations soulevées par plusieurs citoyens des quartiers Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste — qu’il s’agisse de la nécessité d’une tour de 17 étages pour assurer la rentabilité du projet, du manque de véritables logements sociaux, ou encore des enjeux démocratiques liés à la modification du cadre réglementaire sans possibilité de référendum — le projet de l’îlot Dorchester poursuit son chemin.

Les modifications au Plan particulier d’urbanisme (PPU) doivent entrer en vigueur en juillet 2025, et les travaux devraient s’étendre sur une période de trois ans, pour une livraison prévue à l’été 2028.

Pour en savoir plus sur le projet de l’îlot Dorchester et les modifications à venir au PPU, cliquez ici.

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1 commentaire sur "Projet Îlot Dorchester : des citoyens réclament un référendum"

  1. Trudel Corporation demande à modifier le PPU, fruit de plusieurs années de consultation et de compromis de la part des citoyens. Lors de l’achat du terrain, il connaissait les conditions. Mais comme on dit, un gars s’essaye.

    Il a fait des rencontres privées avec les gens de St-Roch, soi-disant, pour les consulter. Au début, il disait qu’il n’allait pas changer le PPU et s’adapterait aux besoins pour obtenir le CONSENTEMENT, alors on lui a souhaité bienvenue. Plusieurs ont cru alors, que c’était dans la poche. Puis, on a appris à travers les journaux que le projet s’annonçait plus gros. Tout-à-coup on avait supposément besoin d’une tour-hotel pour arriver financièrement, et ça pressait.
    Au final, le projet présenté outrepassait de beaucoup le PPU, partout, dans toutes les zones.
    Soudain Trudel corporation s’impatientait. (Il voulait qu’on couche le premier soir).
    Vraisemblablement la Corporation s’était trompée au sujet de la nature du centre-ville. Notre intégrité n’est pas à vendre et on n’aime pas se faire berner.
    Après la présentation du projet, des voix se sont élevées. Elles ont rappelé les vrais besoins et dénoncer les fausses solutions. Le promoteur a alors traité les citoyens de menteurs.
    Pourtant, c’est lui qui avait avancé des demies-vérités ; aux sujets de logements sociaux qui n’en sont pas, au sujet d’un verdissement fallacieux, et surtout en courtisant tout-un-chacun avec des images dont les grands angles fausses les vues sur son projet odieux.
    Tout ça avec la complicité de la Ville et de certains médias.

    À la présentation d’octobre dernier et au début janvier lors de la séance du Conseil de quartier, M. Leclerc disait aux inquiets que rien n’était déterminé, que le processus de consultation n’était qu’à ses débuts. Pourtant, en février, le Maire a donné son OK. Nous sommes aujourd’hui le 10 avril et sommes consulté pour une modification au PPU sans possibilité de référendum. C’est très peu, très tard. Et plusieurs d’entre nous sentent que leur milieu de vie et leur DROIT de cité sont VIOLÉS.

    Personne n’a demandé d’hotel, ni autant d’étages sabotant la trame urbaine, ni de plus gros stationnement avec plus de trafic dans un secteur déjà bien contingenté.
    On ne veut pas de changement au PPU.

    Un gars s’essaye. Il chercher le consentement et séduire par toutes sortes de manœuvres. Mais, c’est pas parce qu’un gars fait des avances avec insistance qu’on ne peut pas lui dire non. Le projet de Trudel Corporation pour l’ÎIot Dorchester : c’est NON.

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