Vieux-Québec — Lectrice aguerrie et passionnée, Chrystine Brouillet a fait des livres son métier. Récompensée dès sa toute première publication, elle a poursuivi tantôt du côté jeunesse tantôt du côté du crime avec la célèbre enquêteuse Maud Graham. Porte-parole du parcours Volatil pour l’ouverture de la Maison de la littérature, l’auteure était toute désignée pour représenter ce nouveau lieu dans le Vieux-Québec.
Par Marie-Claude Boileau
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris la réalisation du projet de Maison de littérature?
J’ai été absolument ravie. D’abord parce que je suis native de Québec. D’avoir un projet de cette envergure-là, c’est un plus pour la ville. C’est un lieu culturel tellement beau. Ça fait honneur à la Ville de Québec. C’est un joyau au cœur de la Ville.
Est-ce que c’est le genre d’endroit que vous auriez fréquenté lorsque vous habitiez dans le Vieux-Québec?
Oui! J’aurais habité et même dormi là! J’y allais beaucoup quand j’étais jeune et que j’habitais le quartier latin. Je demeurais sur la rue des Remparts et j’ai emprunté je ne sais pas combien de livres à l’Institut canadien. J’ai passé plusieurs heures dans les rayonnages de cette bibliothèque. Elle m’a été très utile et j’y ai fait de belles découvertes. Je suis très envieuse de tous ceux qui vont pouvoir se permettre d’aller à la Maison de la littérature. Elle est tellement belle. Ça reste les mêmes livres, mais ils sont dans un écrin.
Avez-vous toujours été une grande lectrice?
Oui. C’est mon passe-temps préféré. J’en ai même fait mon métier. J’écris des livres et je fais des chroniques à Salut, Bonjour! C’est impossible pour moi d’imaginer ma vie sans livres. Quand je pars en voyage, j’en apporte toujours beaucoup et une tablette au cas où. Ma crainte est de manquer de lecture.
Lisez-vous de tout?
De tout et dans le désordre. Je peux être sur des choses complètement différentes en même temps : un roman sur l’histoire d’une amitié étrange, un truc un peu fantastique chez Alto, un roman policier aux Éditions Triptyques et un roman jeunesse.
Vous avez été une des premières au Québec à écrire des romans polar. Qu’est-ce qui vous a mené vers là?
Lorsque j’ai commencé à écrire à 23 ans, je voulais fuir la tentation autobiographique me disant que mes histoires d’amour n’étaient pas assez intéressantes. Il y avait mes amies qui écoutaient mes malheurs, mais à part ça… Je me suis dit que j’allais faire quelque chose très, très loin de moi. Comme je n’avais jamais tué personne, j’ai décidé d’écrire un roman policier. J’aime aussi ce genre. J’ai plongé dans cet univers avec beaucoup de plaisir.
Qu’est-ce que ça prend pour écrire un bon polar?
De la ténacité. Les gens pensent que ça prend de l’imagination, mais ce n’est pas tant ça. Il faut avoir un esprit logique, une bonne mémoire pour se souvenir de toutes les ouvertures qu’on fait et des indices que l’on sème afin de ne rien oublier et attacher toutes les ficelles à la fin d’un roman. Aussi, un bon directeur littéraire. Il y a beaucoup de choses dans un roman policier, plusieurs intrigues à la fois qui se chevauchent, ce n’est pas simple. Dû à cette complexité-là, il faut avoir un regard à l’extérieur pour bien la maitriser. Dans mon cas, je fais deux versions, la deuxième va à mon éditrice. Elle arrive avec un œil neuf et voit les petits trous dans l’histoire. Je trouve ça important d’avoir une équipe éditoriale qui suit mon travail. Je n’ai pas la science infuse, ça m’arrive de faire des erreurs. Pour un roman ou un polar, il faut de l’acharnement. Dans mon cas, ça ne vient pas naturellement. Il faut que je me fouette et que je m’attache à mon bureau pour faire ce qu’il faut faire dans une journée.
D’où viennent vos idées?
De partout. Ça peut être quelque chose que j’entends en transport en commun. Avec les téléphones cellulaires, les gens parlent très fort, on ne manque alors rien. Ce n’est pas toujours palpitant, mais parfois c’est instructif et ça sème une graine. Les faits divers, mais jamais tels quels. Maud Graham est au crime contre la personne donc des histoires qui sont noires, mais qui font hélas partie de la réalité.
Quand vous venez à Québec, est-ce qu’il y a des endroits incontournables où vous allez?
Oui. Ce sont des lieux que j’aime voir et me promener comme la terrasse Dufferin. J’ai étudié au Petit Séminaire donc j’allais au petit parc Montmorency et la cote d’Abraham, ça fait partie d’une espèce de routine à Québec. En tant que fille, j’adore aller chez Mademoiselle B où il y a des bijoux fantastiques. J’aime beaucoup les restaurants Pain Béni et le Laurie Raphaël, un classique où il est toujours agréable de retourner.
En rafale
- Bibliothèque ou librairie? Les deux.
- Café ou thé? Thé. Il y en a dans tous mes romans. D’ailleurs, il y a une très bonne boutique à Québec, Camellia Sinensis. Je m’y arrête chaque fois. C’est un bel endroit agréable où l’on peut faire des découvertes.
- Que peut-on vous offrir pour vous faire plaisir? J’aime tellement de choses. Ça pourrait être des pêches blanches, du champagne, un livre que je n’aurais pas lu, mais ça, c’est difficile, un verre au Château Frontenac à cause de la vue, des tomates.
- Qu’est-ce qui vous manque de Québec que vous n’avez pas à Montréal? Le fleuve. Pour moi, c’est inconditionnel. Ça donne une couleur, une odeur et puis toute l’histoire. À Montréal, je la retrouve seulement si je vais dans le Vieux-Montréal. Comme je vivais dans le Vieux-Québec, j’étais baignée dans cet univers constamment. Je trouvais ça beau. Je l’ai ensuite quitté pour Paris où j’étais encore dans la beauté. Montréal est une ville intéressante, mais pas aussi belle que Québec.
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