Après avoir été présenté Piaf a 100 ans. Vive la Môme! au Francofolie l’été dernier, le spectacle part en tournée et s’arrêtera au Grand Théâtre de Québec le 12 novembre. Rencontre avec la maître de cérémonie, Marie-Thérèse Fortin ainsi que Yann Perreau, metteur en scène et directeur artistique.
Que représente Piaf pour vous?
MTF : C’est une figure, je dirais même une icône de la chanson française, mais assez complexe. Elle représente beaucoup de force, de singularité, de liberté et d’intensité. Elle a inventé quelque chose avec sa voix. Objectivement, une voix comme celle-là aujourd’hui, est-ce que ça marcherait, on ne le sait pas. Elle a imposé quelque chose avec sa voix et sa présence.
YP: C’est l’antihéroïne. La grande chanteuse que tout le monde a aimée à l’époque, mais qui n’était pas trop «côtoyable». Elle a levé la barre tellement haute. Pour moi, elle incarne la patronne ou la plus grande. Même si ceux qui ne l’aiment pas n’ont pas le choix d’admettre qu’elle a marqué son temps.
Quelle est son influence au Québec?
MTF : Elle a vraiment traversé l’océan comme une fusée. Ce n’est pas tous les chanteurs de l’époque qui a marqué aussi fort qu’elle. Je pense que sa petite condition a touché beaucoup de genre.
YP : Dans les différentes recherches, j’ai lu Félix Leclerc qui disait que Piaf avait la maîtrise des mots. Quand elle disait le mot peur, on avait la chair de poule. Elle avait une poigne sur les mots. Quand elle chantait un mot, c’était précis. C’est surprenant pour une femme qui ne savait ni lire ni écrire.
Yann, qu’as-tu voulu montrer de Piaf dans ta mise en scène?
YP : Elle pouvait être très intense et dark. Moi, ce que j’ai voulu faire, avec l’accord de tout le monde, c’était l’autre côté. La bonne vivante, la grande tablée, le piano jusqu’à pas d’heure, la porte ouverte… C’est ça aussi Piaf. Le côté sombre, on l’a va dans les films et pour célébrer son anniversaire, ce n’est pas ce que je voulais.
Quel est le défi de chanter Piaf dans un tel hommage?
YP : C’est d’être juste, pas seulement sur la note, mais dans l’interprétation. C’est comme un funambule. Il faut se grounder et savoir ce qu’on chante. Yves Desrosiers, le chef d’orchestre, m’a beaucoup aidé là-dessus. Quand on interprète Piaf, c’est facile de tomber dans le piège d’aller dans le tapis!
MTF : C’est sûr que c’est un défi. Je ne suis pas là pour la faire oublier, je suis là pour l’évoquer. La façon la plus juste de le faire, c’est de le faire avec ce que je suis et avec la voix que j’ai. Il ne faut pas aller vers l’imitation qui est toujours réductrice finalement parce que c’est une lecture souvent faussée de l’originale. C’était de la faire entendre sans la dénaturer.
Vous avez monté le spectacle en pensant à qui? Aux fans?
YP : À elle! Je m’imaginais que si elle était là, qu’elle soit contente et qu’elle dise : «Ah putain! Ils ont compris!». J’avais dit à Marie-Thérèse, je veux que ça soit punk! J’en ai fait des hommages et souvent, ça va vite. J’avais dit à la production que si je le faisais, je voulais le faire avec amour et que le travail soit bien fait.
Est-ce que tout le monde peut être au spectacle de Québec?
MTF : Oui! C’est extraordinaire. On a appris à se connaître sur le spectacle. C’est formidable parce que c’est un travail d’équipe, on se découvre. Je connaissais Sylvie Moreau en tant qu’actrice, mais moins en tant que chanteuse et wow! Elle livre! Elle chante L’homme à la moto et ce n’est pas la plus simple! Il y a des moments dans le spectacle où je suis subjuguée. Je suis complètement sous le joug de ces artistes-là. Tout ça participe à créer quelque chose qui s’appelle La môme a cent ans et ça marche! Ça opère!
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