En 2004, inquiets des impacts des émanations de l’incinérateur sur la santé et l’environnement, et convaincus que leur ville pouvait mieux gérer ses déchets, les résidantes et résidants de Limoilou se sont mobilisés de façon importante dans les consultations qui ont mené à l’adoption du Plan de matières résiduelles (PGMR) de 2005. Au terme du processus, et malgré les mises en garde du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, de la Direction de la santé publique et d’écologistes, la CMQ a choisi de maintenir l’incinérateur à sa pleine capacité et d’investir d’importantes sommes dans sa rénovation. Seul «gain» pour la population: cela se ferait dans la perspective d’une fermeture complète en 2024. La Ville s’engageant à utiliser les 20 années suivantes pour changer de perspective, investir dans la sensibilisation pour augmenter et faciliter la pratique de la réduction à la source, de la réutilisation, du recyclage et du compostage.
Plus de 12 ans plus tard, alors que la CMQ vient d’adopter un nouveau PGMR pour la période 2016-2021, nous constatons que la Ville de Québec renie son engagement de fermeture. Plutôt que de reconnaitre qu’elle n’a pas mis en place toutes les mesures prévues au dernier PGMR permettant d’atteindre cet objectif, plusieurs décisions et annonces récentes de la Ville de Québec nous permettent d’affirmer que celle-ci veut prolonger la durée de vie de l’incinérateur au-delà de 2024, notamment en faisant miroiter la valeur de la «valorisation» de la vapeur produite.
En ce qui concerne les inquiétudes des résidant-e-s de Limoilou quant aux impacts de l’incinérateur sur leur santé, malgré les 60 millions $ investis dans la modernisation de cet équipement entre 2005-2011, la ville n’a toujours pas réussi à rendre celui-ci aux normes puisque des dépassements d’émissions de matières toxiques et nocives pour la santé se produisent encore régulièrement. La santé publique s’en est d’ailleurs inquiétée à quelques reprises dans les dernières années. Les résidantes et résidants de Limoilou, comme les gens de Cap-Rouge qui subissent les activités d’Anacolor, ont droit eux aussi à une meilleure qualité de l’air.
Voilà pourquoi nous demandons à la Ville de Québec de respecter son engagement de fermer l’incinérateur d’ici 2024 et de cesser de dépenser de l’argent pour prolonger la durée de vie de celui-ci. Sa fermeture, et les argents économisés en n’investissant plus dans sa modernisation, doivent plutôt devenir un levier justifiant qu’il faut faire autrement. Il faut plutôt redoubler d’ardeur afin de rattraper le retard perdu et se donner un objectif Déchet Zéro comme le font de plus en plus des grandes villes comme San Francisco et Vancouver.
À une semaine d’une soirée d’information publique sur la gestion de l’incinérateur de la Ville de Québec, nous invitons la population à s’informer de ce dossier et nous interpellons le Comité de vigilance de l’incinérateur afin qu’il lui donne l’heure juste.
Véronique Laflamme, résidante du Vieux-Limoilou
Jean-Yves Desgagnés, résidant de Maizerets
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