Publicité
Publicité pour la résidence La Champenoise

Entrevue avec Urbain Desbois

Urbain DesboisPhoto : Courtoisie

J’ai toujours éprouvé un faible relativement fort pour l’œuvre d’Urbain Desbois. Son premier album, en 2000, «Ma maison travaille plus que moi», révélait déjà un maître du verbe, un musicien sensible et un fin observateur des êtres humains. La même empreinte sonore imprègne «I’m just a poor and lonesome french canadian rockstar baby» paru discrètement en 2016.

Par Susy Turcotte

Susy Turcotte : Urbain, je suis éblouie par ces vers empreints de sagesse qui émergent de tes chansons. Je me souviens de «Je préfère mourir le jour que de mourir d’ennui.» Ou ceci sur ton dernier album : «C’est pas bon de faire toujours la même chose, surtout quand tu fais jamais rien ».

Urbain Desbois : Le french canadian rockstar se plaint de la difficulté à être une rock star et exprime cette faille: «C’est pas facile ma vie parce que dans le fond, je ne sais pas quoi faire avec ma vie.»

S.T. : Ton écriture est très fluide et donne l’impression que l’inspiration est un flot continu.

U.D. : Je suis content de donner cette impression, mais tout ce que j’ai écrit dans ma vie comporte une grande part de travail, et par la suite, ce qui se passe s’apparente à de la macération. J’écris des petits bouts de phrases, des flashes, des idées, des lapsus, des choses que j’entends autour de moi, puis je les oublie pendant quelque temps. Quand je relis mes notes, je réalise que j’avais ouvert une petite porte et que je n’étais pas rentré dedans. J’ai le temps d’y penser inconsciemment, ces phrases ont sédimenté à l’intérieur de moi.

S.T. : Comment a jailli la chanson consacrée à Jean Leloup? «Jean Leloup» et «jaloux» étant parents sur le plan sonore, il était naturel de basculer vers ce vers obsédant qu’est «Je suis jaloux de Jean Leloup».

U.D. : J’ai créé cette chanson à partir d’une anecdote réelle. Dans la vraie vie, ma blonde est arrivée à la maison, super contente d’avoir assisté à un show de Jean Leloup. Je désirais savoir comment c’était. Comme d’habitude, c’était n’importe quoi. Jean Leloup est brouillon, un pro du chaos. Et à un moment donné, tout le monde est debout et tout le monde danse. C’est la magie de Jean Leloup. Son œuvre est importante. J’ai donc fait semblant d’être jaloux de Jean Leloup, car à cette époque-là, je faisais des spectacles et quand j’arrivais dans les salles, il y avait des chaises, puis des tables et des chaises. Je me disais que ceux qui m’invitaient étaient convaincus que le public n’allait jamais danser, parce qu’il y a trop de mots dans mes chansons et qu’on doit demeurer assis pour les savourer.

S.T. : «Dans le ventre de ma mère» est infiniment touchante. J’ai constaté que ce n’est pas d’aujourd’hui que tu te poses mille et une questions.

U.D. : Un des couplets dit «Dans le ventre de ma mère, j’ai trouvé mon chemin du bout du doigt sur les murs de la caverne», et évoque un petit enfant, l’enfant préhistorique qui n’est pas venu au monde et qui est dans le ventre comme dans une caverne, une grotte, et il dessine la carte d’où il va aller. J’ai toujours été intéressé par cet aspect de la vie avant qu’elle commence.

L’album se clôt avec «Chez nous» une pièce instrumentale dans laquelle il s’abandonne au plaisir de jouer de la guitare en toute quiétude. Dans le monde d’Urbain Desbois s’entrecroisent lucidité, poésie, dérision, gravité et liberté. Ce disque a été produit grâce à une communauté d’amis fanatiques. On peut se le procurer en contactant l’auteur par sa page Facebook.


Vous pouvez écouter Susy Turcotte à l’émission «Sentiers secrets», mardi à 13h30 sur les ondes de CKRL 89,1 FM.

Commentez sur "Entrevue avec Urbain Desbois"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.