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Martin Lizotte : Funambule des sons

Martin LizottePhoto : Le Petit Russe

Recruté en 2001 par Jean Leloup, Martin Lizotte a accompagné plusieurs artistes sur scène ou en studio : Dobacaracol, Martin Léon, Arthur H, Loco Locass, Daniel Bélanger, Robert Charlebois et plus récemment Isabelle Boulay pour n’en citer que quelques-uns. Le musicien lançait en novembre dernier «Ubiquité», un album instrumental qui s’ouvre avec «Voltige» et se clôt avec «Phare ailé». Ses créations nous transportent vers un monde intérieur poétique et sensible; il y circule avec agilité, tel un funambule des sons en quête de repères lumineux.

Par Susy Turcotte

M.L. : La musique a toujours été une façon de me recoudre avec le fil du temps, d’effectuer des mises à jour et de faire le point sur mon existence. Dès que je m’assois au piano, j’entre en contact avec les émotions du moment. C’est ma forme de méditation aussi. La sensation d’ubiquité, je la perçois par le fait de me retrouver à plusieurs endroits en même temps par le biais des souvenirs.

S.T. : Chaque pièce de votre œuvre est aussi pour l’auditeur un passage vers la contemplation. C’était le cas également avec «Pianolitudes», votre premier album.

M.T. : Je suis assez contemplatif. Par exemple, au musée, je vais demeurer assez longtemps devant une œuvre qui m’interpelle. Je contemple, j’aime voir les détails puis m’imprégner de ce que l’artiste a voulu communiquer, me recréer ma version. Je fais de la musique comme des tableaux. Je suis fasciné par cet hypnotisme que suscitent les œuvres de création.

S.T. : Votre travail se conçoit beaucoup dans la solitude. À quel moment Mathieu Désy, contrebassiste et arrangeur, vient-il participer à la démarche?

M.T. : Cet album a été en partie composé à Deschambault. J’avais la chance de bénéficier d’un nouveau local, un lieu vraiment paisible au couvent près du Cap-Lauzon : une fenêtre avec vue sur le fleuve. Pour l’album précédent, j’apercevais la rue Saint-Denis, à Montréal, par la fenêtre. J’ai été stimulé par un autre piano aussi. Mathieu arrive plus tard dans le processus. J’aime être sûr de la structure de mes pièces avant de les lui présenter. Il propose aussi ses idées. Je fais des arrangements de contrebasse, lui aussi a son apport à la coloration sonore, tous les petits effets. On travaille ensemble en laboratoire, comme des chimistes, avec la matière musicale.

S.T. : L’intense complicité entre vous deux se ressent et s’établit souvent un dialogue entre vos instruments.

M.L. : «Comète» et «Par égard» reflètent cette complicité qui se passe seulement dans le moment présent. Cette magie jaillit en jouant ensemble. Les hasards sont souvent heureux dans nos expérimentations. Et sur scène, il y a comme une télépathie qui s’installe entre nous.

S.T. : Vous avez étudié en musique pop et jazz et en musique professionnelle au Cégep Lionel-Groulx en 1988. Vous avez remporté le concours Cégeps en spectacle avec votre groupe Maelstrom, un trio électro-pop-jazz. Une pièce sur votre album porte ce titre : «Maelstrom».

M.L. : Au début de cette pièce, on entend l’orgue de l’église. J’avais vu le film «Interstellaire» et la musique de Hans Zimmer m’avait impressionné et donné le goût d’explorer cette présence d’orgue d’église. Maelstrom symbolise le moment où ma confiance envers la musique a pris son envol et réfère au groupe qui nous avait menés en finale de cégeps en spectacle que nous avions remportée. J’ai désiré composer une pièce qui me rappelait cette époque.


Martin Lizotte se déposera au Grand Théâtre le 18 mars prochain, au Bar Le Détour.

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