Saint-Sauveur — Offrir du bon pain frais à prix abordable tout en redonnant à la communauté, voilà l’idée folle que Cyril Pringault a eue il y a deux ans. Aidé par son ami Jonathan Gagnon, son projet deviendra réalité en décembre alors que la boulangerie communautaire Des pains sur la planche ouvrira ses portes au 638, rue Saint-Vallier Ouest.
Par Marie-Claude Boileau
Comment est né le projet?
Quand je suis revenu vivre dans le quartier il y a deux ans, j’avais constaté qu’il n’y avait pas de boulangerie. Je voulais en partir une, mais pas de manière conventionnelle. Je ne suis pas entrepreneur, je n’ai pas le goût de m’enrichir à travailler fort pour mon profit personnel. Comme j’ai remarqué une grosse vie communautaire dans Saint-Sauveur, je me suis dit qu’on pourrait les jumeler, donc faire une boulangerie communautaire où les profits seraient redistribués. Ça correspond à mon côté social et mon côté gourmand qui aime le pain.
Une boulangerie communautaire, c’est quoi?
C’est comme une boulangerie normale. Les gens peuvent venir seulement acheter du pain. Sauf que s’ils regardent de plus près, ils verront qu’on offre différents programmes où l’on essaiera de faire venir tous les résidents du quartier. Parce que ce n’est pas facile de franchir le pas d’une boulangerie lorsqu’on est habitué à acheter du pain dans une épicerie. On va donc mettre en place des ateliers où les gens pourront faire leur pain chez nous. Il y aura également des ateliers sur la nutrition. Aussi, on aura un programme où l’on dégagera des fonds pour donner du pain frais et non de la veille ainsi que pour participer à des activités communautaires. Enfin, on fera de la réinsertion sociale dès qu’on sera admissible au programme. On veut aussi accueillir des gens des communautés culturelles pour faire des pains, des mois ou des semaines thématiques : pain népalais, marocain, etc.
Vous avez une campagne de sociofinancement sur La Ruche. À quoi servira le 8000 $?
À boucler notre financement. Ça correspond à la mise en place des ateliers. On s’est aussi fait demander par les institutions financières si notre projet intéressait la communauté. C’est une façon de le démontrer.
Quel est l’investissement total?
137 000 $. On a travaillé fort pour aller chercher le reste!
Vous dites avoir recruté un super boulanger. Qui est-il?
Il nous est tombé du ciel. Ni moi ni Jonathan ne sommes boulangers. Emmanuel Demers nous a contactés. Il nous a dit qu’il voulait revenir à Québec avec sa famille. Il travaille tous les étés à Kamouraska comme boulanger depuis 8 ans. Son but est d’arrêter de faire les allers-retours pour se poser à Québec. C’est un passionné de pain, et ce, depuis 12 ans. De plus, il a travaillé en foresterie où il faisait un peu de réinsertion sociale avec des jeunes. Il a un profil parfait pour la boulangerie communautaire. On a de la chance.
Combien d’employés allez-vous avoir?
Quatre employés au début. Par contre, on va rouler beaucoup avec des bénévoles au comptoir notamment et en arrière pour aider Emmanuel. Tous sont les bienvenus.
Aurez-vous toujours des bénévoles?
Surtout pour le début. Un des objectifs est que les résidents développent un sentiment d’appartenance. On souhaite créer de l’emploi dès que ça sera possible et de faire de la réinsertion sociale. Le but n’est pas de faire de l’argent personnel, mais de redonner à la communauté.
Quel produit retrouvera-t-on?
Tout ce que fabrique un boulanger : pain, chocolatine, brioche, etc. Au menu, il y aura de la soupe, des sandwichs, de la pizza, des grilled-cheese et du café. On pourra manger sur place, mais pas de service aux tables. Il n’y aura pas de viennoiserie.
Quels seront les prix?
On va essayer de les faire moins chers qu’ailleurs parce que justement on aura moins de salaires. On fera des rotations sur nos aliments en spécial. Ils seront abordables pour que les gens puissent essayer du bon pain, qu’ils fassent le choix d’acheter du pain chez nous plutôt qu’à l’épicerie. On va essayer de faire savoir que tout l’argent qui sert à acheter le pain sera réinvesti dans différents programmes.
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