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On est 600 000, faut s’parler!

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Pour quelqu’un qui apprécie la joute intellectuelle et les arguments raisonnables, le ton et l’esprit qui animent certains débats actuels ont de quoi inquiéter et rebuter. Ça ne me plait pas du tout.

De plus en plus, je lis des commentaires durs, sans nuance, projetés à la figure en guise d’arguments, pourtant bien souvent construits dans le préjugé, l’amalgame et l’aveuglement volontaire, ou carrément l’ignorance. Pas de quoi faire une démocratie en santé…

Avant, c’était à l’extrême droite surtout qu’on trouvait des excès. Maintenant, j’en lis de tous les genres.

Le campement des idées est parfois tel que certains diront présenter le point de vue de la « science », alors qu’ils n’ont, dans les faits, rien qui ne s’en rapproche. Le délire présenté comme un fait. C’est là qu’on est rendu, comme on le disait dans RBO. 

L’opinion est en train de saccager la raison et à force de répéter et répéter des inepties, on finit par banaliser les propos incohérents et les positions indéfendables. Pas de quoi être fiers… 

C’est ceux-ci contre ceux-là. C’est un clan contre un autre. C’est une perception contre une autre. Et si on se parlait, à la place? Si on faisait preuve d’ouverture? Et si on rendait les débats raisonnables, à nouveau? Make the arguments reasonable again, genre?

Je sais, médiatiquement, il y a des positions bien campées. Fermement. Pour servir leurs intérêts. Mais, il est aujourd’hui possible d’écouter autre chose, de lire autre chose, de se documenter autrement, de se parler différemment. C’est même facile. 

Or, la facilité engendre plutôt, pour le moment, la propagation d’idées déraisonnables, de fausses nouvelles, de rumeurs qu’on croit vraies ou de propos violents et indignes, ce qui ne nous rend pas service, collectivement. 

Parce que des manifestations d’intolérance, des propos scandaleux sur les réseaux sociaux, des commentaires racistes ou misogynes ne sont plus exceptions dans l’espace public. Ils sont communs. À en devenir banals. Au lieu de se scandaliser d’un nouveau commentaire dépassant les limites, on lève les sourcils en l’air. « Encore un autre! »

Puis on change de page…

Pendant ce temps, on note une montée spectaculaire des groupes d’extrême droite aux États-Unis… un phénomène qui s’observe ici, aussi, malheureusement. Dans une moindre mesure, certes, mais tout de même important. Bref, l’extrémisme ne connait plus de frontière. Même à Québec!

Or, les climatosceptiques, les intolérants, les racistes, les réactionnaires, je ne nous reconnais pas là-dedans. Une opinion devrait pouvoir changer si des faits convaincants en prouvent l’invalidité. Le calme, l’ouverture, la discussion, voilà qui devrait pouvoir teinter nos échanges collectifs. On est plutôt dans le défoulement collectif et ça, c’est dangereux, parce qu’on risque de s’engourdir au passage. Avec le temps, on ne réagira plus aux propos haineux, on ne réagira plus aux propos mensongers. On dira que toutes les opinions se valent.

Mais, c’est rigoureusement faux. 

On est 600 000 à Québec. Faut s’parler. Parce que c’est de notre monde, de notre avenir qu’il s’agit.

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