En 2013, on avait l’air de tomber d’une autre planète. En campagne municipale, nous proposions le tramway comme seule avenue cohérente et convenable pour l’avenir de Québec.
Nous n’avions rien inventé : nous reprenions les pertinentes réflexions et analyses de plusieurs experts qui avaient déblayé le terrain, comme les gens d’Accès transports viables, qui avaient commencé le boulot analytique bien longtemps avant nous tous.
Pourtant, à l’époque, nous nous sentions plutôt seuls. En avance sur notre temps, disions-nous.
C’était vrai.
Six ans plus tard, voilà qu’on boucle officiellement le financement du projet de réseau structurant de transport en commun pour Québec. C’est 3,3 milliards $ pour un réseau comportant un tracé de tramway de 23 kilomètres, deux tracés de Trambus totalisant 15 kilomètres et prévoyant la construction de 16 kilomètres de corridors réservés aux autobus, de même que l’amélioration des parcours actuels de Métrobus.
C’est extrêmement important et emballant.
C’est (un peu) grâce à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui a concédé 800 millions $ d’argent fédéral (le montant qui manquait jusqu’alors) pour la réalisation du tramway à Québec. Les deux villes ont conclu une entente, en juin dernier. Évidemment, la mairesse Plante n’a rien perdu (ni sacrifié) puisqu’elle a obtenu en retour un investissement futur du gouvernement du Québec pour ses propres projets (la ligne rose).
On sait déjà que Québec a garanti 1,8 milliard $ de son côté. Tout va bien, tout le monde est content.
Mais… est-ce que le financement est assuré, quoi qu’il arrive?
On nous dit que oui.
Ça, malheureusement, « m’a le croère quand m’a le woère », comme disait Yvon Deschamps.
Le Parti conservateur ne fait pas de cachette : il tripe sur l’asphalte, sur le pétrole et les chars (et les fusils, c’est vrai). Pas un fan du réseau structurant, plus séduit par le troisième lien que moussent certains médias. Or, un gouvernement conservateur pourrait toujours évoquer une crise (comme la récession qui pointe à l’horizon), une situation ayant évolué drastiquement, un imprévu imprévisible qu’on n’a pas vu venir, des finances publiques lamentables laissées par le gouvernement précédent, etc. Etc.
Oui, on a vu ça. Et ceux qui croient que les virages à 180 degrés en politique sont impossibles… regardez de l’autre côté de la frontière, au Sud. C’est possible…
Entre temps, il appartient à la Ville de bien vendre le projet, d’expliquer, d’écouter les gens, de les rencontrer, de les tenir informés, de les mettre dans le coup. C’est fondamental pour assurer l’acceptation sociale qui SERA difficile au moment où les travaux seront le plus largement déployés.
Ça en fait, du « bordel », installer un tramway. Alain Juppé a parlé de ville « sens dessus dessous » alors qu’il dirigeait Bordeaux qui s’offrait un tramway, au milieu des années 1990.
Il faut éviter de mener ce projet gigantesque en vase clos. C’est un projet pour les gens de Québec qui doit se faire AVEC les gens de Québec.
Et ça aussi, « m’a le croère quand m’a le woère »…
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