Ça se complique pour le Port de Québec et le projet Laurentia!
D’abord, le Port a obtenu un report de trois mois du dépôt du rapport final de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. C’est que le rapport préliminaire déposé à l’automne frappait fort : il pointait du doigt de nombreuses lacunes et problèmes environnementaux soulevés par l’activité qui serait considérablement accrue dans le quartier. Outre la poussière, le projet soulève de nombreuses questions et suscite de l’inquiétude chez les citoyens des environs. Ceux-ci ont déposé des mémoires et plusieurs désirent que le projet soit abandonné. Y compris l’ensemble des élus municipaux du secteur.
Le Port a demandé un délai pour pouvoir répondre aux nombreuses critiques et piloter une « opération charme » auprès des résidents. C’est que, parait-il, les gens n’ont pas bien compris. C’est un « rapport écrit par des experts pour des experts », réplique le pdg du Port, Mario Girard.
Je ne suis pas convaincu que de laisser entendre que les citoyens ne comprennent rien sert bien l’opération charme. J’éviterais de répéter ça…
Les travaux du projet Laurentia ne pourront donc démarrer en 2021, ça ira en 2022. D’ici là, le Port entend dissiper le « brouhaha » qui brume l’horizon et faire passer le climat de panique qui secoue le navire.
Puis, un iceberg se plante devant le projet. Le Journal de Québec nous apprend que le Port a recruté, en juin dernier, Anne-Marie Gaudet pour en faire sa vice-présidente des affaires publiques. Or, Mme Gaudet était jusqu’alors directrice… au sein même de l’Agence canadienne chargée d’étudier l’acceptabilité environnementale de Laurentia.
Wow.
Évidemment, ça n’en fait pas des coupables. On est ici dans le délicat univers des perceptions. Au minimum, la chose suscite des questions éthiques. Le moment choisi pour faire entrer cette recrue est pour le moins intrigant. Comment ne pas y voir un conflit d’intérêts ou au moins l’apparence de conflit d’intérêts? Surtout que dans l’article, on ajoute que Mme Gaudet est la conjointe du ministre fédéral François-Philippe Champagne. Or, le conseil des ministres pourrait décider d’autoriser ou non l’agrandissement du Port.
Wow, encore.
Du côté du Port, on répond que Mme Gaudet n’a « pas participé aux discussions » concernant Laurentia et ne sera pas impliquée dans les relations avec l’Agence avant le 22 juin 2021.
Évidemment, c’est bien possible que tout se passe en parfait respect des règles. C’est bien possible que les conseils de Mme Gaudet permettent au Port de présenter quelque chose de plus acceptable, ce qui pourrait être un élément positif.
Mais, voyant tout cela, comment ne pas avoir l’impression qu’il se passe des choses en coulisse pour contourner la volonté citoyenne? Comment ne pas y voir un problème éthique? L’impression restera forte. Au point où le cumul de tout cela devienne, effectivement, une sorte d’iceberg sur lequel le projet se brisera.
Comme quoi les décideurs et les citoyens ont tout intérêt à se parler. Et pas seulement pour la forme. C’est une profonde question de santé démocratique… et publique!
Le projet Laurentia n’a pas d’acceptabilité sociale présentement et ne sera pas plus acceptable après l’opération charme de M.Girard. De plus, il y a apparence de conflit d’intérêt concernant l’embauche de Mme Gaudet par le Port de Québec.