La vague d’incendies criminels qui a frappé Limoilou l’automne dernier et cet hiver aura-t-elle un impact sur les primes d’assurances de propriétaires et locataires du secteur? Le Carrefour a tenté de faire la lumière sur ce dossier.
Selon le site Infoassurance.ca, le bâtiment (sa localisation, son âge, les matériaux utilisés pour la construction, la présence d’un commerce, entre autres), la franchise (ou déductible), le système de protection d’incendie, l’expérience de sinistres, le contrat d’assurance et les protections choisies, la valeur des biens à assurer ainsi que l’information de crédit comptent parmi les facteurs qui influencent la prime.
De multiples incendies criminels dans un quartier font-ils grimper la facture d’assurance habitation des résidents et commerçants des lieux? De manière générale, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte lorsque vient le temps, pour les assureurs, de fixer leurs tarifs, selon Pauline Triplet, conseillère en communications au Bureau d’assurance du Canada (BAC).
« Le taux de criminalité et d’incendie dans un quartier fait partie des facteurs considérés par les assureurs dans la tarification de l’assurance habitation de ses assurés. Si ce taux augmente, il est donc possible que la prime d’assurance augmente. Toutefois, les changements de tarification des assureurs ne sont pas basés sur une seule année de sinistres. Une tendance à la hausse (criminalité, incendie, autres types de sinistres) doit s’observer sur plusieurs années pour effectuer des changements de tarification à la hausse », précise de son côté Sylvain Théberge, directeur des relations médias à l’Autorité des marchés financiers (AMF).
« Ainsi, la hausse de prime observée par les citoyens de ce quartier ne s’explique peut-être pas seulement par la survenance de ces événements. Il est important de noter qu’aujourd’hui, les sinistres incendie ne représentent pas la plus grande partie d’une prime d’assurance habitation. De façon générale, dans le marché actuel, il est fort possible que les primes d’assurance habitation augmentent en raison de la hausse des dégâts d’eau observée depuis plusieurs années », enchaîne M. Théberge.
Tendance à la hausse
Depuis quelques années, on remarque d’ailleurs une tendance à la hausse en matière de coût des assurances, dit Pauline Triplet.
Le phénomène s’observe du côté de l’habitation, mais aussi de l’automobile. Les assureurs tiennent notamment compte de l’augmentation des coûts et de la main-d’oeuvre, entre autres, si jamais des travaux devaient être effectués à la suite d’une réclamation.
Selon Mme Triplet, les compagnies d’assurances « regardent vers l’avenir et non dans le passé » lorsque vient le temps de fixer leurs primes. Les phénomènes météorologiques et climatiques sont un bon exemple : on peut penser aux inondations qui risquent de s’accroître dans un secteur donné.
Que faire?
Les assurés, pour tenter de faire baisser leur primes, peuvent effectuer les actions suivantes, explique Sylvain Théberge de l’Autorité des marchés financiers :
- Appeler leur assureur pour comprendre la raison de la hausse et exprimer leur désaccord;
- Magasiner auprès d’autres assureurs puisque chacun a sa propre tarification (taux et critères de tarification) qui peut différer beaucoup d’un assureur à l’autre;
- Changer leur couverture par exemple en augmentant les franchises;
- Regrouper les assurances habitation et automobile auprès du même assureur pour bénéficier de rabais double-contrat;
- Mettre à jour leur dossier (rénovations faites dernièrement; montant d’assurance adéquat pour le contenu; ont-ils tous les rabais auxquels ils ont droit?);
- Le mode de paiement de la prime peut avoir un effet sur la prime totale (un seul paiement complet, paiement en trois versements ou paiements mensuels préautorisés auprès d’une banque). Par exemple, le fait d’échelonner le paiement de la prime sur trois ou 12 versements peut comporter l’exigence de frais supplémentaires par certains assureurs.
Lorsqu’un client reçoit une hausse, la porte-parole du BAC Pauline Triplet conseille également « de magasiner et de poser des questions» aux assureurs afin d’avoir la protection la plus appropriée à ses besoin, dit-elle en entrevue le 25 janvier.
Dommages collatéraux
De façon générale, la hausse des coûts d’assurances à un effet « collatéral » qui se fait sentir autant chez les propriétaires que les locataires, selon Hans Brouillette, directeur, affaires publiques à la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ). La hausse des primes d’assurances pour le propriétaire va se solder par une hausse de loyer pour ses locataires, ajoute-t-il.
Pour le Bureau d’animation et information logement du Québec métropolitain (BAIL), un groupe de défense des droits des locataires, les hausses de loyer liées à une prime d’assurance plus chère sont dures à avaler.
« C’est injuste parce que le locataire ne bénéficie en rien de cette assurance qui sert à protéger l’immeuble du propriétaire », soutient un porte-parole du BAIL, Jonathan Carmichael.
Pour Hans Brouillette, il existe un « manque de concurrence » au niveau des assureurs, une situation qu’il qualifie de « très dure ». Les acteurs du marché ont donc le beau jeu. Même les propriétaires qui n’ont jamais fait de réclamation « paient pour les autres » et voient leurs factures gonfler lorsqu’un secteur est victime de tels sinistres, affirme le porte-parole de la CORPIQ.
Le dossier suit son cours au SPVQ
Au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), la vague d’incendies criminels est toujours « sous enquête », a indiqué le porte-parole Étienne Doyon, le 25 janvier, au Carrefour. Les autorités policières n’avaient aucun développement à signaler.
Depuis novembre, des arrestations ont eu lieu en lien avec plusieurs feux suspects.
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