Chaque semaine, Le Carrefour revient sur les évènements marquants de l’actualité municipale et sur les propos tenus par les principaux acteurs de la scène politique à la Ville de Québec.
1. Le projet de métro-léger de Québec 21
C’est en grande pompe que le chef de Québec 21 a présenté mercredi dernier son projet de transport pour la Ville. Comme chacun le sait bien, il s’agit d’un métro-léger d’une longueur de 13,5 km.
Plusieurs se sont demandé quelle mouche a piqué M. Gosselin, qui aurait été sans doute fait des gains considérables s’il s’était contenté de critiquer le projet de tramway qui divise déjà la population. Peut-être qu’un de ses sages conseillers lui a fait valoir qu’il est risqué de s’opposer sans proposer quoique ce soit de positif.
On ne peut pas dire qu’on manque d’ambition à Québec. Maintenant, chaque parti propose de mener à terme un « grand » projet. L’un est déjà avancé (mais juste un peu), l’autre vient tout juste d’être gribouillé.
Dans toute cette comédie, les militants et les chroniqueurs ne savent plus où donner de la tête. Alors, bon nombre d’entre eux se sont résignés à tout simplement défendre l’ordre établi, sans doute en se disant qu’entre deux maux ils préféraient le moindre.
Pendant ce temps, les rues sentent bon, les enfants s’amusent, et les flâneurs ont regagné les parcs, indifférents au sort de la ville. À quoi peuvent bien songer ces insensés?
Ce qu’ils ont dit
« Les chiffres sont complètement faux. C’est une immense fumisterie. Ces gens-là vivent dans un univers parallèle (…). Les chiffres connus, déposés au BAPE, ne marchent absolument pas avec les leurs. » – Régis Labeaume, maire de Québec, utilisant disgracieusement le service des communications de la Ville à des fins partisanes.
« C’est le fruit du travail de trois années complètes que je vous présente et je m’en vais en élection là-dessus, je veux me faire élire là-dessus et je veux aller chercher un mandat clair de la population. » – Jean-François Gosselin, chef de Québec 21.
« Pendant qu’on perd du temps à commenter un projet approximatif, on ne parle pas de relance économique, de solidarité sociale ou encore, de la place que devra occuper Québec dans une ère post-covid. Voilà les vraies questions pertinentes que l’on devrait se poser pour cheminer vers une ville plus résiliente, plus transparente et plus solidaire. » – Bruno Marchand, chef de Québec Forte et Fière.
« C’est un projet B.B. : biaisé et bâclé » – Jean Rousseau, chef de Démocratie Québec.
« Jean-François Gosselin est un adversaire du transport collectif depuis toujours : il le sait très bien et nous aussi. » – Jackie Smith, cheffe de Transition Québec.
2. Laurentia échoue l’évaluation environnementale
Selon l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, le projet de terminal de conteneurs aurait d’importants effets néfastes sur la santé de la population et sur l’écosystème de la Baie de Beauport. Tous les candidats à la mairie ont alors pris position contre le projet, mais on ne peut se défaire de la vague impression que les choses iront tout de même de l’avant.
3. Élections : d’autres défections dans le camp de Marie-Josée Savard
Trois autres élus d’Équipe Labeaume ont annoncé jeudi après-midi qu’ils quittaient la vie politique. Il s’agit des regrettés Geneviève Hamelin, de Jérémie Ernould et de Sylvain Légaré.
Comme de coutume quand des élus font l’annonce de leur départ, on leur a lancé bien des fleurs dans un point de presse « émotif », pleins de belles tapes dans le dos et de sincères remerciements. Comme à l’habitude aussi, chacun a remercié les citoyens de son district pour leur confiance. Vraiment, c’était difficile à regarder.
Nous leur souhaitons donc nous aussi une bonne continuation. En guise d‘hommage, nous reproduisons ici les plus beaux extraits de leurs « notes biographiques », disponibles sur le site web de la Ville de Québec, auxquels nous assortissons quelques commentaires.
« Diplômé du collège François-Xavier-Garneau en 2006 », Jérémie Ernould « a œuvré dans les services financiers, puis dans le domaine de l’immobilier comme courtier à partir de 2009. » Toujours selon cette même note, M. Ernould serait un « entrepreneur dans l’âme ». Espérons que son passage à la Ville n’aura pas éteint en lui cette belle flamme entrepreneuriale!
Sylvain Légaré a lui aussi été formé au collège François-Xavier-Garneau, comme conseiller financier. « Très actif dans sa communauté, il a agi, de 1980 à 1990, comme entraîneur et arbitre de soccer. » Un arbitre… M. Légaré a décidément le profil de l’honnête homme. Il a d’ailleurs siégé auparavant comme député à l’Assemblée Nationale du Québec, ce lieu où se retrouvent immanquablement les plus vertueux des citoyens et pour tout dire les meilleurs d’entre nous. Mais il faut ajouter que comme tous les excellents hommes, Sylvain Légaré a connu des moments d’adversité au cours de sa carrière. On se rappelle le sombre mois de décembre 2014 où le conseiller de Val-Bélair s’était à la suprise de tous retiré d’Équipe Labeaume pour siéger comme indépendant, évoquant bien entendu des « raisons personnelles ». En réalité, M. Légaré était en litige avec la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), lui qui était responsable du programme d’accès à la propriété pour les jeunes familles. Il se serait donc retiré pour éviter d’éclabousser l’équipe de Régis Labeaume. Cela ne l’a pas empêché de réintégrer sans peine le parti du maire quelques années plus tard. Dans un élan de lyrisme, M. Labeuame avait alors déclaré : « Sylvain est un bel humain. Il est honnête pour moi ». Les citoyens de Québec seront vraiment chanceux si quelqu’un d’aussi vertueux succède à M. Légaré au conseil municipal.
Quant à Geneviève Hamelin, nous ne trouvons rien à redire à ses notes biographiques, qui nous semblent tout à fait sérieuses. On trouve néanmoins surprenant qu’elle ait annoncé jeudi son départ, puisqu’elle avait assuré en novembre son intention de se représenter, lors d’une réunion du conseil d’arrondissement de Limoilou. Que s’est-il donc passé, entre novembre dernier et aujourd’hui, pour que cette décision change?
4. Les nouveaux venus
Québec Forte et Fière
Catherine Morissette, district des Monts (arrondissement de Charlesbourg)
Démocratie Québec
David Johnson*, district du Cap-aux-Diamants (arrondissement de La Cité-Limoilou)
*M. Johnson est le colistier de Jean Rousseau. S’il est élu, et que M. Rousseau n’est pas porté à la mairie de Québec, M. Johnson lui cèdera son siège.
5. Les gens de Québec vont-ils pardonner à Jean Rousseau?
Mercredi, Jean Rousseau a eu l’idée saugrenue d’enfiler un chandail des Canadiens de Montréal. Non, mesdames et messieurs, M. Rousseau n’avait pas perdu de pari contre la mairesse de Montréal. Non, mesdames et messieurs, M. Rousseau voulait simplement suggérer un parallèle entre les Canadiens de Montréal et Démocratie Québec : tous les deux seraient « sous-estimés ».
6. On a entendu ceci
« On a viré la ville boute sur boute. » – Sylvain Légaré, conseiller municipal du district de Val-Bélair.
Proche des citoyens et (faut-il le dire) des « djeunes » en particulier, Régis Labeaume, 65 ans, essaie parfois de parler leur dialecte. Mercredi, le maire de la plus grande ville francophone d’Amérique a qualifié le projet de métro-léger de Québec 21 de « fake news totale ». Jeudi, il récidivait en déclarant qu’il allait peu à peu « phase out » pour laisser plus de place à Marie-Josée Savard.
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