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L’extrême indécis

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Il balance les généralités, les phrases et les idées convenues, en attendant de voir où souffle le vent. Ainsi, Bruno Marchand ne veut pas faire de politique nichée, il veut représenter « tout le monde ». 

Sur papier, c’est cute. On peut même, en poussant le jovialisme à l’extrême, imaginer que c’est faire preuve de sens démocratique. 

Oui, mais non.

En parlant « d’extrême centre », c’est le « sweet spot » de l’indécision, l’endroit rêvé pour avancer le pied quand on sent une poussée dans le dos. C’est là où il faut planter une girouette.

L’extrême centre, c’est le refus de structurer sa pensée, c’est tergiverser entre les options afin de contourner la chaleur, quand elle devient intense. L’extrême centre, ce n’est pas une vision politique. C’est ne pas avoir d’opinion ou d’avis sur quoi que ce soit. « C’est évaluer au cas par cas », dira-t-on, au mérite de la proposition. 

Ce serait vrai si l’aménagement du territoire n’était pas la somme d’une foule de décisions qui ont un impact les unes sur les autres. Ce serait vrai si, en économie, la main droite pouvait ignorer ce que fait la main gauche. Ce serait vrai s’il fallait se foutre du climat et de la congestion. Ce serait vrai si la politique n’était que prudente navigation d’un consensus à l’autre, avec les sondages en guise de phare. 

Québec n’est pourtant pas dans la continuité, elle est à un virage : on accentue les efforts pour l’aménagement durable du territoire ou on fait comme en 1950. Entre les deux, ce ne sera que malaises et frustrations. Bien sûr, le nom « Québec forte et fière » annonçait déjà un conservatisme politique, un extrême centre teinté de changement dans la continuité. Un Labeaume moins carré, moins impulsif, mais une continuité, un Labeaume qui fait du jogging.

Or, les enjeux de Québec sont sérieux, gigantesques, les défis qui se trouvent devant nous ne figurent pas dans la liste des « on coupera la poire en deux » et ne peuvent tous se régler à coups de « gros bon sens », une expression qui sert surtout à faire baisser la pression et moins à choisir ce qu’il y a de mieux et de bon. Un extrême centriste pourrait construire une piste cyclable et lui planter une autoroute à côté. Car, cela répond aux attentes de chaque « niche ».

En fait, cette posture extrême centriste peut se traduire par ceci : choisir en fonction des calculs politiques. Cette stratégie fera en sorte, par exemple, de rejeter Laurentia, pour assurer des appuis des quartiers centraux, sans trop perdre de plumes dans les banlieues, puisque ce n’est pas aussi « chaud » comme sujet que le troisième lien. Puis, par calcul, on voudra appuyer le troisième lien afin de gagner les banlieues. 

Or, sur le plan de la vision, ces options sont incompatibles. Mais, ce n’est pas important. Pour Marchand, ce qui compte, c’est de prendre le pouvoir. Le reste, on verra.

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