Alors qu’il traçait le portrait des enjeux en matière d’habitation sur le territoire de la Ville de Québec, le 21 juin, le maire Régis Labeaume a souligné un « urgent besoin » en matière de logement social.
Selon les données de recensement, à Québec, un ménage sur cinq consacrait plus de 30 % de son revenu pour se loger en 2016. Afin de contrer ce phénomène, la Vision de l’habitation 2020-2030 de la Ville de Québec a comme objectif la création de 2600 nouveaux logements sociaux et abordables d’ici 2025. Pour atteindre son objectif, la Ville vise l’obtention d’unités supplémentaires AccèsLogis du gouvernement du Québec.
Pour le moment, elle ne peut toutefois pas soumettre de nouvelles demandes à ce programme.
La réserve à sec
« Nous n’avons plus de logements sociaux disponibles (…). Comme ça prend deux ans pour amener à la SHQ (Société d’habitation du Québec) un projet de logement social et avoir des engagements définitifs, c’est-à-dire, qu’à partir de maintenant, il n’y a plus de nouveaux projets qu’on peut entrer dans le système. Et comme ça prend deux ans, on a un problème », a dit le maire Labeaume en conférence de presse, le lundi 21 juin.
« À ce jour, avec 511 unités réservées, 2021 constitue l’année la plus dynamique en termes de démarrage de projets de logements sociaux », indique la Ville dans une présentation faite aux médias.
Toutefois, on « a vidé notre réserve de logements sociaux », a déploré M. Labeaume. L’administration ne peut donc enclencher de nouvelles demandes auprès du programme AccèsLogis, car il n’y a actuellement plus de fonds disponibles.
Depuis l’annonce de la Vision de l’habitation de la Ville le 11 mars 2020, près de 840 unités ont été réservées, mais « aujourd’hui, on en a zéro », a renchéri l’élu, alors que la municipalité aurait, dans ses cartons, des projets pour créer 892 nouvelles unités.
Certains projets ciblant les jeunes adultes et aussi la clientèle à risque d’itinérance sont en cours. Un éventuel déblocage du programme AccèsLogis permettrait donc la création de nouvelles unités pour ces deux catégories de résidents, entre autres.
« Nous autres, on est prêts. On a les projets pour respecter nos engagements, mais là, il y a un blocage. Il n’y a plus de logements sociaux . Le gouvernement (du Québec) va nous dire qu’il pourrait nous en donner 70 avec le nouveau budget, mais on n’a pas de confirmation là-dessus», a martelé M. Labeaume.
Le manque d’unités dans le programme AccèsLogis empêche notamment la réalisation du projet BiFröst de l’organisme PECH. Ce dernier vise une approche innovatrice de soutien en santé mentale. Il sera érigé sur un terrain situé au coin des rues Prince-Édouard et Saint-Anselme, dans le quartier Saint-Roch.
La Ville aurait besoin de 500 nouveaux logements sociaux par année, a-t-on indiqué lors du point de presse.
Le maire a nié qu’il y avait une crise du logement à Québec. Selon lui, la problématique en matière d’habitation touche plutôt les «classes défavorisées (…) et le manque de logement social», a-t-il affirmé.
Programme Accès Famille
Le programme Accès Famille s’adresse à des familles « qui ne sont pas admissibles au logement social, qui ne sont pas si riches : la classe moyenne basse, qui veut acquérir une maison, mais pour qui se ramasser un cash down, c’est-à-dire, un premier dépôt pour faire l’acquisition, c’est pas possible», a dit Régis Labeaume.
Ce programme facilite l’accession à une propriété neuve pour de jeunes familles et ce, à coût nul pour la Ville. Celle-ci prête notamment la mise de fonds (5,5%) pour l’acquisition d’une habitation aux ménages admissibles: familles avec enfants, familles monoparentales ou jeunes couples sans enfants.
Ce programme était jusqu’à présent offert pour l’acquisition de propriétés d’une valeur allant jusqu’à 300 000$ (taxes et ristournes incluses). Le montant maximum des habitations neuves admissibles au programme passera de 300 000$ à 330 000$. Cet ajustement sera effectif dès septembre, a indiqué Émilie Villeneuve, membre du comité exécutif responsable du développement social et de l’habitation, lors du point de presse.
Toutefois, avec la valeur des propriétés qui ne cesse de croître, cette augmentation de 10% est-elle réaliste, a demandé l’auteure de ces lignes au maire Labeaume? « On va commencer par 10%. On va voir ce que ça donne. Nous, on pense que 10%, c’est suffisant. On va commencer par ça, on va voir, on va analyser », a répondu l’élu.
« Depuis 2015, 564 familles ont bénéficié du programme Accès Famille, pour des prêts totalisant 7,8 millions $. Le programme a d’ailleurs connu un engouement important de 2018 à 2020 avec une augmentation de 103% des prêts et de 69% des ventes », rappelle la municipalité.
Portrait
Dans sa présentation intitulée Portrait et enjeux de l’habitation à Québec, la Ville a aussi dévoilé des informations en lien avec le marché immobilier sur son territoire. Celui-ci est florissant. Nous en avons tiré quelques faits saillants, que voici.
En quelques chiffres
- On recense 2190 unités d’habitation en construction depuis le début de l’année 2021, près de deux fois plus que la moyenne des cinq années précédentes pour la même période de cinq mois (près de 1000 en moyenne par an);
- Pour les trois premiers mois de 2021, il y a eu 2110 reventes de propriétés résidentielles par l’entremise d’un courtier immobilier à Québec. Pour les trois premiers mois de 2020, ce nombre s’élevait à 1922;
- En 2000, le prix moyen de revente d’une résidence (tous types confondus) sur le territoire de la Ville de Québec était de 93 100$. Pour le premier trimestre de 2021, il est de 300 600$;
- Le prix moyen de revente d’une maison unifamiliale (RMR de Québec) était de 307 500$, de janvier à avril 2021;
- En octobre 2020, selon la SCHL, le taux d’inoccupation des logements locatifs à Québec était de 2,8%;
- Le coût moyen d’un logement locatif était de 875$ à Québec, en octobre 2020, selon la SCHL. Dans La Cité-Limoilou, il était de 825$.
On peut en savoir davantage sur la présentation de la Ville en consultant son site web.
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