Le festival OFF de Québec dédié à la découverte musicale a débuté ce jeudi et se terminera ce dimanche le 11 juillet. Nous nous sommes entretenus avec Guillaume, le directeur général, et Jean-Étienne, le directeur de la programmation, pour connaitre la genèse du festival et ses orientations actuelles.
Nous avons aussi discuté avec Juillet, le groupe indie électro-pop francophone qui a ouvert le festival ce jeudi.
Comment est née l’idée d’un festival alternatif comme le OFF?
Jean-Étienne : «Le OFF se définit comme un festival indépendant de découvertes musicales. Notre mission est de faire découvrir aux mélomanes des nouveaux groupes issus de Québec, des nouveaux styles musicaux qui explorent certaines frontières. Le festival opère dans le domaine du développement culturel : on met en valeur l’originalité, la créativité et les nouveaux projets pour obtenir quelque chose d’unique. »
Guillaume : « En 2003, le milieu culturel était très différent. Il y avait moins de dynamisme, moins d’institutions, moins d’organismes. Le plus commun quand tu te partais un band c’était d’aller à Montréal si tu avais des ambitions. Le besoin d’une offre alternative est né à un moment où le Festival d’été devenait le grand festival qu’on connait maintenant. Dans le début des années 2000, il y a eu une tendance à programmer des headliners, des trucs un peu trop grand public, un peu trop « sauce blanche ». L’idée est donc née de proposer une offre complémentaire, mais qui se veut aussi une affirmation. Il s’agit de proposer de la relève, des pratiques de recherche et des pratiques émergeantes pour illustrer le fait que le FEQ ne se souciait pas de son propre milieu, ne donnait pas la chance à ses propres artistes, donc ne participait pas à un écosystème de développement des artistes. Le OFF est donc né dans un désir de complémentarité et de critique.
Maintenant, on se veut un festival qui propose de voir le futur. Nous on se fout de savoir si les gens au programme sont connus ou s’ils vont attirer du monde. On n’a pas un modèle de vente de mise en marché de têtes d’affiche. On propose une expérience basée sur la découverte et la recherche. C’est ce qui fait qu’on propose juste ce qui nous apparait pertinent et qui définira la scène des prochaines années au Québec. »
Certains artistes qui passent par le OFF deviennent populaires, comme Patrick Watson, Klo Pelgag ou Hubert Lenoir. Est-ce que le OFF est un peu une école qui offre les conditions propulser les artistes dans le milieu musical populaire et grand public?
Jean-Étienne : « Le OFF est un projet qui se définit par son avant-gardiste au niveau de la programmation. Ce qui est le fun du OFF, c’est de venir au festival et de dire : « Moi je les ai vu à leur premier show, j’étais là quand ils ont commencé. » Je n’aime pas dire que le OFF est un club école pour le FEQ parce que les mandats sont vraiment différents, mais on présente les projets musicaux nouveaux peu importe le style musical. Le FEQ rassemble des gens qui vont voir un spectacle qu’ils sont assurés d’aimer : tu vas là pour le happening, tu veux faire partie de l’évènement. Les gens qui se déplacent pour le OFF le font pour écouter de la musique, pour la découvrir. L’état d’esprit n’est pas le même. L’idée du OFF, peu importe le style, c’est de présenter des nouvelles choses et de donner cette opportunité aux artistes. »
Guillaume : « Nous on ne fait pas des choix nécessairement esthétiques. Je ne cherche pas à présenter les trucs les plus fuckés sur la terre. On cherche à donner une place à ce qui est moins couvert et on présente aussi des artistes populaires qui nous apparaissent intéressants et qui auront un impact dans le futur. On veut anticiper la musique de demain. »
Quelles sont les critères qui permettent de déterminer si un artiste est suffisamment intéressant pour faire le OFF?
Guillaume : « Il y a plusieurs choses qu’on peut identifier. D’abord, un certain air du temps, des trucs qui nous apparaissent en phase avec les enjeux et les pratiques actuelles en musique. Ensuite, la singularité et non l’originalité. Je parle de voir dans un projet quelque chose qui fait que l’artiste a une signature, une propre touche ou qui n’est pas trop dans l’émulation. La maitrise des instruments aussi est essentielle : ce que tu fais, tu le fais bien.
Malheureusement, faire une programmation c’est faire des choix. Parfois les programmations trouvent leur propre couleur dépendamment de la nature des projets. Si toutes nos soirées sont un peu expérimentales, il faudra refuser de présenter un excellent projet country par exemple. Il y a une cohérence dans notre proposition. »
Quelle place accordez-vous à la langue française?
Jean-Étienne : « Il n’y a pas nécessairement de critères. L’idée du OFF c’est toujours dans une perspective inclusive le plus possible. On ne se limite pas à des quotas au niveau de la langue. On essaie de présenter les communautés qui viennent d’ailleurs dans le monde. Ça nous permet d’amener l’aspect multiculturel qui est pour nous super important. On se demande quelle est la réalité en ce moment au Québec et elle est multiculturelle. »
Guillaume : « Moi personnellement, je fais un effort pour maintenir la vivacité de la langue française au Québec. Cela dit, on n’a pas un a priori idéologique. Présentement, l’enjeu est de plus être en phase avec certains mouvements sociaux, de se conscientiser à être ouvert aux propositions des premières nations, essayer d’augmenter la proportion des femmes. Comme tout le monde, on s’est rendu compte qu’on pouvait avoir un rôle et montrer une certaine diversité, mais il ne faut pas que ça devienne un dogme. Le français c’est dans notre ADN ; on a toujours au moins 50% des artistes en français. Toutefois, tout ça est assujetti à la musique. C’est la musique avant tout. Fondamentalement, nous voulons présenter la meilleure musique possible. L’expérience en direct est d’ailleurs très difficile à remplacer. »
Quel est le style musical de Juillet et que représente pour vous l’opportunité qu’offre le festival OFF?
Gabriel du groupe Juillet : « C’est difficile de faire du nouveau aujourd’hui. Je suis vraiment inspiré par la musique pop des années 1990. En français, c’est assez rare la musique électro, des trucs downtempos ou introspectif. Nous c’est ce qu’on présente. »
Roxanne du groupe Juillet : « L’expérience du OFF c’est toujours de la découverte. Peu importe ce qui joue, tu vas te donner la peine de l’écouter même si tu ne connais pas ça. C’est vraiment pas cher et c’est de la qualité, c’est émergeant et c’est d’ici. Tu rencontres plein de monde du milieu et tout le monde est sympathique. C’est une grosse communauté artistique. C’est la première fois qu’on fait un show et que les gens ont payés pour venir nous voir. Ce n’est pas une première partie, ce n’est pas dans un bar. Pour nous ça représente une super opportunité. »
Pour plus de détails sur l’édition 2021, consultez le site web ou la page Facebook.
Commentez sur "Le petit festival OFF célèbre la musique en grand"