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La pyramide et le sphinx

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Ceux qui espèrent que le Colisée neuf changera le portrait des quartiers qui le bordent risquent d’être déçus. Si j’étais l’administrateur d’un amphithéâtre qui comptera des dizaines de restaurants, je ne voudrais pas que les gens mangent ailleurs que chez moi. Je voudrais leur vendre des bières à 12$ et des hot dogs de 1 pied de long. Avant un événement, je souhaiterais qu’ils entrent le plus tôt possible dans ma bâtisse et je voudrais qu’ils y restent le plus longtemps possible après. Une chose est sûre, je ne les pousserais certainement pas à aller consommer des «cupcakes» et des blanches de Chambly dans les quartiers avoisinants.

Tout ça pour dire que je ne crois pas que la pyramide de notre pharaon change grand-chose au portrait du secteur où il se construit. Si le Colisée amenait des gens à s’établir près de lui, ça pourrait être différent, mais sincèrement, connaissez-vous quelqu’un qui compte s’installer dans le secteur à cause de la construction d’un amphithéâtre neuf? Moi non! Y a-t-il une ruée pour les maisons et les condos du secteur? Non!

Autour de l’édifice, on nous promet une espèce de Sphinx virtuel composé d’un hôtel «top moche» et d’un nébuleux centre de design qui vont redynamiser le secteur… Et pourquoi pas une forêt avec des pandas tant qu’à y être?

En plus, à voir la grosseur du mausolée, ça risque de déplaire aux résidents actuels et de faire de l’ombre sur leurs modestes terrains plus qu’autre chose. Si le succès anticipé se confirme et que l’édifice est occupé 250 jours par année, les embouteillages fréquents risquent d’effaroucher encore plus les gens de venir s’y installer.

Bien sûr, il a un certain effet cosmétique à la venue du Colisée, car on refait présentement le boulevard Hamel. Il s’agit cependant de rénovations qui ne changeront rien au fond de commerce du quartier et qui devaient être faites depuis longtemps de toute façon.

Le principal apport économique de l’édifice, si jamais une équipe de la Ligue nationale s’y installe, sera de permettre aux résidents de louer leurs stationnements libres à ceux qui ne voudront pas payer celui d’Expocité pour 22,50$.

Les effets du nouveau Colisée risquent donc de représenter un plus pour l’économie au noir. Ce qui, avouons-le, est un peu ironique étant donné qu’il est bâti par des syndiqués de la FTQ ou  de la CSN…

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