Voilà un beau cas de dilemme moral.
La candidate dans Saint-Roch-Saint-Sauveur, Alexandra Tremblay, n’est plus avec le parti Transition Québec pour la présente campagne électorale, elle fait son chemin à titre d’indépendante. Or, des gens ont donné des sous pour sa campagne, pour elle, pour qu’elle puisse mener la bataille. Question : que se passe-t-il avec cet argent?
Peut-elle le récupérer, puisque c’est pour SON combat que des gens ont donné?
Légalement, oui. En fait, pas directement. Sur le site d’Élections Québec, on lit qu’une contribution « ne peut faire l’objet d’un quelconque remboursement ».
Mais, il y a un mais…
La candidate ne peut elle-même réclamer cet argent. Il ne peut légalement y avoir de transfert entre le parti et elle. Mais, les personnes qui ont contribué peuvent demander à Transition Québec d’être remboursées afin de pouvoir appuyer leur candidate désormais indépendante.
C’est pas pour des millions, on s’en doute. Mais, pour une candidature indépendante, parfois 2000 $ ou 5000 $ peuvent faire une grande différence.
Alors, que faire? Vous êtes dans le parti politique en question, que faites-vous?
Traditionnellement, les partis ne reviennent pas en arrière. Un butin de guerre, ça ne se partage pas, encore moins avec le camp désormais ennemi. On perçoit néanmoins une situation un peu rocambolesque : Transition Québec utilisera l’argent d’Alexandra Tremblay pour la combattre.
C’est cruel, la politique, disais-je. Cet exemple est encore plus parlant.
D’ailleurs, réponse du parti lorsque je les ai appelés : « on a des engagements pris avec nos fournisseurs et nos employés, on ne peut pas rembourser. » Et cette réponse sera faite également aux individus qui voudraient retirer leurs billes de Transition Québec pour les déposer chez l’indépendante Tremblay. Bien qu’ils puissent légalement rembourser les personnes, ils ne le feront pas en raison de leurs « engagements ». Et puis, c’est difficile, disent-ils, de savoir combien et qui a donné pour quoi.
Oui, bon. On comprend. C’est ce que ferait un parti traditionnel. Mais, j’ai quand même demandé : « vous êtes à l’aise avec ça, moralement? »
Là, c’était plus compliqué. On sent le malaise. On me dit ne « pas avoir fait ça avec plaisir ».
Je le crois.
Mais, ça m’a néanmoins déçu, pour une raison morale. Transition Québec se présente beaucoup comme un parti différent, comme un parti preux et moralement supérieur aux autres. Il n’y a pas de compromis environnemental chez eux, car ils se présentent comme étant plus « nobles et purs », en quelque sorte.
Je sais. C’est correct ce qu’ils font de l’argent de l’ancienne candidate. Ce sont les règles du jeu. Ceux qui ont donné auraient dû le savoir.
Mais, je ne peux m’empêcher d’être déçu de voir que, finalement, Transition Québec est un parti comme les autres. Traditionnel, qui fait comme les autres, qui s’éparpille sur le territoire pour faire comme les autres. Et quand on parle d’argent, il fait comme les autres.
À la guerre comme à la guerre.
Commentez sur "Dilemme moral"