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Le sceptique confondu

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Tiens donc! Un climatosceptique conseille Jean-François Gosselin, chef de Québec 21, dans son projet de métro léger. On lui a demandé s’il comptait se départir de son candidat pour le district Saint-Louis-Sillery, Claude Duplessis. Il a répondu par la négative.

Duplessis se dit « climatoréaliste », convaincu que les humains n’ont rien à voir avec les changements climatiques. Évidemment, on peut éclater de rire, sachant que le consensus scientifique est tel que pour dire le contraire, il faut se lever de bonne heure. Ou plutôt, dormir debout. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), d’ailleurs, a publié il y a quelques mois à peine ses conclusions qui, justement, confirment l’influence de l’humain sur le climat. Alors, dans le contexte, dire le contraire, surtout en campagne électorale, c’est pour le moins risqué. 

En effet, l’argument environnemental de Gosselin tombe, comme un château de cartes. C’est pas pour protéger les arbres, son métro léger. C’est parce que le climat, on n’a rien à voir là-dedans. Difficile, par la suite, de pouvoir ouvrir la bouche, l’âme en paix, lorsqu’il sera question d’environnement dans les débats. Le candidat embarrassant rendra le public… sceptique.

Je ne suis, en revanche, pas convaincu que bien des gens seront surpris de cette nouvelle. Qui croyez-vous sont ceux qui s’attroupent autour de lui, depuis le début? Une forte mouvance de la radio, pro-voiture, public où les chances (ou les risques) de trouver un climatosceptique sont probablement plus élevées que dans le camp de Transition Québec, mettons. Quand le chef lui-même admet avoir été politisé par Jeff Fillion et aimer les arbres, mais pas au détriment des stationnements, on ne peut s’étonner qu’un climatosceptique ait eu envie de partir en campagne avec cette formation politique. Où serait-il allé, sinon?

Évidemment, les adversaires de Gosselin ont sauté sur l’occasion pour le discréditer. C’est de bonne guerre, mais je ferais attention avant de crier à l’incohérence. Ceux qui n’ont pas condamné le troisième lien autoroutier devraient se garder une petite gêne. Bruno Marchand est allé dire qu’à « travers les choix qu’on fait, on illustre les valeurs qu’on a. Cet homme-là ne peut pas dire parce que son projet est écologique que ça a de la valeur. Il est discrédité au départ ». 

Alors, ses adversaires pourront lui faire le « miroir », sachant que le soutien au troisième lien autoroutier discrédite dès le départ, justement, un parti qui voudrait nous chanter les vertus de l’écologisme. Jean Rousseau a, lui, clairement rejeté l’option autoroutière, alors que Jackie Smith fait campagne (presque) exclusivement contre le projet. Reste Marie-Josée Savard qui, on l’a vu, joue la carte du « c’est provincial », pour garder le sujet à distance. Il y a une poigne ici aussi pour ses adversaires. 

En 2017, Gosselin avait lui-même évoqué des doutes sur le rôle de l’humain dans le climat. Ça avait duré 72 heures avant que la pression électorale ne le force à se ranger dans le camp de la science. 

Oui, bon. Le calcul politique est un argument souvent très convaincant. C’est ce qui explique en grande partie les incohérences qu’on trouve chez les uns et les autres en élection à Québec.

En tout cas, le reste de la campagne sera compliquée pour Gosselin, dès qu’on parlera d’environnement. Résistera-t-il à la pression en conservant son candidat, coûte que coûte?

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