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Madame la mairesse?

David Lemelin présente sa chronique Droit de citéDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Un sondage publié dans Le Soleil nous apprend que Marie-Josée Savard est en tête avec 36 % des intentions de vote à la mairie. Elle devance Jean-François Gosselin qui est loin derrière avec 15 %, suivi de Bruno Marchand à 12 %, puis Jean Rousseau à 5 % et Jackie Smith à 3 %. Dans Le Soleil, on titre qu’elle « vogue seule vers la mairie ».

On dit que rien n’est joué. Et c’est vrai. Avec 23 % d’indécis, il y a encore beaucoup de marge. Ce n’est pas exceptionnel, disent les sondeurs. Mais, de ceux qui sont décidés, c’est pas moins de 50 % qui voteraient Savard. C’est énorme. 

Est-ce l’effet Labeaume? Sans aucun doute. J’estimais que c’est un trop lourd boulet, mais on sent de la sympathie pour le maire sortant, lui dont les dernières années ont été moins hargneuses que les premières. Visiblement, la « dauphine » en récolte les fruits. 

Labeaume est donc, pour l’instant, encore plus fort que je ne le croyais. Mais, j’estime également (et je l’ai écrit) que Savard fait plutôt bien. Son équipe voudra sans doute jouer fortement la carte « première ministrable », comme on dit dans le jargon, de leur cheffe. Son calme et son assurance… calment et rassurent, justement. Sachant l’ampleur du chantier du réseau structurant, les gens pourraient avoir envie de quelqu’un qui a déjà eu « les mains sur le volant », du moins en ce qui concerne l’aménagement du territoire, ce qu’aucun de ses adversaires ne peut revendiquer.

Sa force vient aussi de la faiblesse de ses adversaires. Ils n’ont pas été capables, jusqu’ici, d’exploiter convenablement le boulet Labeaume. Il n’y a pas non plus de « star » qui draine tout sur son passage. Chacun avance à petits pas, certains plus que d’autres. 

D’ici la fin de la campagne, ils vont donc tous y aller de tirs groupés vers la meneuse. Attendez-vous à un niveau de tension très élevé. Il peut arriver deux choses : ou bien la meneuse va confirmer sa domination, ou bien on va assister à un effondrement comme en 2007 qui avait permis à Labeaume, justement, de confondre les sceptiques. 

Il y a des parallèles à faire : fin de régime dans les deux cas (L’Allier à l’époque, Labeaume aujourd’hui), plusieurs candidats qui s’affrontent dans une lutte incertaine. En revanche, l’habileté de Labeaume y était pour beaucoup, à l’époque, tout comme le manque de flair de la meneuse, Ann Bourget. Surtout, celle-ci était, souvenez-vous, la cible incessante d’attaques sans retenues des radios privées à Québec qui faisaient preuve d’un favoritisme pro-Labeaume évident. Le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval l’avait d’ailleurs démontré dans une analyse.

Cette fois, les radios ont un préféré… mais la meneuse n’est pas dans une posture aussi fragile. Si elle joue bien ses cartes, elle pourrait devenir la deuxième femme mairesse de Québec après le court règne d’Andrée Boucher, décédée avant la fin de son mandat.

Quant aux opposants, sans parler de panique, il doit y avoir un stress énorme palpable dans les bureaux. Ça ne sent pas bon du tout pour eux. Jean Rousseau est peut-être celui qui déprimera le plus de ce sondage. À 5 %, c’est presque la marge d’erreur. Quant à Jackie Smith, j’imagine qu’il résonne dans ses oreilles ma suggestion de concentrer ses efforts au centre-ville au lieu de s’éparpiller sur le territoire…

En tout cas, il y en a qui pourraient regretter d’avoir choisi de faire chemin séparément. L’union fait la force, dit-on?

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