Ce samedi, un débat ayant pour thème le vélo, organisé par Vélocentrix et la Coop Roue-Libre, opposait les candidats aux élections municipales. Voici la liste des participants, leur équipe et leur district :
- Gabriel Hardy, Québec 21, district des Saules ;
- Jean-Éric Fiorito, Démocratie Québec, district de Cap-Rouge-Laurentien ;
- Pierre-Luc Lachance, Québec Forte et Fière, district de Saint-Roch-Saint-Sauveur ;
- Maxime Gravel-Renaud, Équipe Marie-Josée Savard, district de Montcalm-Saint-Sacrement et
- Madeleine Cloutier, Transition Québec, district de Limoilou.
À défaut d’avoir eu droit à un véritable compte-rendu en bonne et due forme par notre chroniqueuse invitée, voici les principaux engagements qui ont été proposés par les candidats.
Les femmes et les enfants cyclistes
Le premier enjeu concernait la mobilité plus vulnérable des femmes et des enfants. Comment faire en sorte qu’il y ait plus de femmes qui pratiquent le cyclisme utilitaire ? Aussi, comment intégrer le vélo au transport des écoliers et à l’aménagement destiné aux enfants de manière sécuritaire ?
Maxime Gravel-Renaud explique que la clé se trouve dans la sécurité des aménagements. Il suggère aussi de s’assurer que les femmes soient bien représentées dans les consultations publiques.
Par ailleurs, Pierre-Luc Lachance affirme que son parti s’engage à ce qu’il y ait deux rues partagées pour chaque district dans l’ensemble de la ville. Ces rues seraient aménagés pour être sécuritaires, par exemple à l’aide de peintures phosphorescentes qui s’éclairent le soir.
Madeleine Cloutier promet que son parti utilisera l’analyse différenciée selon les sexes (ADS+) pour penser la question du vélo pour les femmes, en tenant compte de leur « charge mentale ». Elle propose par exemple de bonifier l’offre en ajoutant des vélos cargos.
Pour Gabriel Hardy, la mobilité de l’ensemble de la population dépend d’une sensibilisation, soit en mettant « l’activité physique au coeur » de la ville et en « parlant de la santé par la prévention ».
Jean-Éric Fiorito affirme que « ça prend des engagements de l’administration, donc du financement ». Son parti s’engage donc à doubler le budget pour la mobilité, le faisant passer de 3 millions de dollars à 6 millions.
Amélioration du budget pour le vélo
Au sujet du financement, Madeleine Cloutier promet que son parti fera passer le budget de 7$/habitant à 20$/habitant au premier mandat. Son équipe s’engage affirme-t-elle, « à favoriser une culture du cyclisme » en donnant du financement aux entreprises qui encouragent leurs employés à sa déplacer à vélo.
C’est pour Gabriel Hardy par les publicités, les journaux et la radio qu’on peut augmenter la demande pour améliorer le réseau cyclable et les infrastructures en général. Avant de faire des actions permanentes, il faut selon lui faire des tests et mesurer les impacts pour vérifier l’efficacité des actions.
Pierre-Luc Lachance assure que son parti fera passer le budget à 16$/habitant. Il affirme aussi que le réseau cyclable sera allongé jusqu’à 500 km, étant actuellement d’environ 350 km. « Chaque dollar investi apporte beaucoup plus de dollars en gain par habitant », soutient-t-il.
Maxime Gravel-Renaud ajoute que l’intermodalité et son amélioration dépendra aussi du futur tramway. Il explique « qu’il est important de prendre le temps de consulter la population ».
Vers une continuité du réseau cyclable
Un enjeu important pour les cyclistes est la non-continuité du réseau qui les oblige par exemple à pédaler sur le trottoir ou à changer de côté sur une même route. Qu’est-ce que les candidats proposent pour améliorer la continuité ?
Madeleine Cloutier suggère qu’il faut « d’abord et avant tout le courage politique de le faire ». Elle affirme que la « Vision 0 accident » de Transition Québec permettrait de diminuer certains espaces de stationnements et d’augmenter les saillis de trottoir par exemple pour améliorer le réseau.
Pierre-Luc Lachance seconde Madeleine Cloutier concernant l’engagement politique et affirme de son côté que c’est par des rues partagées, déneigées à l’année longue, que son parti améliorera la continuité cyclable. « Il faut aussi que la table de concertation vélo soit un acteur principal », ajoute-t-il.
Jean-Éric Fiorito suggère comme modèle de piste cyclable le Boulevard de la Chaudière à Cap-Rouge. « Je le mettrais partout, mais il faut aussi être réaliste et c’est pourquoi ce sont surtout sur les grands axes qu’il faut ajouter des pistes cyclables », soutient-il. « Ça prend de l’écoute, ajoute-il, il faut faire monter les idées dans la hiérarchie et finalement, ça prend une volonté politique. »
Maxime Gravel-Renaud assure qu’il « entamera une réflexion pour repenser le Chemin Sainte-Foy » pour améliorer l’interconnectivité.
Améliorer les relations entre autos, vélos et piétons
La Ville de Québec a mise en oeuvre une campagne de sensibilisation concernant la courtoisie. Qu’est-ce que les candidats proposent pour bonifier cette campagne ?
Gabriel Hardy suggère qu’elle devrait toucher tous les médias. « Il faut mettre fin à la guerre entre les automobilistes et les cyclistes en encourageant la cohabitation », soutient-t-il. Il rappelle l’importance pour Québec 21 de l’acceptabilité sociale, soit de s’assurer que les projets pilotes reçoivent le soutien de la population.
Pierre-Luc Lachance affirme que ce sont des actions concrètes, comme l’amélioration de la signalisation et des équipes intervenantes sur le terrain qui bonifieront la courtoisie en général.
Par rapport aux stationnements installés dans la rue qui sont plus sécuritaires et facilitent la cohabitation des différents modes de déplacement, Maxime Gravel-Renaud affirme que « la Ville le fait tout-à-fait » et qu’il faut voir où il est possible d’en ajouter.
« Transition Québec propose d’obliger les nouveaux logements et les commerces à avoir autant de stationnements sécurisés pour les vélos que pour les voitures », explique Madeleine Cloutier.
Jean-Éric Fiorito applaudit la suggestion et ajoute qu’il faut aussi ajouter des stationnements sécuritaires pour les vélos le long des métrobus et du tramway.
Encourager l’utilisation du vélo
Pour encourager plus de citoyens à devenir cyclistes, Pierre-Luc Lachance affirme qu’il faut s’assurer que le vélo partage (àvélo) « peut facilement se déployer en offrant une meilleure flexibilité d’usage ». Cela passe pour Québec Forte et Fière en offrant le premier 30 minutes gratuit.
Madeleine Cloutier suggère que « plusieurs autoroutes superflues » pourraient se transformer en boulevards urbains et de déployer une escouade de mobilité circulant sur le réseau. Elle présente aussi l’engagement « écofiscal » de Transition Québec qui consiste à taxer les commerces en fonction de l’étendue de leur stationnements, « en vue de se ré-approprier les espaces ». L’hiver, la Ville devrait prioriser selon elle le déneigement des trottoirs et ensuite du réseau cyclable avant les routes.
Jean-Éric Fiorito affirme que cette mesure implique « un changement drastique », mais « qu’il faut aller vers ça ». Démocratie Québec, explique-t-il, s’engage à offrir le transport en commun gratuit lors des tempêtes de neige de plus de 20 cm. Il évoque aussi l’importance de « démocratiser les vélos électriques ».
Gabriel Hardy est d’accord avec le candidat de Démocratie Québec concernant les vélos électriques. Il évoque aussi l’incitatif possible de Québec 21 d’offrir des crédits de taxe aux entreprises favorisant le transport à vélo.
Pierre-Luc Lachance propose la mise en place de stations de réparation gratuite sur le circuit du vélo partage. Il pourrait aussi y avoir selon lui des montées mécaniques et des ascenseurs pour faciliter le passage de la Basse-ville à la Haute-ville, ce avec quoi Madeleine Cloutier est d’accord.
Gabriel Gravel-Renaud explique aussi qu’il faut améliorer le lien cyclable sur la Pente-Douce, puisqu’il est actuellement le seul lien vélo facilement praticable de la Haute à la Basse-ville.
La table de concertation vélo
À la demande d’un des membres, tous les candidats se sont engagés à impliquer les acteurs de la table de concertation vélo en tant qu’experts pour aider à la problématisation et à la prise de décisions concernant le vélo à Québec.
Par ailleurs, tous se sont engagés à avoir un responsable politique représentant la table à la Ville, sauf Maxime Gravel-Renaud qui affirme « ne pas avoir de réponse à cette demande ».
Portraits cyclistes des candidats
Gabriel Hardy explique que, étant kinésiologue, l’activité physique est « au coeur de sa démarche ». Il pratique surtout le vélo de montagne avec sa famille, par plaisir de bouger et d’être en nature ; plaisir qu’il veut partager à ses enfants.
Il ajoute que tous sont d’accord pour que « l’activité physique devienne un enjeu politique ».
Tous les autres candidats sont des cyclistes utilitaires au quotidien. Jean-Éric Friorito et Madeleine Cloutier pratique le vélo à l’année, incluant l’hiver. Pierre-Luc Lachance est aussi un cycliste sportif. Madeleine Cloutier raconte qu’elle pratique aussi le vélo cargo sur lequel elle a trainé le matin même, 260 livres de plancher flottant.
Étant cycliste utilitaire depuis déjà plus de dix ans à Québec, j’aime bien les idées proposées par Pierre-Luc Lachance et il m’a interpellé davantage que les autres candidats pendant le débat à l’université laval comme étendre le réseau cyclable de 350 à 500 km ou la bonification de la signalisation et des équipes intervenantes pour améliorer les relations vélo-auto. Quant à l’encouragement du vélo, disposer de stations de réparation est une excellente idée pour encourager le vélo parce que les problèmes mécaniques sont choses courantes en vélo, ainsi que l’idée des ascenseurs pour la haute ville, mais que nous entendons de plus en plus.