L’aspirant à la mairie et chef de Démocratie Québec, Jean Rousseau, annonçait ce mardi des engagements pour « accompagner les individus en détresse à sortir de l’itinérance », notamment en investissant un montant annuel de 5 millions $.
« Ce n’est pas une manière de vivre »
Jean Rousseau débute en critiquant le point de vue de Marie-Josée Savard, qui correspondrait à dire que « l’itinérance est une fatalité ». Selon lui, l’itinérance « n’est pas une manière de vivre » et n’est jamais « choisi librement » par un individu, ce pourquoi il exprime sa volonté ferme de les « réintégrer à la société ».
L’aspirant à la mairie soutient que « ce sont des gens qu’on connait qui se retrouvent dans la rue ». « Les causes de l’itinérance sont multiples et connues, que ce soient des problèmes découlant de la pauvreté, de toxicomanie ou de santé mentale, affirme-t-il. Comme ville et comme société, nous avons une responsabilité sociale d’aider les itinérants à se réintégrer dans la communauté. »
Il ajoute que la maison de Lauberivière est une nécessité pour aider les itinérants, mais déplore les manquements lors de son déménagement dans St-Roch. « Les résidants n’ont pas été informés ni préparés de l’impact d’une telle présence, soutient le chef de Démocratie Québec. L’administration sortante de la ville de Québec n’a pas rempli son rôle. »
Les citoyens près de l’ancien site de Lauberivière « savaient très bien à quoi s’attendre », explique Jean Rousseau. « Il y avait un vivre et un laissez-vivre, un respect mutuel. Il y avait aussi un espace, l’îlot des palais, où les itinérants pouvaient chiller sans déranger personne », poursuit-il.
Contre le concept « itinérance zéro »
Jean Rousseau s’engage donc à déployer des efforts supplémentaires pour répondre au « défi de l’itinérance » qui est, dit-il, « une responsabilité collective ». Du progrès a été fait dans les dernières années par l’administration Labeaume, reconnait-il, mais il faut « en faire plus ».
Il s’oppose vivement à l’annonce faite par son adversaire Bruno Marchand. « C’est l’homme des slogans. Il a vu ça quelque part, « itinérance zéro » et il s’est dit que c’était bon, mais ce programme est bon pour l’itinérance chronique. Dans la vision de Monsieur Marchand, je ne sais pas ce qu’il va faire avec les itinérants. Il va peut-être les téléporter ailleurs parce qu’il ne nous propose rien. »
Malgré ces critiques, Jean Rousseau explique que « l’itinérance n’est pas un enjeu partisan » et « invite tous les partis à faire front commun ».
Les mesures concrètes
« Nous réagissons sans arrêt à des crises, avance le chef de Démocratie Québec. Il nous faut maintenant trouver des solutions permanentes qui vont aider davantage la réintégration sociale des itinérants et permettre une meilleure cohabitation et paix sociale entre tous. »
Voici des solutions proposées par son équipe :
- Investir d’un montant supplémentaire annuel de 5 millions $ par année ;
- Recenser des itinérants par catégorie (pauvreté, toxicomanie, santé mentale) ;
- Tenir un sommet sur l’itinérance à Québec avec les différents intervenants impliqués, dont le CIUSSS, et les citoyens affectés par la présence des itinérants ;
- Appuyer les tables de concertation sur l’itinérance dans différents quartiers avec contribution financière pour une offre de services (hébergement, accompagnement, etc.) avec reddition de compte ;
- Créer des espaces de logements temporaires sur des périodes de 8 heures avec accès à des services de buanderie ;
- Créer des espaces (toilettes, douches, etc.) permettant aux itinérants de se réchauffer à tout moment de la journée ;
- Embaucher des travailleurs de rue par la ville de Québec qui collaboreront en collaboration avec les différents intervenants, dont le service de police de la Ville de Québec ;
- Déjudiciariser les interventions policières en relation avec les itinérants ;
- Créer un espace vert à proximité de la rue Monseigneur-Gauvreau et sous les bretelles d’autoroute pour permettre à l’ensemble de la population, incluant les itinérants, de partager des espaces communs.
Interruption du point de presse ; une mise en abîme du problème
Environ au milieu de l’annonce de Jean Rousseau, un individu surgit pour interrompre son discours à coup de cris et d’insultes. « Tu viendras pas nous achaler ici, hurle-t-il, j’ai le droit de m’exprimer. Des personnes démunies, en as-tu dans ta parenté ? Ça, c’était là avant même que tu t’achètes une maison dans le coin. J’ai des enfants qui ont été tués. Est-ce que la cause des démunis vous plait ? »
Jean Rousseau s’est bien sorti de cette situation indésirable. « On vous écoute, mais permettez-moi d’en parler et on se reparle après », a-t-il dit. « C’est légitime, ils ont le droit de s’exprimer et de dire ce qu’ils pensent », ajoute-t-il ensuite, l’individu s’étant finalement éloigné.
Cette intervention non désirée a laissé tous les gens présents mal-à-l’aise et figés par l’indécision : faut-il intervenir ou laisser faire ?
Pour solutionner ce genre d’évènement, il faut selon Jean Rousseau « plus de présence sur les lieux », des intervenants ou travailleurs sociaux de rue, ainsi que davantage d’aménagements et des espaces chauds où les itinérants peuvent se réunir et être tranquilles.
Réflexion sur l’enjeu de l’itinérance
Il faudrait peut-être essayer de penser « le problème » ou « le défi » avant de vouloir le « régler » ou le « braver ». Le premier pas pourrait être de donner une voix aux itinérants, de chercher à mieux comprendre leur réalité. À quel type d’aide s’entendent-ils ? Que souhaitent-ils qu’on fasse pour eux ?
Certes, c’est un problème connu que l’incompréhension de l’itinérance peut amener la peur, le rejet et même la haine des citoyens. Mais simplement accepter ou refuser leur différence comme « normale (fatale) » ou « anormale (évitable) » est insuffisant.
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