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Qu’est-ce que le leadership ?

C’est une bonne question.

Dans notre tête, rapidement, on pensera à une femme ou un homme, bref à une personne qui sait ce qu’elle veut. Une personne qui montre la voie, qui sait ce qu’il faut faire. C’est, comme je l’écrivais, pas celle qui met le doigt en l’air pour sentir où souffle vent. Un leader, ce n’est pas un sondeur.

Tous les candidats à la mairie de Québec prétendent avoir le leadership qu’il faut pour mener cette ville de 600 000 habitants et de 1,5 milliard $ de budget. Des fois, on se demande s’ils ont lu quelques statistiques sur la Ville avant de se lancer…

En réalité, tous les maires vous diront qu’ils ne savaient pas ce que c’était exactement, diriger Québec, avant d’avoir occupé le fauteuil. C’est jamais comme on pensait. 

Jamais.

C’est pourquoi j’ajoute toujours de gros bémols lorsqu’un candidat me chante qu’il est un vrai leader qui lead avec leadership. C’est, bien souvent, pour se convaincre lui-même ou elle-même, en cherchant à convaincre les électeurs, au passage. En vérité, ils ne savent pas vraiment s’ils auront le leadership nécessaire.

Par exemple, croyez-vous sincèrement que la Ville de Québec n’a exercé aucun leadership sous Labeaume? Et les fois où celui-ci s’est buté à une porte close, qu’il s’agisse du gouvernement du Québec ou du Fédéral, ne croyez-vous pas qu’il a poussé les choses dans la mesure du possible?

Oui, il l’a échappé, parfois. On le sait. Pour certains enjeux, il n’en a pas assez fait. Il l’a dit lui-même, notamment en ce qui concerne le vivre-ensemble.

Souvent, c’est pas faute d’avoir essayé dans tel ou tel dossier. Parfois, les règles ne le permettent pas, la machine n’a pas le même rythme ou les mêmes priorités que l’élu. Parfois, les événements se sont bousculés et les politiciens ont été obligés de consacrer leur temps à autre chose, à d’autres priorités, sans oublier les guerres de clochers entre les paliers de gouvernement…

De fait, c’est complexe, gouverner une société. C’est compliqué, gérer une ville en ne disposant que de 24 h par jour. C’est l’enfer tenter de concilier autant d’intérêts divergents.

Tout ceci, c’est pas pour excuser. C’est pour comprendre. Pour aller au-delà de la ligne de com et admettre que dans la vie, c’est rarement simple. Surtout en politique.

Ça finit par me fatiguer, d’ailleurs, quand un candidat répète mille fois qu’il a le bon leadership. Qu’en sait-il? En vérité, il n’a aucune idée, car jamais il n’a fait face à cette situation, dans cette fonction, avec les contraintes, les obligations, les attentes, les frustrations, les désirs, les erreurs et tout ce que cela comporte d’aléas et de défis. C’est le cas même pour Marie-Josée Savard qui a fait partie de l’exécutif de la Ville, mais qui n’a jamais occupé LE fauteuil. Elle a peut-être une meilleure perspective que les autres sur ce qui attend la mairesse ou le maire, mais ce n’est jamais comme d’occuper la fonction comme telle.

Je pourrais remettre en question le leadership des uns et des autres, certes. Jean-François Gosselin, à mon avis, confond témérité et leadership quand il prétend pouvoir vendre son métro léger à un gouvernement qui a déjà dit oui à autre chose. Bruno Marchand, quant à lui, a un « leadership » à deux vitesses : très fort (dit-il) pour critiquer les autres, mais absent lorsqu’il est question de transport, ce qui le forcerait à résister à la chaleur radiophonique en rejetant l’irresponsable troisième lien. Je m’interroge sur le leadership de Jean Rousseau qui n’a pas été en mesure de bâtir un parti politique solide pour la présente campagne. Idem pour Jackie Smith qui a fait de curieux choix stratégiques pour une « leader ». 

Oui, ils disent être de vrais leaders. Tous. Mais, qu’en savent-ils? Comment être certains?

Le courage et l’audace sont des termes qui accompagnent d’ailleurs souvent le mot leadership. Ça fait de bonnes lignes de com. Mais, en réalité, l’audace de quoi? Proposer quelque chose qu’on ignore ne pas pouvoir se réaliser?

Bref, le leadership est une notion plus complexe qu’il n’y parait. On a beau s’en réclamer, ça n’est jamais aussi fort qu’on le croit. 

C’est comme la grenouille de la fable qui voulu être aussi grosse que le bœuf. Malgré toute la volonté du monde, elle n’a jamais été de taille et a fini par éclater. Ainsi, on peut prétendre avoir le plus fort leadership du monde, il y a néanmoins une limite à tout…

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