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Mauvais augures pour les projets d’infrastructures

Image du gouvernement du Québec.

Depuis quelques semaines, j’ai le pressentiment que les deux projets de transport importants de la Ville de Québec, en l’occurrence le 3e lien et le tramway, ne verront tout simplement pas le jour.

Par Karim Chahine

La mauvaise politique, les grandes gueules et le manque flagrant de transparence sont autant de facteurs qui nuisent à la communication de l’information et qui font beaucoup de bruit dans l’espace médiatique, noyant ainsi les avis des experts en mobilité.

Incertitude

Depuis le tout début, on parle de ces deux projets comme allant ensemble, sous la forme d’un seul et même compromis global : c’est d’ailleurs le pari de la Coalition avenir Québec qui souhaite donner à son projet de 3e lien une touche de crédibilité au niveau de la mobilité durable.

Pourtant, les impacts de ces deux projets sont diamétralement opposés. Alors qu’ils peuvent très bien exister indépendamment, j’ai un pressentiment qu’on les fera tomber en même temps. Ainsi, on ménagera les critiques provenant des deux camps, assurant ainsi un atterrissage du statu quo en douceur.

Un tramway en péril

Dans le dossier du tramway, d’un point de vue stratégique et politique, la CAQ a tout à gagner en péchant par excès de prudence, conservant ainsi toute la marge de manœuvre nécessaire si elle réussit à faire renouveler son mandat en octobre 2022.

Au palier municipal, les choses ne sont pas plus rassurantes. D’un côté, Marie-Josée Savard s’engage fermement pour l’idée du projet, mais demeure nébuleuse sur plusieurs aspects importants du projet. L’information arrive au compte-goutte.

De l’autre côté, Bruno Marchand joue malgré lui le jeu des opposants au tramway avec ses affirmations vague sur le mode de transport et sur l’acceptabilité sociale du projet. Même chose du côté de Jean Rousseau, chef de Démocratie Québec, qui demande maintenant à ce que les candidats s’engagent à tenir un référendum sur le tramway. L’ambiguïté des prises de position des politiciens sera sans doute suffisante pour semer un doute raisonnable sur la faisabilité et la pertinence du projet chez certains citoyens.

On apprenait aussi en début de semaine que la facture du projet de tramway atteignait maintenant 4 milliards de dollars. Ce dépassement de coûts de 600 millions laisse planer une incertitude alors que les différents acteurs municipaux et provinciaux avaient pris une position ferme sur le 3,3 milliards. « C’est assez simple, avait déclaré Régis Labeaume en mars 2020. On va en faire pour 3,3 milliards et on arrête. Terminé ». L’ombre d’un éléphant blanc peut à elle seule faire peur aux contribuables, et ce, même si les dépassements de coûts des projets routiers sont chose courante, sans toutefois que les citoyens mettent en doute la pertinence de ces projets.

Un ami me faisait remarquer que tous ces éléments font en sorte qu’on se retrouve dans une situation où l’administration municipale a malheureusement un peu perdu le contrôle du message. Du moins, on sent une baisse importante de momentum.

Un 3e lien qui n’a jamais convaincu

Le projet de 3e lien tire lui aussi de l’arrière alors que la Coalition avenir Québec doit réaliser sa promesse d’une première pelletée de terre pour le 3e lien dans un premier mandat. Peut-on vraiment dire que le projet a déjà démarré? Tout ce qu’on a comme information en ce moment, c’est un prix exorbitant de 10 milliards de dollars, un titre accrocheur — Réseau express de la Capitale — et une belle vidéo promotionnelle.

Le projet a du plomb dans l’aile depuis le début. D’abord, aucun expert ne s’est prononcé en faveur du projet et le tracé fait encore l’objet de modifications substantielles. Ensuite, tout ce que la population a à se mettre sous la dent pour jauger l’acceptabilité, ce sont des sondages aux questions à la formulation douteuse. Rien pour le moment afin d’évaluer la faisabilité et les impacts environnementaux.

Tout récemment, une experte quittait le comité de suivi de la Politique de mobilité durable du gouvernement du Québec pour protester contre ce qu’elle a appelé « une comédie ». Pour déplaire encore plus au gouvernement Legault, Steven Guilbeault, rapidement après sa nomination comme ministre de l’Environnement, annonçait que le fédéral procèderait à sa propre étude environnementale.

À petit feu, l’incertitude et le doute finiront-ils par venir à bout de ces deux projets?

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