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Guillaume Fafard : L’architecte qui voit grand pour sa ville

guillaume cafardL'architecte Guillaume Fafard en ski. Photo : Courtoisie

L’architecte Guillaume Fafard est reconnu pour ne pas avoir la langue dans la poche. Amoureux du vélo et de la ville de Québec, ce créatif rêve du jour où notre municipalité sera plus avant-gardiste qu’elle ne l’est présentement.

Par Martin Claveau

Propriétaire de l’entreprise Quinzhee Architecture qu’il a fondée en 2013 et dont le siège social est dans Saint-Sauveur, il est reconnu pour son implication dans la communauté. Même s’il siège dorénavant sur la commission d’urbanisme, Guillaume Fafard ne se fera jamais prier pour faire connaitre ses opinions. Nous nous sommes entretenus avec cette star montante de l’architecture qui est aussi un grand amateur de ski, un peu plus tôt cet automne.

Parle-nous un peu de de toi, qui es-tu et d’où viens-tu?

Pas du tout(rire). Je suis né à Barrie en Ontario, ce qui fait de moi un authentique Franco-ontarien.  Je suis enfant unique, et mes parents étaient tous les deux militaires, alors nous sommes souvent déménagés au gré de leurs affectations. Avant de m’établir à Québec, je suis successivement passé par Winnipeg, Sainte-Catherine de la Jacques-Cartier, Bagotteville, les Laurentides et même Laval. J’habite maintenant Limoilou avec ma conjointe et mes enfants, Thomas, Françoise et Louis. Je aussi suis le fondateur et propriétaire de l’entreprise Quinzhee Architecture qui est située dans Saint-Sauveur. 

Quel est donc le hasard ce qui t’a amené dans notre ville à l’âge adulte ?

 Après avoir fait mon cours collégial en technique d’architecture, j’ai décidé de poursuivre mes études dans cette discipline au baccalauréat. Au moment de faire mon choix, l’Université Laval m’apparaissait être l’endroit le plus intéressant pour étudier.  Comme je suis un grand amateur de ski, je ne cacherai pas que la présence de deux des plus grosses montagnes de la province m’a grandement incité à déterminer ce choix à l’époque. J’aime bien le fait que nous sommes tout près de la nature pour faire du ski, du vélo de montagne et de la randonnée pédestre qui sont trois activités que j’aime beaucoup. En plus de centres de ski et de vélo de montagne, nous disposons de la Vallée de la Jacques-Cartier, qui est un véritable paradis, tout près de chez-nous. 

Qu’est ce qui t’a poussé vers l’architecture? 

 En fait, j’avais deux choix de carrière qui s’offraient à moi. Soit que je devenais architecte ou encore, comme je suis aussi un amateur de hockey invétéré, que je jouais pour les Nordiques. Comme l’équipe a quitté, j’ai opté pour l’architecture qui m’offrait de meilleures possibilités. Sans blague, ma mère me dit toujours que je dessine des maisons sans arrêt depuis que j’ai trois ou quatre ans. J’ai toujours été fasciné par la construction de bâtisses alors j’imagine que l’architecture représentait une suite logique à cet intérêt. 

Tu as débuté ta carrière comment après tes études?

 Après mes études en architecture à Laval, j’ai travaillé au départ pour l’entreprise de l’architecte Yvan Blouin (depuis devenue Synchro immobilier). Cette organisation fait de l’architecture bien sûr, mais ils sont aussi entrepreneurs et promoteurs.  J’ai appris énormément de choses en travaillant à cet endroit. J’y ai fait un peu de tout.  Mon séjour s’est échelonné sur quatre ans. C’est une entreprise familiale, mais j’ai beaucoup aimé travailler avec eux. Yvan fut un véritable mentor pour moi. 

Pourquoi es-tu parti de là si tu te plaisais tant que ça? 

 Je crois que suis un entrepreneur dans l’âme et je trouvais que je stagnais un peu. J’avais le désir de mener ma propre barque. Comme c’est une entreprise familiale, je ne me voyais en devenir actionnaire. Je ne suis pas tellement patient et je voulais  que les choses aillent plus vite. Je rêvais d’être aux commandes de ma boite.  Ils auraient aimé que je demeure, mais mon désir de voler de mes propres ailes l’a emporté. 

Êtes-vous demeurés en bon terme?

Oui je m’entends encore très bien avec les gens de Synchro. J’ai même un peu d’ailleurs débuté à mon compte alors que je travaillais encore pour eux. Je prenais certains petits mandats d’architecture qu’ils ne voulaient pas faire. À ce moment, je travaillais pour Synchro toute la journée et le soir entre 10h et à 1h du matin, je continuais mes propres projets.  Ce n’était pas toujours évident et après quelques temps de ce régime, j’ai décidé de quitter pour ne me consacrer à mes affaires. Aujourd’hui, nous accomplissons toujours des mandats pour Synchro, alors oui, nous sommes en très bons termes.  

Tu as donc fondé ta compagnie Quinzhee Architecture en 2013, huit ans plus tard tu as combien d’employés?  

Nous sommes huit présentement.  Nous sommes deux architectes séniors, mais nous serons bientôt trois. Nous comptons aussi sur de très bons techniciens et nous complétons nos effectifs avec des stagiaires en architecture. Nous avons une très belle équipe qui est très créative alors j’en suis bien fier et les projets sur lesquels nous travaillons sont très variés. 

Ça vient d’où ce nom-là, Quinzhee? 

Un quinzhee est un abri de neige d’origine amérindienne qui s’apparente à un igloo.

J’ai choisi ce nom là parce que je le trouvais ludique, écologique et surtout très nordique.

À part, bien sûr, d’avoir un nom original, qu’est-ce qui vous distingue des autres bureaux d’architectes à ton avis?

 Nous sommes spécialisés dans la conception de bâtiments de type passifs ou en français « low energy building ».  Le principe est simple, il s’agit de conserver et utiliser l’énergie que nous produisons au quotidien. Je parle ici de l’énergie du soleil qui entre par nos fenêtres, mais également de la chaleur que nous produisons en utilisant notre four, notre douche, etc. Bref, en l’habitant!  En fin de compte, c’est de faire plus avec moins. Ce sont des bâtiments qui ne nécessitent pratiquement pas ou très peu d’énergie qui provient des réseaux publics. Cela permet à ces édifices d’être pratiquement autonomes énergétiquement et c’est en accord avec toutes les tendances environnementales actuelles, alors ça nous motive énormément. 

La firme pour qui tu travaillais auparavant est aussi un entrepreneur et un promoteur immobilier. Aimerais-tu faire comme eux éventuellement ?    

Je ne dis pas non éventuellement à être un jour promoteur, mais étant donné que je fais affaires avec plusieurs d’entre eux, je voudrais trouver une formule pour ne pas leur couper l’herbe sous le pied.  Dans un monde idéal, nous pourrions participer à certains projets avec certains promoteurs pourquoi pas?  

Pourquoi l’architecture a-t-elle autant d’importance pour toi? 

L’architecture, c’est la vie!  On l’expérimente tous les jours et dans toutes les facettes de notre vie.  Quand notre maison est mal conçue, ce n’est pas possible d’être heureux. Un appartement mal divisé est désagréable pour ceux qui y vivent. Je crois que les gens sont maintenant plus sensibles à cet aspect de la vie qu’auparavant. Un projet récent comme celui du Lab-école Stadaconna en est d’ailleurs la preuve bien concrète. Nous voulons maintenant que nos enfants évoluent dans des milieux sains. Collectivement, nous accordons maintenant plus d’importance à la place de l’architecture dans notre vie. Il était temps et je m’inscris à 100% là-dedans.

Ce n’était pas le cas avant selon toi?

 Bien sûr, l’architecture a toujours eu de l’importance, mais je trouve la tendance actuelle très positive. Dans le passé, on suivait souvent certaines modes et il y avait parfois des aberrations, mais je trouve qu’à la longue, nous apprenons de nos erreurs et que les bâtiments sont de mieux en mieux conçus. L’être l’humain est de plus en plus respecté dans le processus. 

Est-ce qu’il y a des choses que tu déplores dans les milieux urbains qui nous entourent?

 Tout est fait présentement pour que des autos passent. Nous dessinons nos rues et nos habitations pour des voitures qui dorment à la journée longue dans des stationnements. On devrait avoir accès à davantage de rues piétonnes et de pistes cyclables. Il faut plus de place au gens.

De quoi Québec a besoin selon toi? 

 On doit se recentrer encore davantage sur les humains. Le développement du réseau de transport structurant est déjà un bon début à mon avis. Présentement nos rues sont sur les stéroïdes et presque toute la place va à l’automobile. Il faut planifier comment on va négocier un virage dans notre façon de penser les villes. Il faut prévoir comment on fera plus de rues partagées et moins de pistes de courses. Nous avons besoin de changer nos habitudes. Je sais que ce n’est pas toujours bien reçu par certaines franges de la population, mais présentement nous sommes dans le « tout à l’auto » et ça ne nous mène nulle part.   

Tu n’es clairement pas un très grand partisan de la banlieue et de la voiture d’après ce que tu nous mentionnes.  Tu as pris fermement position pour le tramway et tu milites aussi pour les transports actifs. Tu n’as pas l’impression de prêcher dans le désert des fois?  

 Non, je prêche par l’exemple à la place.  Je vis en ville, dans un premier temps, ce qui est un choix très écologique. Pour mon « day to day », j’utilise le moins possible ma voiture dans mes déplacements.  Ça ne signifie pas que je ne l’utilise jamais. Il y a des occasions où ça s’applique comme quand je vais skier. Par contre, pour ce qui est de mes déplacements quotidiens, qui représentent la très grande majorité de ceux-ci, je privilégie toujours les déplacements actifs comme le vélo.  Je vais toujours travailler et porter mon plus jeune à la garderie en vélo, peu importe le temps qu’il fait. À vrai dire, je dirais même que je ne me déplace en auto que lorsque je n’ai pas d’autre option. Je trouve que les gens sont souvent impolis et manquent énormément de courtoisie en voiture alors autant que possible je passe mon tour et je suis heureux en vélo.

Tu es conscient que tout le monde ne peut pas faire comme toi? 

Bien sûr, mais je persiste à dire que pour un trajet quotidien inférieur à 10 km, en ville, le vélo représente l’option la plus intéressante à la fois pour l’environnement, pour notre santé et pour la rapidité du déplacement. Je crois qu’en général, il faudrait faire plus de place au vélo. J’habite Limoilou, mon bureau est dans Saint-Sauveur et je circule en vélo pour m’y rendre alors oui, je prêche par l’exemple et j’encourage le plus de monde possible à le faire. 

C’est un beau souhait, mais il me semble que mes amis qui habitent la banlieue ne sont pas rendus là. On fait quoi pour ces gens-là?

Ce n’est pas encore tout à fait possible, mais c’est envisageable et certains le font, j’en connais plusieurs. En ville, de toute façon, on marche plus qu’en banlieue car les commodités sont plus proches. Quand le dépanneur est à deux kilomètres de la maison, pour plusieurs ce n’est pas envisageable de marcher pour s’y rendre.  Je suis de ceux qui croient qu’il faudra penser les banlieues différemment dans le futur pour les rendre plus conviviales.  

C’est un beau projet à long terme pour Quinzhee architecture, mais outre d’améliorer les banlieues, as-tu un souhait à court terme pour notre ville?  

Qu’on arrête de débattre sans cesse sur le tramway et qu’on le fasse! Qu’on planifie en 2-3 ou 4 phases s’il le faut. J’aimerais aussi qu’on améliore davantage les espaces pour les transports actifs comme le vélo et la marche.  On peut et on devra se déplacer différemment à l’avenir. Il en va de la santé des gens et celle de la planète. 

Tant qu’à y être tu n’as pas un autre souhait? 

Je souhaiterais qu’on transforme la partie de l’autoroute Laurentienne qui arrive en ville en boulevard urbain. Ce serait formidable de reprendre les emprises sur l’autoroute. On pourrait ainsi rattacher des quartiers entiers entre eux et pourquoi pas créer un tout nouveau quartier écologique où l’on pourrait vivre à pieds et en vélo? Ça nous permettrait aussi d’ajouter d’autres beaux espaces verts, mais bon, je rêve peut-être un peu trop. (rire)  

En vitesse

 Pour toi, c’est quoi la plus belle rue de Québec? 

  Comme j’habite Limoilou, je dirais que c’est la 3avenue à Limoilou pour marcher, mais la 2avenue serait ma favorite pour habiter.  En Haute-ville, j’aime bien la rue Cartier qui est aussi bien plaisante à marcher. 

Le quartier de Québec qui t’inspire le moins c’est lequel ?

Sans contredit Lebourgneuf, je considère que ce secteur n’est vraiment pas pratique pour « commuter » en vélo. 

C’est quoi la pire rue pour circuler en vélo à Québec selon toi ?

Le boulevard des Quatre-Bourgeois à Sainte-Foy, sans contredit, c’est vraiment de la m…. 

Confie-nous un truc dont on ne se douterait pas de toi? 

C’est un mauvais coup que j’aime faire à répétition. Je soulève les   « wippers »  des voitures qui se stationnent sur les pistes cyclables. Je suis incorrigible à ce sujet! 

Selon l’architecte que tu es, la plus belle bâtisse de la ville c’est laquelle ? 

Je suis pas mal biaisé, mais je trouve que c’est l’école d’architecture dans le Vieux-Québec( le Séminaire)  Je me considère privilégié d’avoir pu y étudier et j’y vais encore à l’occasion. Cette bâtisse a 400 ans et c’est presque devenu une 2e maison pour moi. Ce que je trouve de remarquable à son sujet, c’est qu’elle a eu de multiples usages au fil des siècles. Elle a été recyclée à plusieurs reprises et elle a su conserver sa jeunesse, c’est magnifique.  

Parlant de ce qui est vieux, tu penses quoi de l’avenir du Vieux-Québec comme quartier?

 Je crois qu’on devrait assumer pleinement que c’est une maintenant une zone uniquement touristique et le développer comme tel. On devrait faire encore plus de place aux piétons et aux touristes. Quoi que à bien y penser, pourquoi ne convertirait pas un édifice comme l’Hôtel-Dieu, qui sera éventuellement déserté en un foyer de personnes âgées autonomes et en hébergement? Ce serait parfait à mon avis. 

Selon toi quels sont les quartiers les plus sous-estimés?  

Sans contredit je dirais  Maizeret et Vanier.  Ce sont deux secteurs qui ont un énorme potentiel et qui sont appelés à se redévelopper dans les prochaines années. Il ne faudrait pas rater notre coup avec ces deux-là. 

On fait ça comment ? 

On planifie plus de pistes cyclables ,de rue piétonnes et d’espace communs et on nous appelle Quinzhee Architecture pour le faire.  

Pour Joindre Guillaume Fafard, on peut toujours l’aborder quand il passe en vélo, ou bien on le rejoint chez Quinzee Architecture, au 365 Rue Bouffard, Québec, QC G1N 3C9 : (581) 300-6100. 

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