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Les élus municipaux prennent au sérieux la pénurie de main-d’oeuvre

Alors que les statistiques indiquent un taux de chômage qui continue de diminuer d’un mois à l’autre à Québec, la question de la pénurie de main d’œuvre préoccupe de plus en plus les élus municipaux, qui y ont consacré quelques échanges au cours de la séance du conseil de ville, lundi soir.

Par Gabriel Côté

À mesure que le taux de chômage diminue, les employeurs ont nécessairement plus de mal à trouver de la main d’œuvre. Et alors qu’on se considère en situation de plein emploi lorsque le taux de chômage se fixe à 5% ou moins, celui-ci atteignait 2,6% dans la Capitale-nationale en décembre dernier. La situation est donc pour le moins problématique, et c’est dans ce contexte que le chef de l’opposition officielle a soulevé la question de la pénurie de main d’œuvre à l’Hôtel de Ville.

Le constat de Claude Villeneuve

M. Villeneuve a d’abord rappelé que l’on envisage une pénurie de travailleur depuis déjà plusieurs années. « Ce n’est vraiment pas un problème nouveau (…). Déjà en 2005, Sam Hamad, qui était alors ministre de l’emploi, nous prévenait du risque d’une pénurie de main d’œuvre pour l’horizon 2020-2025. »

Malheureusement, la boule de cristal de M. Hamad ne mentait pas, et les mesures qui ont été prises par les différents paliers de gouvernement au cours des dernières années se sont avérées insuffisantes pour régler le problème. Or, a rappelé Claude Villeneuve, les gens se tournent naturellement vers des emplois plus stables en contexte de pénurie de main d’œuvre, ce qui cause d’importants problèmes dans certains domaines, tels que l’hôtellerie et la restauration.

« Le contexte actuel, avec la pandémie, ferme-ouvre-ferme-ouvre, fait en sorte que c’est plus difficile encore pour les commerçants et les restaurateurs de garder leur personnel », a-t-il commenté.

Si le chef de l’opposition officielle a donné l’impression dans son allocution au conseil de ville que nous ne sommes pas impuissants devant cet état de fait, il reconnait néanmoins qu’il n’y a pas de « solution miracle » à ce problème « qu’on ne peut pas régler par un coup de baguette magique », M. Villeneuve a évoqué quelques pistes de solution. Selon lui, il importe de commencer par prendre un pas de recul pour bien prendre la mesure du problème.

« Il faut déterminer ce qu’on veut aider, ce qu’on ne veut pas aider, c’est quoi nos priorités pour le développement de Québec dans l’avenir. Il y a le virage numérique qui nous a bien servi dans des quartiers comme Saint-Roch, mais est-ce qu’on aide encore les bonnes entreprises ? Est-ce que c’est encore aux mêmes endroits qu’on veut mettre des ressources ? Il y a aussi des choses qui ont changé avec le télétravail. Il y a des commerces de détail qui robotisent beaucoup de leurs opérations (…). On voit aussi que tout ce qui touche l’agroalimentaire est important (…). À Québec, on a les terres des Sœurs de la charité qui cherchent une vocation, on a le Grand marché qui fonctionne bien. Mais paradoxalement, pour être capable d’opérer dans le secteur agroalimentaire, il faut aller chercher de la main d’œuvre à l’étranger », pense Claude Villeneuve.

La conclusion à laquelle le chef de l’opposition arrive va néanmoins à contre-courant du réflexe naturel qui est de vouloir attirer de la main d’œuvre. M. Villeneuve suggère d’affronter cette réalité en aidant certes les entreprises à trouver des bras pour travailler, mais aussi, quand cela est nécessaire, de les accompagner pour qu’ils trouvent le moyen d’opérer avec moins d’employés.

Puis il a remarqué qu’il y a « plein de choses qu’on peut faire », mais en ne rappelant que la proposition de « ramener les sages au travail », c’est-à-dire de convaincre une certaine proportion de retraités de revenir sur le marché de l’emploi.

Chacun voit aisément en quoi une telle mesure pourrait avoir d’heureux résultats à court terme, mais qu’elle ne saurait en aucun cas régler le problème pour de bon. C’est pour ainsi dire de pelleter encore une fois le problème dans l’avenir.

Marchand insiste sur les « bonnes pratiques »

Le maire de Québec, Bruno Marchand, a répondu favorablement à l’intervention de son vis-à-vis, et il a renchéri en disant que « la pénurie de main d’œuvre doit être notre priorité des prochains mois, voire des prochaines années ». Il a ensuite rappelé l’importance des « bonnes pratiques », citant lui aussi en exemple le retour des aînés sur le marché de l’emploi. C’était, d’ailleurs, une mesure qui apparaissait dans son programme électoral.  

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Le maire de Québec, Bruno Marchand, en point de presse le 17 janvier 2022. Photo : capture d’écran

« Si on était juste au même niveau que l’Ontario sur les gens (de 65 ans et plus) qui travaillent, si on récupérait juste les 6 points de pourcentage qui nous en sépare, on aurait nécessairement au Québec 72 000 travailleurs de plus, ce qui veut dire dans la région 8000 à 10 000 travailleurs de plus. »

Toute la question, évidemment, est de savoir comment convaincre suffisamment de retraités de retourner au travail, et récupérer de cette façon ces six points de pourcentage. Pour cela, M. Marchand soutient qu’il est important que la réintégration à l’emploi de ces gens se fasse adéquatement, sans quoi ni les employeurs, ni les « sages » de retour au travail, n’y trouveront leur compte.

M. Marchand a ajouté qu’il faudra aussi faire un travail de représentation auprès des autres paliers de gouvernement.

Mercier aux aguets

conseil de ville
Le chef de Québec 21, Éric Ralph Mercier. Photo : capture d’écran.

Quant au chef de Québec 21, il a rappelé que Québec Forte et Fière, le parti du maire, a promis de s’attaquer à la pénurie de main d’œuvre, lors de la campagne électorale à l’automne dernier. Il a reconnu, en évoquant quelques phrases du programme de Québec Forte et Fière, que « les intentions sont là, mais qu’il faut aller plus loin ». Puis, il a demandé « à quoi peut-on s’attendre, en 2022, de la part de l’administration municipale » pour remplir ses promesses en ce qui a trait à la pénurie de main d’œuvre.

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