À la Caravane Coop, la Table citoyenne Littoral Est invitait ce dimanche les citoyens pour un atelier de cocréation visant à « imaginer l’avenir du garage municipal ».
Cette étape d’idéation a pour but de compiler les idées qui fourmillent dans l’imagination des citoyens de Maizerets. Plus précisément, il s’agit de penser la création d’un centre social autogéré à l’emplacement du projet de « zone d’innovation technologique » (InnoVitam) actuel de la Ville de Québec.
Au sujet d’InnoVitam (anciennement appelé la ZILE), le maire Bruno Marchand avait au début du mois tenu à rassurer les citoyens en témoignant de sa volonté « d’ouvrir le dialogue » et de « faire le projet avec eux ».
Imaginer un centre social autogéré
Quinze personnes étaient présentes pour participer à l’exercice. Marie-Hélènes Deshaies, présidente du conseil de quartier de Maizerets, explique que l’atelier visait en premier lieu à définir les besoins des résidents du secteur pour pouvoir mieux y répondre. « On a résumé à la fin de la rencontre ces besoins concrets en grandes catégories », affirme-t-elle.
La création d’un lieu de rencontre « inconditionnel » est une priorité pour les citoyens. « Cet espace n’existe pas encore », soutient Marie-Hélènes Deshaies. Les discussions ont aussi porté sur la possibilité d’organiser des ateliers partagés qui permettraient aux résidents d’acquérir de nouveaux savoir-faire.
« Il y a aussi toute la question de réparer, recycler et réutiliser, poursuit la présidente du conseil de quartier de Maizerets. On a aussi pensé à un lieu où il y aurait de l’équipement partagé ou des outils qu’on pourrait emprunter. »
Les participants ont aussi imaginé « des espaces de création et de diffusion ». « Dans le quartier, au niveau culturel, que ce soit des arts visuels ou de la musique, il y a un manque, explique Marie-Hélène Deshaies. Notamment à St-Pie X où il y a une pépinière de talents, mais pas d’espace pour organiser leurs productions culturelles. »
L’alimentation et culture de proximité sont aussi des enjeux prioritaires. « Ce coin-là est un désert au niveau urbanistique, alimentaire et de services de proximité, lance Marie-Hélène Deshaies. On se disait qu’il pourrait y avoir un paquet de projets : cuisines collectives, production, petite épicerie de proximité à faible coût gérée par les citoyens. Donc un lieu pour assurer à la fois la sécurité, mais aussi l’autonomie alimentaire. »
Lutter contre la pression immobilière
La présidente du conseil de quartier de Maizerets ajoute que la volonté « d’ancrer dans Maizerets un lieu communautaire de partage par les gens et pour les gens » vise à lutter contre la pression immobilière. Elle s’inquiète que les populations les plus vulnérables soient chassées de leur lieu de vie.
« Il y a plein de maisons de chambres autour et de personnes seules, poursuit Marie-Hélène Deshaies. Ces personnes vont être chassées du quartier si ça continue comme ça. »
Elle remarque effectivement cette même inquiétude chez les résidants du secteur, puisque le « quartier est déjà sous pression ».
« Quand ils voient que le projet InnoVitam s’organise en catimini, les gens sont inquiets par rapport à la gentrification, affirme Marie-Hélène Deshaies. Il y a déjà de la pression immobilière qui s’exerce et ça s’ajoute à celle du tramway. À l’hôpital de l’Enfant-Jésus, on sait que des terrains ont été acheté par des grands groupes immobiliers. Il y a des condos de luxe qui se construisent dans les stationnements des Galeries de la Canardière. C’est des 4 1/2 à 2500$ par mois pour vous donner une idée. »
Les citoyens croient-ils en la « bonne foi » du maire Marchand ?
Marie-Hélène Deshaies ne constate aucun changement venant de l’administration sortante concernant le projet InnoVitam. « On n’a pas eu plus d’information, explique-t-elle. On espère que ça va changer. On a zéro information sur le projet. On se fait dire depuis 2019 « d’attendre les consultations qui s’en viennent ». »
Elle demeure toutefois confiante, puisque le maire Bruno Marchand a lui-même admis que le projet s’est fait jusqu’à maintenant sans les citoyens.
« On espère que ça va se traduire par des changements concrets, soutient Marie-Hélène Deshaies. On a toujours maintenu que les décisions sur la vocation du terrain ne peuvent pas se prendre sans les citoyens. »
C’est un enjeu qui selon elle est « majeur » et qui « changera la face du quartier ». « Il ne faut pas juste consulter, il faut prendre les décisions avec les citoyens », insiste la présidente du conseil de quartier de Maizerets.
À savoir si elle croit en la bonne volonté de Bruno Marchand, Marie-Hélène Deshaies affirme qu’elle « attend de voir des actions concrètes ». « On n’est pas au début du processus et ça c’est très inquiétant, ajoute-t-elle. Le projet continue de se mettre en place sans nous. »
Une démarche « collective »
Pour le moment, la Table citoyenne Littoral Est en est à l’étape de compiler les idées et d’ajouter celles qui seront proposées lors des trois rencontres à venir.
« On veut aller vers une rencontre plus large ouverte à tout le monde qui est intéressé où on pourrait discuter de collaboration », affirme Marie-Hélène Deshaies. Cet évènement qui aura lieu en mai ou juin prochain pourrait être qualifié de « mini sommet » sur le centre social autogéré.
Elle explique que des moments plus formels de discussion avec les représentants de la Ville fait partie des prochaines étapes dans leur planification.
« On va approcher des personnes qui ont des responsabilités particulières en terme de développement social, ajoute-t-elle. On le voit comme un projet pour lutter contre les inégalités et le processus de gentrification. »
Les ateliers de cocréation à venir
- Le 2 mars à 19h au Centre Jacques-Cartier ;
- Le 9 mars à 13h30 au Patro Roc-Amadour et
- Le 30 mars à 19h à la Caravane Coop.
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