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Ce que Jackie Smith souhaite aux femmes

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, Jackie Smith, cheffe de Transition Québec, nous parle des défis d’être une femme en politique et du chemin qu’il reste encore à faire.

Selon elle, malgré l’avancement de la cause féministe, une part d’inégalité ou d’oppression se trouve encore inscrite au coeur du monde politique.

Elle invite « les femmes à oser, les hommes à écouter » et tout le monde à reconnaitre le spectre des genres.

Les défis d’être une femme en politique

« Il y a une certaine reconnaissance de l’égalité et du féminisme maintenant, ce qui est super, débute-t-elle. Le danger c’est qu’on en parle, mais on ne révise pas les structures de pouvoir. »

Elle donne comme exemple dans les instances de décision le fait que bien que les femmes soient majoritaires, leur voix est minoritaire. « Qui prend la parole et qui coupe la parole, demande Jackie Smith. Est-ce que les femmes s’expriment ou est-ce qu’elles sont là juste pour hocher la tête lorsque les hommes parlent ? »

Elle s’interroge aussi sur la portée de l’influence des femmes dans les structures de pouvoir. Elles doivent poser les bonnes questions et faire réellement avancer la cause féministe.

À cet égard, Jackie Smith se dit « très heureuse » d’avoir des collègues à l’Hôtel de Ville qui sont « conscientisées ».

« C’est extraordinaire d’avoir plusieurs femmes au conseil de ville qui ont des perspectives différentes et des réseaux différents, affirme-t-elle. Ma collègue Alicia Despins a mis de l’avant un avis pour aider les femmes dans le milieu culturel. Sa rigueur est brillante. Catherine Vallières-Rolland et Mélissa Coulombe-Leduc posent aussi de bonnes questions. »

Malgré la complicité que la cheffe de Transition Québec reconnait entre les élues féminines, les droits des femmes ne sont pas encore acquis selon elle.

« Je suis la seule cheffe à l’Hôtel de Ville, je ne suis pas avec les autres chefs de l’opposition et je suis la moins payée malgré toutes mes responsabilités, déclare-t-elle. Je suis sur 14 comités, ce qui est peut-être un record. » 

Elle ajoute qu’elle est la seule qui n’est pas consultée lors de certaines prises de décision.

« J’ai encore l’impression que c’est un boysclub la politique », lance Jackie Smith.

Jackie Smith souhaite plus de femmes au pouvoir

La présence des femmes dans les instances décisionnelles est devenu « normale » selon la conseillère de Limoilou. Il est essentiel aujourd’hui que les femmes amènent « leur vécu, leur expertise et leur point de vue ».

« On représente plus que 50% de la population mondiale, alors c’est normal qu’on soit égaux dans les instances et si nous ne sommes pas là, ce n’est vraiment pas normal », soutient Jackie Smith.

Elle affirme qu’avant, elle aurait parlé avec les autres femmes de manière discrète des problèmes, mais que maintenant, la parité est normale. « C’est la situation d’avant qui n’était pas normale », poursuit-elle.

Jackie Smith estime que la représentation des femmes blanches bourgeoises est bonne dans la société, mais moins celle des femmes handicapées et racisées.

« Il faut continuer à tracer des liens avec ces communautés et voir quelles sont les barrières qui les empêchent d’entrer dans les institutions décisionnelles, affirme-t-elle. Il faut continuer à faire des analyses différenciées selon les sexes plus, le genre et l’intersectionnalité pour voir comment avoir une représentation de la population en général. »

Son souhait pour les femmes est donc qu’elles soient mieux ou pleinement représentées. « Il faut avoir des femmes au pouvoir pour faire tomber les barrières pour faire entrer d’autres femmes », soutient Jackie Smith.

Elle considère par ailleurs que le militantisme est essentiel pour faire changer les choses puisque « rien ne passe en politique s’il n’y a pas une mobilisation citoyenne ».

« Il faut se lancer pour avoir un meilleur monde, à sa capacité, et continuer d’être curieuses et courageuses pour améliorer le monde », déclare-t-elle.

Michèle Audette : un modèle inspirant

La cheffe de Transition Québec est d’abord inspirée par la démarche même de son parti, soit sa volonté assumée d’être féministe et le fait que les postes les plus importants soient occupés par des femmes.

« Juste ça, on a réussit, affirme-t-elle. Toutes les conversations qu’on a à l’intérieur de notre parti et notre culture, c’est incroyable et j’espère traduire cette façon de faire à l’Hôtel de Ville. »

Lorsque Jackie Smith a des moments difficiles ou cherche les bons mots, elle explique qu’elle s’inspire de la sénatrice Michèle Audette.

« Je me rappelle une fois je lui ai demandé dans un congrès comment on avance ses causes et comment on sait quand et où mettre de la pression, poursuit-elle. Elle m’a répondu, en tant que femme autochtone marginalisée, une fois qu’il y a une porte qui s’ouvre juste un petit peu, on fonce et on met tout notre poids. » 

Le courage et la ténacité de Michèle Audette inspirent donc grandement la cheffe dans son propre parcours politique. Est-ce qu’elle essaie à l’image de la sénatrice de foncer dès que l’occasion le permet et de ne pas lâcher le morceau ?

« Oui, mais j’essaie d’être plus stratégique, lance Jackie Smith en riant. J’essaie d’être moins en réaction, de prendre le temps devant la porte qui est ouverte. » 

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