Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, était de passage lundi matin à l’Hôtel de Ville de Québec pour annoncer du financement du Fonds municipal vert, dont un montant sera consacré pour la réalisation du projet de valorisation de la vapeur de l’incinérateur de Québec.
Par Gabriel Côté
Rappelons que ce projet consiste à construire une centrale de « tri-génération », qui permettra de chauffer, de climatiser et de fournir en électricité l’hôpital de l’Enfant-Jésus.
Le budget global de ce projet est de 44 M$, dont 16,5 M$ sont à la charge du gouvernement fédéral, 14,1 M$ au provincial, alors que la Ville contribue pour sa part à hauteur de 12,8M $.
Concrètement, ce que le ministre Duclos a annoncé ce matin, c’est que le gouvernement fédéral prêtera une somme 10M$, en plus de lui octroyer une subvention de 1,5M$, pour l’aider à couvrir sa part.
« En investissant dans des projets qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre et qui renforcent la résilience de nos collectivités, comme le projet de l’hôpital de l’Enfant-Jésus, nous pouvons accélérer la marche vers la carboneutralité. De plus, ce projet permettra de créer un modèle reproductible ailleurs au Québec et dans le reste du pays. », a dit Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé.
Le maire de Québec s’est réjoui du soutien annoncé par le fédéral, et il a rappelé la volonté de la municipalité non seulement de valoriser les matières résiduelles, mais aussi de les réduire.
« La valorisation de la vapeur de l’incinérateur par l’Hôpital de l’Enfant-Jésus est un projet novateur qui s’inscrit dans la Stratégie de développement durable de la Ville de Québec lancée en juin dernier. Nous sommes pleinement engagés pour la réduction à la source des déchets, la décarbonisation et la lutte contre les changements climatiques. Les villes ont un rôle essentiel à jouer dans cette lutte, nous comptons bien y mettre tous les efforts », a déclaré le maire de Québec.
Impact
Tant le ministre fédéral de la santé que le maire de Québec font valoir que la valorisation des vapeurs de l’incinérateur aura des effets bénéfiques pour l’environnement.
« Les impacts rapides en matière de qualité de l’environnement, c’est une réduction de 52% de la quantité d’énergie que le CHU aura besoin d’utiliser pour ces opérations. Une bonne partie de cette énergie va venir désormais à partir de l’incinérateur de Québec. Comme une grande partie de cette réduction d’énergie va consister dans la réduction de l’usage de combustion d’énergie fossile, il s’en suivra une réduction de 94% des gaz à effets de serre », a dit M. Duclos.
Pour le ministre de la Santé, cela signifie moins d’émissions de gaz à effets de serres, une consommation d’eau moins grande et enfin une meilleure qualité de l’air à Limoilou.
Le maire de Québec a renchéri en disant que la vente des vapeurs de l’incinérateur au CHU de Québec équivaut « au retrait de 2500 voitures sur nos routes ».
Enfin, les intervenants ont convenu que ce projet en demeure à ses débuts. Les infrastructures, – quelques 2 km aller-retour de systèmes de canalisations, ainsi qu’une usine de valorisation de l’énergie – doivent encore être construites, ce qui fait qu’on ne verra l’arbre et ses fruits que dans un horizon de trois ou quatre ans.
Écoblanchiment ?
La conseillère municipale de Limoilou, Jackie Smith, regarde d’un œil sceptique les annonces qui ont été faites ce matin. Elle n’a pas mâché ses mots, en qualifiant carrément cette subvention d’écoblanchiment, dans un communiqué de presse en réaction à l’annonce.
« On ne peut pas brûler des matières qui pourraient être revalorisées et en faire de la valorisation. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est ce qu’on retrouve dans le dernier BAPE sur la gestion des matières résiduelles. » a affirmé Mme Smith.
« C’est de l’écoblanchiment, on tente de nous faire croire que l’incinération, c’est tout beau, tout propre, mais ce n’est pas le cas. L’incinérateur nuit à la qualité de l’air dans Limoilou et il n’a pas sa place dans un secteur densément peuplé », a ajouté la conseillère de Limoilou.
De fait, si on ne regarde que les émissions en provenance de l’incinérateur, il semble que rien ne change, puisque celui-ci continue de fonctionner et de brûler la même quantité de déchets. Néanmoins, comme l’a précisé un fonctionnaire de la Ville, les effets de la vente des vapeurs de l’incinérateur se feront sentir dans le grand ordre des choses.
« Il faut tenir compte du bilan global », a glissé celui-ci, en expliquant que ce projet permet de réduire les émissions de GES du CHU de Québec, et que cela contribue à améliorer la situation environnementale de la vieille-capitale.
Ainsi, Bruno Marchand a-t-il pu se défendre de faire du greenwashing, en mettant de l’avant que l’approche de l’administration municipale est réaliste, mais qu’elle n’en est pas moins ambitieuse.
« Un citoyen moyen à Québec produit 70 kilos de déchets par année. Ça, c’est de là où on part. De vouloir réduire cette somme-là, c’est dans les plans de la Ville (…). Il n’en reste pas moins que d’ici-là, il y a une matière à valoriser (…). Et en bout de ligne, même avec des objectifs ambitieux, il restera des matières à valoriser », a dit Bruno Marchand.
« Si on pense à un modèle idéal et que plus personne ne produit de déchets (…), on est dans un autre état d’esprit (…). C’est facile de se mettre une chape de vertu et de dire que ça n’a pas de sens et que c’est incroyable, mais en fonction d’où on part, c’est la meilleure des solutions », a-t-il ajouté en réaction aux propos de Jackie Smith.
Écoblanchiment, c’est le terme! L’idée que d’entretenir notre dépendance à la combustion de matières recyclables c’est un plus, elle est démentie par la science depuis longtemps : il y a bien plus d’énergie réutilisée dans une tonne de papier recyclé que dans une tonne de papier brulée! Pourquoi l’hôpital ne ferait pas comme tout le reste du Québec et ne s’approvisionnerait pas en hydroélectricité !? Ici au Québec, l’approvisionnement en énergie n’est pas tant un problème! L’incinération empêche la mise en place de véritables campagnes/politiques de réduction-réutilisation-recyclage : les fours ont besoin de matières calorifiques (papiers, cartons et plastiques) pour fonctionner (et pour compenser l’humidité associée aux matières compostables non compostées). Avec la valorisation, on verrouille cette dépendance. Le BAPE l’a toujours dit. Les écologistes passent leur vie à se fendre en quatre pour faire comprendre à la population les 3RV et leur signification : 1)Réduction à la source 2)réutilisation 3) recyclage et finalement si cette hiérarchie n’a pas pu être respectée, valorisation. La ville vient démonter tout ça encore une fois avec sa vision court-termiste et son manque de courage. Elle nous promet une diminution des quantités incinérées et la fermetures de fours depuis les 20 dernières années mais la réalité c’est l’augmentation du tonnage brûlé. La vraie couleur de Bruno Marchand nous est dévoilée de plus en plus ! Et ce n’est pas le vert !