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InnoVitam : une catastrophe à venir pour les citoyens de Maizerets selon des collectifs universitaires

Gens réunis pour la conférence sur la ZILEConférence : La ZILE contre les communautés locales à La Korrigane. Crédit photo : Sophie Williamson.

La planète s’invite à l’Université Laval et Univert Laval ont tenu jeudi soir une conférence à La Korrigane portant sur la Zone d’Innovation Littoral Est (ZILE), nouvellement appelée « InnoVitam ».

Le projet s’insèrerait selon eux dans un plus grand mouvement politique et social qui s’opérerait à Québec, soit « la silicolonisation de la vallée du Saint-Laurent ».

Il ne porterait non seulement préjudice aux communautés locales de Maizerets, mais à tous les citoyens de Québec en les « dépossédant de leur territoire et de leur fleuve », au profit de grandes entreprises privées.

Une vision coloniale et capitaliste du monde

TG, impliqué dans la lutte, présente les enjeux soulevés par la ZILE. Il retrace la genèse de l’idée d’un « parc-techno-industriel » en débutant par le désir de François Legault de faire de la vallée du Saint-Laurent une « Silicon Valley ».

La vision du premier ministre serait la suivante : le Québec étant perdant dans l’économie mondiale, puisqu’il importe plus qu’il n’exporte, il faut lui trouver une nouvelle niche qui attirerait les investisseurs privés à l’international. Cette niche, c’est la haute-technologie.

C’est la concrétisation selon les militants de « cette ambition coloniale et extractiviste du Plan Nord ». Cette volonté dite capitaliste s’actualiserait dans les 23 différentes Zones d’innovation technologique prévues à travers le Québec.

TG prend comme exemple la Zone d’innovation Sherbrooke quantique qui vise à développer le secteur du quantique. Selon lui, « un ordinateur quantique pourrait faire une bouchée des informations sécurisées, ce qui laisse croire que ça donnerait lieu à toute forme de surveillance ».

Dans Maizerets, avec la ZILE, on rencontrerait un problème semblable, puisque le complexe HLM de la tour St-Pie X serait notamment surveillé en continu. « Un quartier défavorisé, c’est intéressant à surveiller, affirme TG. Ils vont pouvoir récolter des données, suivre les humeurs de la population et surveiller les comportements des consommateurs. »

En somme, la ZILE témoigne de l’accélération d’une politique à visée économique et marchande et du contrôle algorithmique des populations, sous l’égide du « sacro-saint Progrès ».

« L’instauration d’une Zone d’innovation vise à capitaliser nos habitudes de vie, essayer de nous accrocher pour recueillir des informations pour nous vendre de la schnout », résume TG.

Les principaux ennemis

On comprend donc que le principal responsable de « cette dépossession » est le gouvernement caquiste avec à sa tête François Legault.

TG explique d’ailleurs que le conseil d’administration des Zones d’innovation sur le territoire québécois se conforme à un modèle de gouvernance imposé sur la CAQ. C’est-à-dire qu’il sera présidé par le milieu des affaires et surtout composé par les entrepreneurs privés qui y partagent un intérêt économique. Peu d’intervenants publics y siègeront et devront le faire bénévolement.

Toutefois, c’est l’incubateur « 2 Degrés » qui est identifié comme la principale menace, « puisqu’il matérialise les ambitions de la ZILE et occupe physiquement un territoire dans la zone ».

En effet, « 2 Degrés » est l’organisme engagé par la Ville de Québec en mars 2021 pour un total de 700 000$. Il est situé dans les locaux du cégep Limoilou.

Selon les militants, l’incubateur est celui qui donnera concrètement naissance aux entreprises privées et tentera de raccorder la ZILE aux marchés internationaux, ce pourquoi il est l’ennemi premier.

Le tramway comme partie du problème

Le tramway est aussi un élément qui contribue à « l’exacerbation des processus de gentrification et la refonte d’un paysage commercial adapté aux appétits consuméristes de la classe travailleuse spécialisée qu’on tente d’y attirer ».

Selon les militants, le tramway sert à la techno-industrialisation du Québec par le transport du capital humain vers et hors du lieu de travail. Le tramway aurait été pensé et servirait « aux industries et à la spéculation foncière », en harmonie avec le troisième lien.

Tous les liens pensés ensemble par la CAQ et les municipalités formeraient une genre de toile économico-industrielle reliant ensemble les lieux d’innovation technologique. Ils permettraient de faciliter la mobilité des nouveaux joueurs québécois de l’économie mondiale.

D’ailleurs, dans le zine « L’asile face à la ZILE », la Ville est qualifiée de « créature administrative provinciale vouée à la reproduction des mécanismes de domination sur le territoire municipal ».

Ce qui règne à l’Hôtel de ville serait donc la chambre des commerces et le milieu des affaires, sous les commandes de la CAQ. Les retombées économiques des Zones d’innovation ne profiteraient finalement même pas au Québec selon les militants.

Les conséquences anticipées de la dépossession

Ce que les militants craignent est « l’expulsion des populations locales de Maizerets, de la même manière que s’est effectuée l’expulsion des populations vulnérables de Saint-Roch, au courant des années 1970, pour faire place à des autoroutes ».

En gros, le projet de la ZILE répondrait à un « jeu spéculatif de pression foncière » qui forcera les communautés marginalisées à se déplacer et à disparaitre en périphérie.

La crainte est donc que le phénomène de gentrification observé à la Silicon Valley à San Francisco, où l’écart entre les riches et les pauvres continue de se creuser, se réalise à Québec.

Les inégalités y sont marquantes : les véhicules de luxes croisent des véhicules récréatifs qui servent de maisons, les sans-abris côtoient les employés qui quittent leur appartement luxueux en route pour le siège social du groupe Alphabet, corporation propriétaire de Google.

La crainte est que les valeurs spéculatives triomphent à Maizerets et que la ZILE en face un lieu inhabitable, accaparé par les hautes classes de la société.

Une vocation communautaire pour le garage de la Canardière

Les militants qui s’opposent à la ZILE veulent que ce soit un centre social autogéré qui voit le jour sur le territoire des garages municipaux dans Maizerets. Tout développement devrait selon eux permettre de diminuer les inégalités sociales.

Ils rêvent donc d’un lieu « d’accueil, de permaculture, de création, de partage, de festivités », par et pour les communautés locales.

Ce sont ainsi deux manières d’entrer en relation avec le monde qui sont distingués par les militants, soit d’abord un rapport colonialiste de domination, de possession et d’exploitation, entériné par la ZILE. Cette vision du monde capitaliste s’oppose à une relation de soin, de guérison et de partage avec la nature.

L’une est vouée selon eux à la destruction du monde. L’autre permettrait de retrouver « le sens du vivant », non-humain et humain, et « l’expérience de ce que signifie vivre en commun ».

*Les citations sont extraites du zine qui présente une enquête sur la ZILE, « Qu’est-ce qui se cache derrière la ZILE ? », distribué lors de la conférence.

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