Le chef de Québec 21 a ouvert une boîte de pandore à la réunion du conseil de ville lundi soir, lorsqu’il a accusé le maire d’avoir manqué de transparence en ne rendant pas certaines études publiques.
Par Gabriel Côté
Éric Ralph Mercier maintient que les élus de son parti ont été « bons joueurs » en posant des questions « constructives et pertinentes ». Mais il s’est encore une fois dit déçu de certaines réponses.
« Parfois, c’était réussi, d’autres fois, c’était vraiment difficile », a-t-il tonné. Puis, avec une certaine théâtralité, il a dénoncé un manque de transparence de la part de l’administration Marchand, et aussi de l’administration précédente, à la lumière de la publication dans le Journal de Québec d’une étude qui n’a pas été rendue publique par la Ville.
« C’est donc à la noirceur de l’aube, jeudi matin, qu’on a appris à regret, dans les médias, certains impacts que le projet allait avoir. Comme transparence sur un projet, on a déjà vu mieux. Le problème, c’est que le projet drapé dans un voile d’opacité, on l’a vu avec l’administration précédente. L’administration précédente qui était aussi au courant de cette étude, et qui a choisi quand elle était encore au pouvoir de ne pas la dévoiler. C’est un choix que les deux partis pro-tramway ont fait. Pas nous », a tonné M. Mercier.
Pas de problème, croit le maire
Ces propos n’étaient pas du goût du maire, qui a immédiatement répondu au chef de Québec 21. Il a à nouveau reconnu son erreur de ne pas avoir rendu publiques les études dont il était mention dans le Journal de Québec, mais il a ajouté que s’il l’avait fait, ça aurait été à son avantage.
Je vais quand même me permettre de souligner que cette étude-là a éminemment favorable à l’arrivée d’une rue partagée et à l’arrivée du tramway. On oublie de le dire, on préfère accuser sur la transparence (…). Si on avait voulu cacher cette étude, on ne l’aurait pas envoyée à des partenaires », a dit le maire.
Puis, il a souligné que l’étude en question fait mention de douze tronçons. La moitié d’entre eux verraient selon le maire leur circulation améliorée, alors que la circulation deviendrait plus difficile sur 2 de ces tronçons. Sur les quatre autres, le temps de circulation sera relativement similaire, selon les estimations qui prennent en compte l’augmentation de la circulation automobile d’ici 2028.
De l’huile sur le feu
Quelques instants plus tard, le conseiller Stevens Melançon a déploré que l’administration n’organise pas un référendum sur le projet de tramway, comme il a l’habitude de le faire à chaque séance du conseil de ville. Il s’est aussi demandé ce que fera l’administration si les sondages révèlent que les appuis au projet continuent de s’effriter, au cours de prochains mois. Il a finalement noté que le maire avait promis dix améliorations au projet, et qu’aucune de ces promesses n’avait selon lui été tenue.
Bruno Marchand a sauté sur sa chaise et il a fait un geste de découragement en entendant le conseiller de Chute-Montmorency-Seigneurial.
La conseillère de Val-Bélair, Bianca Dussault, a quant à elle déploré que des informations contradictoires se trouvent sur le site internet du projet de tramway.
À la défense du projet
La responsable des relatons avec les citoyens pour le projet de tramway, Maude Mercier-Larouche, a répondu à ses collègues, visiblement échauffée par la teneur des échanges. En référence aux remarques de M. Melançon, Mme Mercier-Larouche a dit être « la preuve vivante » que certaines des améliorations proposées par son parti en campagne électorale s’étaient concrétisées, – rappelons que le maire avait notamment promis de nommer un élu responsable des relations avec les citoyens.
Elle a aussi évoqué le ratio de compensation de 20 arbres plantés pour chaque arbre qui sera coupé, qui fait partie de ces améliorations, avant de noter que de nier l’existence de ces bonifications était de faire preuve de « mauvaise foi ».
Reprenant la balle au bond, le conseiller de Saint-Roch – Saint-Sauveur, Pierre-Luc Lachance, a quelque peu versé dans la théâtralité en remarquant que le maire a commis une erreur.
« Peut-être qu’on a fait une erreur. On a fait l’erreur de ne pas amener la chaise des générations dans la salle du conseil, pour rappeler aux collègues pourquoi on est ici », a-t-il déclaré.
M. Lachance a ensuite rappelé qu’il n’y a que les 18 ans et plus qui ont voté à la dernière élection, et que les élus municipaux doivent garder en tête qu’ils travaillent aussi pour les générations futures. Enfin, il a noté que l’urgence d’agir pour contrer les effets des changements climatiques est bien réelle.
Ce fut ensuite le tour du chef de l’opposition officielle de sauter dans l’arène. Dans une intervention qu’on pourrait dire musclée, Claude Villeneuve a mis les points sur les « i » et les barres sur les « t ».
« Je voudrais mettre les collègues en garde contre une tentation de réécrire l’histoire. Je suis désolé de le dire, mais un sondage à 500 répondants, ça ne supplante pas une élection », a-t-il dit.
Évoquant la saturation du réseau routier à Québec, il a fait la petite histoire du projet dans les dix dernières années, avant de se tourner vers les élus de Québec 21.
« Si je me disais que le projet de tramway est si impopulaire qu’on a proposé une alternative qui n’a pas été acceptée, qu’est-ce qui s’est passé ? C’est tragique là. Quand on pense qu’un projet est à ce point mauvais que l’alternative qu’on a proposé, le monde en voulait pas davantage. Si j’étais dans cette position là, soit je n’en parlerais plus, soit j’essaierais de faire partie de la solution », a-t-il tonné.
C’est finalement le maire qui a eu le dernier mot dans tous cet échange. Se plaçant dans le même état d’esprit que le chef de l’opposition officielle, Bruno Marchand a prononcé un discours passionné dans lequel il a fait valoir que le projet de tramway est le meilleur projet pour Québec, dans les circonstances actuelles.
Il a rappelé ses principaux arguments, selon lesquels la ville de Québec a besoin d’un réseau structurant de transport en commun notamment pour des raisons environnementales, mais aussi pour son bon développement. Dans un crescendo comme on n’en entend pas souvent au conseil de ville, M. Marchand a noté : « ça n’a pas besoin d’être le projet de Bruno Marchand, ça n’a pas besoin d’être le projet du maire ou de n’importe qui, ça a besoin d’être le projet d’une ville, auquel on décide ensemble d’adhérer, et comme l’a dit M. Villeneuve qu’on décide ensemble d’améliorer. »
Alors oui je vais me battre autant que faire ce peut, parce que c’est le projet qu’on peut livrer qui va avoir de l’impact sur les changements climatiques, qui va avoir de l’impact sur l’économie, et qui va avoir de l’impact sur la mobilité », a conclu Bruno Marchand.
Je cite Bruno Marchand : »c’est le projet qu’on peut livrer qui va avoir de l’impact sur les changements climatiques, qui va avoir de l’impact sur l’économie, et qui va avoir de l’impact sur la mobilité ».
. Changements climatiques : ils seront pire avec la circulation réduite ;
. Sur l’économie : on va vider le centre-ville. Les bureaux vont déménager en banlieues et les commerces vont fermer ;
. Sur la mobilité : on ne forcera pas les gens à changer d’habitudes de transport, déjà avec le télétravail, des autobus déjà vides et une desserte des banlieues qui ne sera pas améliorée.