La station d’échantillonnage promise par le gouvernement du Québec en février dernier sera installée dans le quartier Maizerets, a annoncé jeudi le ministre de l’environnement, Benoît Charette.
Par Gabriel Côté
La station sera située au 1011, rue de Vitré. Elle sera installée sous peu. « C’est une question de jour », a assuré M. Charette.
« Le choix de cette localisation tient compte des conditions climatiques, des vents, mais aussi de la possibilité de discriminer plusieurs contributeurs en fonction de la direction de ces vents-là. On parle de l’incinérateur, on parle du Port de Québec, on parle d’autres industrie qui sont dans la zone industrielle Canardière », a expliqué Mathieu Alibert, directeur de division Prévention et contrôle environnemental à la Ville de Québec.
De plus, la Ville s’engage à installer trois stations temporaires, et le Port de Québec prêtera une station mobile pour mesurer la qualité de l’air à divers endroits.
Les données de ces cinq stations seront mises en commun et partagées avec la communauté scientifique, a expliqué le maire de Québec en point de presse jeudi matin.
En plus de ces nouvelles stations, la municipalité compte « densifier le maillage de capteurs déjà prévu par les citoyens » dans le projet Limoil’air, en ajoutant une quinzaine de capteurs sur des bâtiments municipaux, a souligné Mathieu Alibert.
« La Ville s’est positionnée en leader dans cette nouvelle collaboration qui s’amorce. Je suis fier de pouvoir compter sur l’accompagnement scientifique d’équipes de chercheurs, dont l’Institut national d’optique (INO) ainsi que de l’Université Laval dans l’analyse des données qui seront recueillies. Nous entrevoyons cette première étape comme l’annonce d’une collaboration sur le long terme. Je souhaite que cette collaboration puisse s’étendre à d’autres secteurs de la Ville au cours des prochaines années », a déclaré Bruno Marchand.
Nickel
Confronté à propos de l’apparente contradiction dans le fait de hausser la norme de nickel d’abord, et de mesurer la qualité de l’air ensuite, le ministre Charette a répondu qu’il est important « de ne pas mélanger les dossiers ».
Selon lui, l’analyse de la qualité de l’air devra permettre de faire un « portrait de situation sur la qualité de l’air en général », avec divers contaminants. Quant au nickel, a-t-il dit, une démarche de plusieurs années a permis au gouvernement de voir que la hausse de la norme « n’affectera pas la santé des gens du secteur ».
« Il faudra s’assurer que la nouvelle norme soit respectée, que la nouvelle norme ne soit pas dépassée », a-t-il ajouté, en assurant que le nickel sera l’objet d’une mesure dans les stations d’échantillonnage.
Pour sa part, le maire de Québec assure qu’il n’a pas changé sa position sur le nickel. Il considère néanmoins que l’installation de nouvelles stations est « vraiment une grande nouvelle ».
« La capacité de venir dire qu’on va être capable de savoir avec des faits, avec des capteurs de haut niveau, avec une analyse conséquente des données qui sont publiques, jamais dans l’histoire de la ville on est allé là. On passe à une ère moderne où on va être capable de mesurer (…) et d’avoir un constat précis, intéressant et scientifiquement approprié. La question du nickel est englobée là-dedans, mais on annonce quelque chose qui est beaucoup plus large », a-t-il ajouté.
Gagner du temps
L’ajout de nouvelles stations est une bonne nouvelle, mais qui ne satisfait pas complètement la Table Citoyenne Littoral Est. « On a un peu l’impression qu’on cherche encore à gagner du temps, en faisant d’autres études plutôt qu’en agissant », explique en entrevue Marcel Paré, cofondateur et administration de la Table. « Ça fait tellement longtemps qu’on dénonce les problèmes de la qualité de l’air que ça va en prendre beaucoup pour nous satisfaire. »
Selon M. Paré, la décision d’installer de nouvelles stations d’échantillonnage est le fruit de la pression populaire. Il reconnaît d’ailleurs un véritable changement dans la façon de procéder de la municipalité depuis l’élection de Bruno Marchand. « Le maire au moins a le courage de dire qu’on va se mettre ensemble et qu’on va regarder les choses en face. C’est un nouveau discours qu’on entend, on n’était pas habitué à ça avec l’ancienne administration », dit-il.
Réactions
« Nous sommes très content de l’annonce de ce matin. On salue le clin d’œil à limoil’air, et la volonté de l’administration de prendre acte du travail des citoyens. On veut aussi saluer l’initiative et la participation du Port à l’effort. Toutefois, on trouve qu’on travaille à l’envers, et qu’il est absurde d’avoir haussé la norme de nickel avant d’avoir un bon portrait de la situation », a déclaré le chef de l’opposition officielle à la Ville de Québec, Claude Villeneuve.
« La mise en place de nouvelles stations pour mesurer la pollution de l’air, dont les données seront partagées avec le public, c’est une grande victoire pour la population de Québec qui se mobilise depuis maintenant 10 ans pour une meilleure qualité de l’air. Cette annonce vient encore miner la hausse de la norme de nickel du ministre Charette, qui reconnaît qu’il y a un manque de données, mais qui va tout de même de l’avant avec sa hausse. » dit Jackie Smith, cheffe de Transition Québec et conseillère municipale de Limoilou
« C’est une bonne nouvelle, mais nous aimerions que cette initiative ne soit pas seulement de courte durée, et que les échantillonnages se fassent en continu, pour faire un meilleur suivi. Évidemment, il ne faut pas se limiter aux mesures : il faut aussi poser des gestes en conséquences. On s’attend à ce que le gouvernement joue son rôle de régulateur et qu’il applique les mesures nécessaires pour faire respecter les règlements et améliorer la qualité de l’air. Enfin, s’il y a des dépassements, on s’attend à ce que les contrevenants soient tenus responsables », a déclaré Marjorie Ramirez, du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.
Plus de détails suivront…
Commentez sur "Une station de mesure de la qualité de l’air sera installée dans Maizerets"