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Aeria : l’art suspendu dans les airs et dans le temps

L'actrice jouant le rôle de Marguerite Martin, l'artiste Jérôme Trudelle, la Secrétaire-directrice générale Annie Martin et Stéphane Roy, directeur des affaires muséalesOeuvre Aeria - (De gauche à droite) L'actrice jouant le rôle de Marguerite Martin, l'artiste Jérôme Trudelle, la Secrétaire-directrice générale Annie Martin et Stéphane Roy, directeur des affaires muséales. (Photo : Juliette Nadeau-Besse)

L’artiste Jérôme Trudelle présente Aeria, une exposition alliant histoire, humanité et arts visuels au Musée des plaines d’Abraham. Un trajet de huit sculptures suspendues met en valeur l’humanité et la vulnérabilité derrière des personnages historiques marquants.

Par Juliette Nadeau-Besse

Entourés d’objets suspendus, les personnages d’époques variées sont tous ancrés dans des facettes de l’histoire des plaines d’Abraham. Le concepteur sonore Josué Beaucage signe les ambiances musicales créées pour accompagner chacune des scènes d’Aeria.

L’ensemble des détails au sujet des personnages et de la confection des œuvres est offert aux visiteurs à l’aide de tablettes électroniques, afin de libérer la pièce de quelconques panneaux d’interprétation. Les visiteurs sont invités à suivre un trajet de feuilles au sol pour découvrir le fil des scènes présentées.

L’art au service de l’histoire

Les émotions transmises dans les sculptures permettent aux spectateurs de découvrir l’humanité et la poésie derrière le patrimoine des plaines. L’artiste Jérôme Trudelle a sélectionné huit moments forts de l’histoire de la Nouvelle-France afin de raconter différemment la vie des personnages historiques. Il a travaillé de pair avec l’historien Luc Nicole Labrie afin que chaque détail de l’œuvre respecte le réalisme de l’époque.

La sculpture de la Corriveau fait découvrir les enfants qu’elle a laissé dans le deuil après sa condamnation, alors que l’ultime œuvre des généraux Montcalm et Wolfe fait ressortir leur vulnérabilité et leurs épreuves respectives. L’exposition Aeria offre aux spectateurs une interprétation de l’histoire davantage humaine qu’historique, explique Annie Talbot, Secrétaire-directrice générale de la Commission des champs de bataille nationaux.

La technologie au service de l’art

Le sculpteur aérien a fait affaire pour la première fois avec La Chambre blanche, atelier situé dans le quartier Saint-Sauveur. Les laboratoires de la Chambre blanc ont permis à Jérôme Trudelle de travailler avec de nouvelles technologies, comme la photogrammétrie, la modélisation 3D et la découpeuse laser.

La photogrammétrie et la modélisation 3D ont permis aux créateurs de capturer la pose de modèles vivants dans les traits les plus fins afin de reproduire les expressions faciales des acteurs ainsi que les détails des costumes d’époque.

La découpeuse laser a ensuite détaillé chacune des tranches de carton composant les personnages, des plus grandes aux minuscules. Cette approche a été choisie plutôt que l’imprimante 3D par souci de réaliser des personnages de grandeur réelle et pour son coût avantageux. Le carton permet également une transparence et une légèreté plus inspirantes que d’autres matériaux.

Les sculptures sont composées en moyenne de mille morceaux de carton taillés au laser, sans compter les parcelles de plâtre flottantes. L’assemblage et la découpe d’un seul personnage ont pu prendre jusqu’à trois jours de travail.

La légendaire Marie-Joseph Corriveau est représentée dans son rôle de mère plutôt que comme meurtrière
La légendaire Marie-Joseph Corriveau est représentée dans son rôle de mère plutôt que comme meurtrière. Photo : Juliette Nadeau-Besse

Jérôme Trudelle : artiste à découvrir

Pour l’artiste de 27 ans, la sculpture suspendue permet particulièrement le mouvement et le dynamisme dans l’exposition. Avant tout, il cherche à montrer une émotion et raconter une histoire à travers les arts visuels.

Jérôme Trudelle estime que le mouvement des morceaux de plâtre agit comme la reliure d’un livre guidant la lecture de l’histoire. Celle-ci commence avec Marguerite Martin, épouse d’Abraham Martin, représentée enceinte, portant dans son ventre le premier enfant né en Nouvelle-France. Son corps se transforme en arbre, rappelant les racines qu’elle a fait grandir dans son nouveau chez-soi. Le récit se conclut sur Wolfe et Montcalm, représentant le point culminant de l’histoire des plaines d’Abraham.

Jérôme Trudelle a complété son baccalauréat et sa maîtrise en arts visuels à l’Université Laval. Il enseigne actuellement au Cégep Garneau, en plus de présenter sa quatrième exposition en solo. La conception d’Aeria a commencé en septembre 2021, la production s’est enclenchée en janvier dernier et finalement l’installation s’est mise en route en avril.

L’exposition est ouverte au public à partir du 16 juin 2022.

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