L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) a décerné à l’autrice Valérie Forgues la bourse Jean-Pierre-Guay pour son œuvre à venir sur le refus de la maternité. La bourse Jean-Pierre-Guay, créée en 2012, est accordée à un membre de l’UNEQ pour un projet en cours d’achèvement. Dans un café de Saint-Roch, à quelques pas de chez elle, la lauréate Valérie Forgues se confie sur la signification de son roman à paraître.
Par Juliette Nadeau-Besse
Mi-roman, mi-témoignage, le prochain livre de Valérie Forgues racontant de son refus d’être mère devrait être publié au printemps 2023. Ramanchée – titre voué à changer d’ici la publication – raconte l’expérience personnelle de l’écrivaine entourant son interruption volontaire de grossesse en 2011. Bien que le format permette parfois de s’éloigner de la réalité, la base du récit est fondamentalement personnelle.
Loin d’elle l’idée de généraliser son expérience ou de moraliser les choix des autres; pour Valérie Forgues, « il y a autant de façon de vivre ça que de personnes qui vont le vivre ». Les avortements sont souvent vécus dans le silence, la honte et le secret, ajoute-t-elle.
Choisie à l’unanimité
Le jury de la bourse Jean-Pierre-Guay a choisi à l’unanimité le projet de Valérie Forgues et les bons mots des juges l’ont fortement encouragée dans la finalisation de son livre. La réception de la bourse est arrivée à une étape important de la rédaction. À un moment de questionnements à savoir si son histoire intéresse réellement les lecteurs, la bourse de l’UNEQ rassure Valérie Forgues sur son œuvre.
L’autrice se dit touchée de recevoir autant de bons mots sur son livre traitant d’un sujet si sensible et peu abordé. Bien qu’elle souhaite que son livre ouvre des espaces de discussions sur le refus de la maternité, Valérie Forgues ne cherche certainement pas à confronter les mères ou les autres personnes ayant choisi de chemins différents d’elle.
Une épreuve silencieuse
Dès son expérience d’interruption volontaire de grossesse au début de sa trentaine, Valérie Forgues savait qu’elle écrirait un jour à ce sujet. Le refus de porter un enfant était si ferme et puissant pour la jeune femme, ce qui ne l’a pas empêché de vivre des émotions extrêmement éprouvantes. Malgré un choix éclairé, des nombreuses questions peuvent surgir lors d’une interruption de grossesse. « Comment ça j’ai de la peine de même? J’en veux même pas! » se demandait Valérie Forgues à l’époque.
De nombreuses questions demeurent non résolues pour l’écrivaine, mais elles sont apaisées par la mise sur papier de son histoire. Plus de 10 ans après les événements, Valérie Forgues n’a aucun regret. Dans un contexte de crise climatique, d’abondance technologique et de tueries dans les écoles, il demeure impensable pour la femme de 42 ans de mettre au monde un enfant.
Roe c. Wade : « Complètement effrayant »
Quelques jours après la remise de la bourse Jean-Pierre-Guay à un roman racontant un avortement, la Cour Suprême des États-Unis invalidait le jugement Roe c. Wade qui protégeait le droit des Américaines à l’avortement. Pour Valérie Forgues, rien ne devrait forcer quelqu’un à poursuivre une grossesse non désirée. « Je trouve ça complètement effrayant! » lance-t-elle au sujet des lois restreignant l’accès à l’avortement.
Valérie Forgues estime qu’il faut ouvrir la discussion et souhaite participer à une forme de libération de la parole des femmes. L’œuvre d’une vie, Regret d’être mère, L’envers du landau : de nombreux livres ont été marquants pour l’autrice, tant dans l’écriture de Ramanchée que dans sa vie personnelle. « Ces histoires-là sont super importantes, parce que quand tu n’es pas certain de vouloir un enfant et tu te dis : « ça n’a pas l’air si facile que ça » il y a tellement d’histoires de personnes qui ont de la misère, » explique Valérie Forgues.
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