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Librairie Saint-Jean-Baptiste : refuge unique de résistance

Librairie Saint-Jean-Baptiste 2022. Photo: Marie-Ève Groleau

David Mordret, propriétaire de la librairie Saint-Jean-Baptiste sur la rue Saint-Jean nous a accueilli à l’occasion d’un entretien autour d’un café, sous forme de discussion philosophique.

Par Marie-Ève Groleau

Depuis 16 ans, la librairie Saint-Jean-Baptiste tient le fort dans le quartier du même nom. À l’occasion du 12 août prochain, journée du livre québécois, nous avons eu la chance de discuter librement avec David Mordret, pour qui les livres ont toujours peuplé sa vie.

« Ma mère, qui était professeure nous faisait lire abondamment. À l’adolescence, j’allais voler des livres dans la bibliothèque maternelle, puis une copine m’a fait découvrir Milan Kundera. C’est la faute à l’amour si j’ai découvert Kundera! Blague à part, je lisais tout ce qui me passait par la main, je lisais à peu près n’importe quoi selon la réputation des auteurs. Certains permettent de découvrir d’autres auteurs qu’on ne connait pas! De fil en aiguille, on spécialise nos idées et nos goût », amorce David Mordret.

La librairie, devenue un café, puis une salle intimiste de présentations publiques, invite les habitués du quartier autant que les touristes curieux.

« Les meilleurs livres, c’est ceux qui me donne un coup de poing dans la face, les livres qui me montrent crûment comment sont les hommes et l’humanité en général. Un peu de beauté aussi fait du bien, bien sûr! », décrit le libraire, le sourire en coin.

Résistance

Se poser, sortir de la vitesse, des machines et prendre le temps de lire, d’assimiler un texte sont des aspects qui décrivent la vision qu’affectionne le propriétaire.

« L’idée de départ d’ouvrir la libraire, il y a 16 ans a commencé avec un passage d’une œuvre de Jacques Poulin. Dans le livre La Tournée d’automne, il y avait une image d’une vitrine de librairie éclairée d’une lumière dorée. La librairie est vue comme un refuge, un asile dans les deux sens du terme. Au début, on voulait offrir une alternative à la télévision!  Je me disais que le lieu contribuerait à me rendre plus intelligent et la communauté aussi ! J’avais l’idée utopique de réunir dans un même endroit la plupart des grands classiques du monde entier! La librairie, je la vois comme un lieu de résistance contre les temps modernes! », partage-t-il avec ferveur.

Suggestions de livres québécois 

La conversation avec David Mordret est teintée de suggestions de grands classiques de la littérature québécoise.

« De Pierre Falardeau, La liberté n’est pas une marque de yogourt! À une heure où l’on ne dit plus rien, à l’heure de la propagande, relire Falardeau est impératif ! Je suggère poésie et essais québécois pour le 12 août! Il y a évidemment Pierre Vadeboncoeur, l’un des plus grands intellectuels québécois, un destructeur d’institutions, le titre Lettres et colères ou Les grands imbéciles ! En poésie, il faut lire Michèle Lalonde, pas juste Speak white, mais l’ensemble de son œuvre est magnifique ! Je suggère aussi plusieurs titres de Gaston Miron et de Bernard Emond ! »

Plusieurs autres suggestions de lecture ont été lancées.

« Le premier livre qui me passe par la tête ? Les Cavaliers de Joseph Kessel ! Je suggère de relire la traduction québécois de 1984, une œuvre de génie, une réédition de Celia Izoard, une française qui habite au Québec, un travail de maître ! », raconte-t-il, passionné.

Les prochaines activités à la librairie ; une prestation de Jérome 50, un vernissage et plusieurs autres présentations publiques à surveiller au courant de la fin de l’été et de l’automne.

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