Le Regroupement pour un cégep français (RCF) composé d’enseignants continue de faire des gains, dont l’appui de la FNEEQ, mais leur objectif ultime est de rallier le prochain gouvernement provincial à la cause.
Le RCF a vu le jour il y a un peu plus d’un an et a maintenant l’appui de 41 syndicats sur 48. Le Cégep Limoilou a d’ailleurs été le 39e cégep à joindre le mouvement le 31 août dernier.
Néanmoins, la grande victoire pour le groupe est le fait d’avoir réussi à renverser la décision de septembre 2021 de la Fédération nationale des enseignants et des enseignantes du Québec (FNEEQ-CSN) le 8 septembre dernier lors d’un vote secret.
Jean-François Vallée est un membre fondateur du RCF. Il explique que leur demande principale est d’étendre la loi 101 au collégial. « Les autres mesures vont être un coup d’épée dans l’eau, assure-t-il. Ça peut endiguer un peu le flot, mais le cégep anglais est tellement attirant, notamment pour le nouveaux arrivants qu’il faut faire quelque chose. »
Selon lui, le gouvernement « n’a pas le choix de limiter l’accès au cégep anglais aux anglophones ayant droit » par le biais de la loi 101 pour contrer le déclin du français. « Personne n’aime interdire, mais l’absence d’interdiction fait que le réseau anglais se renforce », laisse-t-il tomber.
Pour le RCF, si la loi 101 n’est pas appliquée au cégep, on peut s’attendre « à un déclin accéléré du français dans le réseau collégial et sur le marché du travail ».
Cinq constats « accablants »
Le mouvement s’appuie sur le constat que « le financement gouvernemental du réseau des cégeps anglais n’est pas proportionnel au poids démographique des anglophones (8,8% du poids pour 19% des places) ».
Par ailleurs, il déclare que les cégeps anglais sont « principalement fréquentés par des non-anglophones (2/3) » et que la situation génère une « concurrence malsaine » entre les cégeps français et anglais.
Le RCF constate aussi que les cégeps anglais « soient devenus des cégeps d’élite, choisis par les étudiants aux plus fortes cote R et inaccessibles à certains anglophones moins performants ». On compterait conséquemment plus de 20 000 places libres dans le réseau francophone.
« Les cégeps anglais sont tellement populaires que plusieurs souhaitent augmenter de taille, notamment Dawson, affirme à ce sujet Jean-François Vallée. Et Legault heureusement a colmaté cette brèche-là. Si on a un gouvernement conservateur de Duhaime ou libéral, il y a des fortes chances qu’ils choisissent de donner la subvention à Dawson, parce que c’est leur électorat. »
Finalement, l’état des lieux au collégial contribuerait selon le Regroupement « d’une manière significative à l’anglicisation de la population en général ». D’après Statistique Canada, fréquenter une institution anglophone multiplie par 12 les probabilités de travailler en anglais.
Appui d’une grande organisation : l’espoir est permis
Selon Jean-François Vallée, les 42 victoires passées, surtout le changement de position de la FNEEQ qui était au départ contre l’extension de la loi 101 au collégial, laissent présager le meilleur.
« La grosse marche c’était la FNEEQ, soutient-il, notamment parce que la Fédération compte de nombreux délégués anglophones. Maintenant tout est possible. »
Quant à l’appui espéré des aspirants au gouvernement provincial, il note que le Parti québécois appuie déjà l’application de la loi 101 au collégial. Par ailleurs, Gabriel Nadeau-Dubois a fermement soutenu la semaine dernière que son parti était contre.
« C’est incroyable, commente Jean-François Vallée. Il était à Trois-Rivières au moment du vote de la FNEEQ. Il était à un coin de rue en train de faire sa conférence le soir […] Québec solidaire devrait tenir compte de cette nouvelle réalité pour évoluer sur la question. »
En outre, M. Vallée explique que l’espoir du RCF est que la position de la CAQ évolue sur cette question puisqu’elle a « déjà fait un premier pas avec la loi 96 ». Il estime toutefois que la CAQ gouverne « avec des compromis » et que François considère l’idée d’étendre la loi 101 au collégial est extrême.
« On entend souvent dans la perspective multiculturaliste canadienne que défendre le français c’est raciste, que c’est rétrograde, que c’est colonialiste, lance M. Vallée. Malheureusement, plusieurs personnes ressentent un malaise à le défendre. »
Bien que seul le PQ s’engage pour le cégep en français, le RCF se veut un mouvement trans-partisan et espère que le plus de partis possibles vont l’appuyer.
« On ne se fait pas d’idées, il va falloir vraiment qu’il y ait une grosse pression, ajoute-t-il. Il faut convaincre toute la CSN […] On parle de centaines de milliers de travailleurs. Ajoutons à ça la FEC-CSQ et ça devrait être plus facile parce qu’il y a moins de cégeps anglais. »
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