On entend de plus en plus parler des changements climatiques et de leurs effets sur l’environnement, mais on est loin de tout savoir à ce sujet. Je me suis intéressée à ses impacts sur la biologie marine (l’environnement et les espèces) et sur la manière dont on peut protéger l’écosystème marin.
Par Mélissa Gaudreault
D’abord, on peut observer des variations extrêmes de température (chaude ou froide) qui engendre une hausse du taux de gaz carbonique (CO2) présent dans l’eau et donc une baisse du niveau d’oxygène ou même l’apparition de zones sans oxygène (dead zone) ainsi qu’une diminution de la biodiversité.
« L’océan est un milieu extrêmement hétérogène, donc on va avoir par exemple du côté de l’Arctique un réchauffement qui va être beaucoup plus rapide. Il va y avoir plus de CO2 dans l’eau et quand il y a du CO2 dans l’eau, ça va faire baisser le PH. Dans le Golfe du Saint-Laurent, il va y avoir du réchauffement mais parfois aussi un refroidissement et moins d’oxygène. On peut aussi observer des pics de chaleur et de froideur, des extrêmes beaucoup plus longs et fréquents. Dans ces temps-là, c’est très difficile pour certains animaux spécialisés de s’adapter et de recoloniser. Ça va faire baisser la biodiversité. » – Caroline Côté, guide animalière en animation et biologiste à l’Aquarium du Québec
Dans le fleuve, explique-t-elle, les herbiers aquatiques vont parfois disparaitre complètement si l’eau n’est plus propre pour être remplacés par des algues. L’absence d’herbiers aquatiques affectera la survie de certaines espèces comme les éperlans et le bar rayé qui s’en servent comme pouponnières.
Selon une étude menée par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC, p.20), les changements climatiques vont entrainer une augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes de pluie, ce qui causera une hausse du niveau de l’eau jusqu’à des débordements (ex. : inondation de la rivière Sainte-Anne). Il y aura également des débordements d’eaux usées qui vont se déversées dans les cours d’eau et les contaminer (ex. : rivière Saint-Charles).
Les impacts sur les animaux
Les changements climatiques vont non seulement avoir un effet sur l’environnement marin mais aussi les espèces qui y vivent.
D’après la biologiste, on verra une diminution de la quantité de krill et donc de nourriture pour certaines espèces comme les baleines, les requins et les anémones.
Le Gulf Stream va ralentir et affecter le Golfe du Saint-Laurent. Ce phénomène va par exemple avoir un effet sur le retour de la morue, qui avait disparu pendant un moment, en raison d’une baisse de nourriture et d’oxygène.
Certains animaux vivant normalement dans les eaux chaudes (ex. : homard) vont être plus présents dans les régions nordiques comme le Québec. Le réchauffement de l’eau poussera les espèces du sud à monter vers le nord en raison de fortes chaleurs et celles du nord à remonter le nord. Elles vont parfois être prises au piège puisque ce ne sont pas leurs habitats naturels et elles ne trouveront pas nécessairement de la nourriture dans ces endroits.
Certaines, comme les mulettes, vont même disparaitre totalement. S’il n’y a plus d’animaux, les algues vont s’étendre et la recolonisation sera plus difficile après, nous apprend-t-elle.
Protéger l’écosystème marin
Au vu de ces données sur les impacts des changements climatiques sur la biologie marine, il est essentiel de protéger l’écosystème marin et il est possible de le faire de plusieurs manières.
Caroline Côté aborde le respect des quotas pour les pêcheurs et la protection de plusieurs zones vulnérables. Elle recommande de donner une plus grande place aux biologistes et de suivre les conseils des scientifiques dans divers domaines comme le tourisme durable. Ils peuvent par exemple nous dire quelle est la vitesse suggérée à utiliser en bateau pour éviter de perturber les baleines. Il faut aussi à un certain point laisser la nature vivre, car ce n’est pas une ressource inépuisable et nous en avons besoin pour vivre. À Québec, on a enlevé les murs de béton le long de la rivière Saint-Charles ; ce geste a revitalisé la rivière et on a vu réapparaitre les anguilles.
Le Port de Québec a rejoint la longue liste d’organisations utilisant RightShip, un outil numérique qui permet de mesurer et gérer les émissions de gaz à effet de serre (GES) des bateaux qui entrent et sortent de son territoire.
D’après l’étude du MELCC mentionnée plus haut, contrôler les eaux de pluie à la source ainsi que conserver et réaménager les milieux humides sont des pratiques qui peuvent aider à s’adapter aux changements climatiques (p.21).
Connaitre l’état des cours d’eau en les observant et en les analysant est aussi une bonne manière de protéger l’écosystème marin. Le projet Des rivières surveillées, s’adapter pour l’avenir, mené par le Groupe d’éducation et d’écosurveillance de l’eau (G3E), un organisme de Québec, étudient les impacts des changements climatiques sur les écosystèmes riverains et leur biodiversité.
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