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Ilana Pichon réalise une murale avec les enfants des écoles de Saint-Sauveur

Ilana Pichon devant la murale rue Oscar-DrouinIlana Pichon devant la murale rue Oscar-Drouin. Photo : Carrefour de Québec

Ilana Pichon est une artiste pluri-disciplinaire. Ces dernières années, elle réalise des murales au Québec, mais également ailleurs au Canada et en Europe. Installée dans le quartier Saint-Sauveur, elle se concentre, au cours de la pandémie, sur des projets locaux. En 2022, elle monte le projet ENSEMBLE qui a donné naissance à la murale rue Oscar-Drouin.

Par Estelle Lévêque

On a rarement pris autant de marches dans son propre quartier qu’au cours de la pandémie. C’est en se baladant dans le quartier Saint-Sauveur que naît l’idée de cette murale pour Ilana. Financée par l’Entente de développement culturel de la ville de Québec, l’œuvre est le résultat d’une médiation culturelle entre l’artiste et les élèves de l’école Saint-Malo et Marguerite-Bourgeoys. Après observation du quartier, les élèves ont travaillé sur des croquis de détails qui les ont interpellés. Ensuite, le medium du collage a permis d’explorer avec les élèves de nouvelles techniques de représentations. Enfin, le projet a abouti en une murale peinte par l’artiste qui rassemble ces objets symbolisés par les élèves. Au total, ce projet a nécessité une année entière de travail pour l’artiste.

Un échange riche

Sérigraphie, installations, art mural ; Ilana Pichon maîtrise des mediums créatifs variés. Avec un besoin de changer son regard sur les choses en permanence, «varier les techniques quand [elle] ne peut pas changer de lieu est une bonne solution» , nous explique Ilana. Sur le projet ENSEMBLE, il s’agissait de construire un nouveau regard en échangeant avec les élèves. «Cette liberté de regard qu’ils s’autorisent à avoir à cet âge-là, c’est ça que je cherche. En tant qu’adulte, on se limite souvent. Ils ont un lâcher-prise et un naturel dans la manière dont ils comprennent. Malgré la certaine droiture que j’ai en tant qu’adulte, ça m’a incitée à revisiter chacune des photos qu’on avait prises pendant la marche et déterminer avec une plus grande spontanéité ce qui ressortait de l’image.»

Ouvrir les yeux, valoriser l’individualité

Pour l’artiste, il s’agissait avec cette murale d’accompagner le quotidien des habitants du quartier, mais aussi des passants. Transmettre aux enfants son rapport à l’espace, à nos espaces de vie, c’était, pour la muraliste, un des buts de cette médiation avec les élèves : «Vous habitez dans votre quartier, vous faites peut-être le même chemin tous les matins, prenez le temps de faire attention à l’espace que vous traversez. C’est important de prendre conscience de ce qui nous entoure, de la singularité des choses que l’on peut traduire dans quelque chose de beau.»

Accorder de l’importance au regard individuel de chacun, valoriser la singularité et trouver du charme dans l’imperfection, c’est autant de notions qu’Ilana a abordées et redécouvert avec les élèves au cours de cette médiation.

Remettre en question la notion d’échelle

Représenter des petits objets du quotidien avec un medium de grande envergure fait réfléchir l’artiste à la notion d’échelle. «Quand t’es petit, tous les objets sont faits pour les adultes. Ça m’intrigue beaucoup. À un moment, en tant qu’adulte, on prend pour acquis que les choses sont à notre taille. Cette relation à la fois à l’objet et à l’architecture, ça a un coté très ludique.»

En peignant des pamplemousses, des papayes ou des frites de un mètre de haut. Ilana Pichon aime créer un espace de magie où tout est possible. Elle trouve, dans la conception de la réalité des enfants, un lâcher-prise qui offre une nouvelle manière de regarder. L’artiste aime voir les choses à la manière de Alice aux pays des merveilles, où l’échelle des objets est démesurément grande ou petite, où on raconte la réalité sous un angle différent, «de façon drôle et colorée.»

La murale Rue Oscar-Drouin. Photo : Carrefour de Québec.

Projets à venir

Concernant ses projets à venir, Ilana envisage avec hâte l’été prochain qui sera synonyme de nouvelles œuvres murales. «Je trouve que c’est le fun de pouvoir communiquer aux gens ce que tu fais et pourquoi c’est là. Il y a un coté très riche dans le fait de travailler en extérieur, avec des gens qui passent et posent des questions, s’intéressent à l’œuvre en cours de création.»

Également, elle travaille en ce moment sur des sérigraphies pour l’exposition du 50e d’Engramme, une exposition qui prendra place fin octobre. L’art mural étant une technique très énergivore, la balance qu’offre le fait de travailler en atelier sur des installations ou de la sérigraphie au cours de l’hiver est primordial dans son travail. «L’un complète l’autre, apporte de la variété, des influences dans la création.»

Sur un plus long terme, l’artiste aimerait revivre l’expérience de travailler avec des élèves, mais dans un autre pays. Travailler sur une architecture et une culture différente serait, pour Ilana, un nouveau défi à explorer.

«J’aime observer le territoire, les géographies, la façon dont les gens vivent et le lien qu’ils ont avec leur territoire, l’empreinte qu’ils ont sur lui. J’aime voyager, voir ailleurs parce que c’est stimulant, mais j’aime aussi ça parce que ça me permet, quand j’arrive chez nous, de revoir comme c’est beau. J’aime les sapins, j’aime que ça soit bleu partout puis qu’il y ait du blanc toute l’hiver. C’est important, ça rend les choses riches.»

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