Des citoyens de la Haute-Saint-Charles ont reçu ce mardi leurs contenants et leurs sacs mauves, ce qui annonce le commencement d’une « nouvelle ère pour la biométhanisation » à Québec.
En effet, le début de la collecte permettra la mise en service progressive du centre de biométhanisation de la matière organique (CBMO) situé en face de la station de traitement des eaux usées de l’est, sur la rue du Ressac, près de la Baie de Beauport.
Un pas vers « une ville plus verte et responsable »
À terme, l’objectif de la Ville de Québec est que la valorisation des matières organiques produise 73 000 tonnes de digestat, un engrais naturel qui sert à fertiliser les sols agricoles.
Le procédé produira également 10,2 millions de mètres cubes de gaz naturel renouvelable qui sera injecté dans le réseau d’Énergir. Une entente de 100 M$ sur vingt ans a d’ailleurs été établi entre la Ville de Québec et Énergir en 2019.
« Ensemble, nous contribuerons à la transition énergétique en créant de l’énergie avec nos déchets, affirme le maire de Québec Bruno Marchand. Nous adoptons une méthode efficace, facile et qui fait déjà l’envie d’autres villes partout dans la province et au Canada. »
Il ajoute que les citoyens « vont pouvoir contribuer efficacement à la lutte aux changements climatiques » avec « un petit geste simple ». Le maire espère faire de cette nouvelle pratique « l’affaire de tous ».
La vice-présidente du comité exécutif responsable de l’environnement et de la gestion des matières résiduelles, Marie-Josée Asselin, précise qu’avec cette nouvelle pratique, « les gaz à effet de serre de la Ville diminueront de 18 000 tonnes ».
À quand la collecte chez vous ?
La distribution du matériel offert gratuitement par la Ville à tous les citoyens se déroulera progressivement dans tous les arrondissements.
« Avec le début de la collecte des résidus alimentaires, on invite les citoyens, selon la séquence de lancement, à développer cette nouvelle habitude simple et écologique », déclare Marie-Josée Asselin.
Voici le calendrier du déploiement de la collecte à travers la ville :
- Décembre : Charlesbourg ;
- Janvier : Sainte-Foy-Sillery-Cap-Rouge ;
- Février : Les Rivières et L’Ancienne-Lorette ;
- Mars : Beauport et Saint-Augustin-de-Demaures et
- Avril : La Cité-Limoilou.
Un procédé « plus simple »
Les citoyens recevront un contenant de cuisine dans lequel ils trouveront leur première provision de sacs mauves pour environ six mois et un guide pratique. Les sacs mauves sont destinés à recevoir des restes de repas, de pelures et autres résidus alimentaires. De nouveaux sacs seront envoyés à chaque six mois.
La Ville assure que « la collecte est facile ». Pour savoir quoi mettre dans le sac mauve, il s’agit simplement de répondre « oui » à la question suivante : est-ce que ça se mange ou est-ce une partie de quelque chose qui se mange ?
Une fois plein, le sac mauve doit être placé dans le contenant habituel d’ordures pour qu’il puisse être ramassé. Il n’y a pas de bac supplémentaire à se procurer. Les citoyens des multilogements peuvent donc participer comme les résidents de maisons unifamiliales.
Les avantages selon la Ville d’opter pour cette méthode est qu’elle évite une troisième collecte. Cela préviendrait « l’augmentation du camionnage dans les quartiers (50 de plus par jour), le bruit, la poussière et surtout les émissions supplémentaires de 3 150 tonnes de gaz à effet de serre ».
C’est aussi une solution qu’elle estime comme étant « plus facile, plus hygiénique » que le sac brun tel que fournit dans les autres municipalités.
« Un projet d’écoblanchiment coûteux » selon Jackie Smith
Le cheffe de Transition Québec et Conseillère de Limoilou Jackie Smith estime que la Ville « fait un pas de plus dans la mésaventure de la marchandisation des déchets ».
« Déjà, on a l’incinérateur qui crée une demande en déchets pour produire de l’énergie, affirme-t-elle. Maintenant, au lieu d’adopter la véritable solution qu’est le compostage et produire du compost, la Ville met en place un projet qui créer des sacs de plastique non-recyclables ainsi qu’un digestat dont personne ne veut. »
Ce projet coûtera selon Jackie Smith cher aux citoyens et surtout aux résidents de Limoilou. « La Ville n’a pas encore compris que notre quartier est un milieu de vie et non un dépotoir », lance-t-elle.
La biométhanisation : comment ça fonctionne ?
La biométhanisation est un procédé organique de décomposition. Placées dans un milieu fermé, sans oxygène, des bactéries transforment la matière organique « pour lui donner de la valeur » dans un temps relativement court de 12 jours.
Toutefois, au démarrage et dans des conditions idéales, les bactéries peuvent atteindre leur maturité et « travailler de concert pour donner les résultats attendus » entre trois à six mois.
Le procédé de biométhanisation se construira donc graduellement au fur et à mesure que la collecte fournira plus de matière.
De la maison à l’usine
Par ailleurs, la Ville explique comment les sacs mauves de résidus alimentaires collectés avec les ordures seront triés. Une fois arrivés au centre de récupération de la matière organique (CRMO), ils seront séparés des sacs d’ordures par tri optique qui reconnait les sacs mauves et poussés par jets d’air vers les équipements de traitement.
Une fois triés, les sacs seront ouverts et vidés de leur contenu. Les résidus alimentaires, broyés et chauffés, deviendront une pulpe liquide. Cette matière sera acheminée par conduite souterraine au centre de biométhanisation de la matière organique (CBMO).
La Ville explique qu’elle devra oeuvrer à différents tests et ajustements « pour s’assurer du bon fonctionnement de tous les équipements ».
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