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Saint-Roch : Pourquoi le portrait de l’itinérance a-t-il changé ?

La directrice générale de l'Engrenage, Marie-Noëlle Béland, la professeure de l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval, Annie Fontaine et le directeur général du Réseau Solidarité Itinérance du Québec, Boromir Vallée DoreLors de la rencontre du 5 décembre. La directrice générale de l'Engrenage, Marie-Noëlle Béland, la professeure de l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval, Annie Fontaine et le directeur général du Réseau Solidarité Itinérance du Québec, Boromir Vallée Dore. Crédit photo : l'Engrenage

L’Engrenage souhaite ouvrir le dialogue au sujet de l’itinérance entre les différents acteurs et citoyens du quartier pour faire évoluer la situation.

Par Estelle Lévêque

Engrenage est un organisme social de la basse-ville. Lundi dernier, il a organisé une rencontre citoyenne au sujet de l’itinérance et de la cohabitation. Celle-ci avait pour but d’offrir des clés de compréhension et un lieu d’expression pour chacun.

« On est convaincus qu’on est capables de prendre en compte les besoins des différentes personnes, que ce soit des résidents à une adresse fixe, des commerçants ou des personnes qui habitent dans la rue. On n’est pas obligés d’opposer leurs besoins. Mais pour ça, il faut être capable de se parler », débute Marie-Noëlle Béland, directrice générale de l’Engrenage.

Un échange s’est déroulé entre les citoyens et la professeure en travail social de l’Université Laval, spécialisée sur les questions de l’itinérance, Annie Fontaine. Également présent dans l’échange, le directeur général du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec, Boromir Vallée Dore.

Une problématique globale

Le premier point de la rencontre abordait le caractère global de la situation. Au delà du quartier Saint-Roch, elle concerne de nombreuses grandes villes du Québec, du Canada et du monde. « Il y a plus de personnes fragilisées, plus de personnes en situation d’itinérance, qui vivent une plus grande détresse », constate Mme Béland.

Quelles causes ont mené à l’amplification de cette situation ? Pour commencer, la directrice générale d’Engrenage souhaite mettre fin à la culpabilité portée sur l’organisme de Lauberivière et son déménagement. Elle mentionne une multitude de causes « qui créent un phénomène qui dépasse largement Saint-Roch ».

Parmi celles-ci, la difficulté d’accès, au Québec, à des soins de santé mentale. S’ajoutent à ce facteur la crise du logement, la hausse du coût de la vie, les impacts de la pandémie, la qualité de la drogue sur le marché et le type de drogue consommée.

Dans un second temps, les citoyens ont questionné les intervenants sur les facteurs qui peuvent mener un individu à une situation d’itinérance. À titre de schéma récurrent, Marie-Noëlle Béland décrit un parcours de désaffiliation sociale entraînant une rupture des liens. « Souvent après un séjour en psychiatrie, en centre jeunesse, en désintoxication. Il s’agit de moments où la vie est plus instable et bascule. »

Qui fait quoi ?

Lors de la prochaine rencontre, l’organisme abordera les responsabilités de chacun des acteurs concernés par les questions d’itinérance. Ils souhaitent clarifier, auprès des citoyens, qui de la Ville, des CIUSSS, des organismes, détient quel rôle et peut agir de quelle manière.

« Il faut aussi savoir que tout ne relève pas des acteurs locaux. Il y a des causes profondes qui créent et nourrissent l’itinérance. Par exemple, on sait que l’aide sociale est réduite pendant une période de désintoxication. Ça peut créer de l’itinérance, des enjeux à la sortie », soutient Mme Béland.

Sur des questions d’accès à la santé ou aux revenus, elle mentionne le rôle du gouvernement du Québec. Concernant l’accès au logement, des actions pourraient se faire à la fois au niveau municipal, qu’au niveau provincial ou fédéral.

Au cours de la troisième rencontre, Engrenage apportera des conseils et outils concrets pour agir en tant qu’individu, en parallèle des actions portées par la communauté et les organismes.

Sur une note d’espoir, Mme Béland conclut. « Saint-Roch est un territoire avec des populations aux réalités et intérêts différents. Ça crée des enjeux de cohabitation. Mais on peut avancer de façon significative si on est conscient que la réalité des autres est différente de la sienne. »

Pour en savoir plus, consulter le Deuxième portrait de l’itinérance réalisé en septembre 2022 par le Ministère de la santé et des services sociaux. Également, consulter l’émission CKIA avec Marie-Noëlle Béland et suivre la page Facebook d’Engrenage.

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